NYMPHA
(Nympha)
Réalisateur : Ivan Zuccon
Année : 2007
Scénario : Ivo Gazzarrini, Ivan Zuccon
Pays : Italie
Genre : Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Tiffany Shepis, Allan McKenna, Caroline De Cristofaro, Alessandra Guerzoni, Michael Segal...
L'HISTOIRE : Sarah, une jeune américaine, arrive en Italie pour rejoindre un couvent et devenir nonne. Dès son arrivée, Sarah comprend que les règles sont très strictes. La Mère supérieure va faire subir à Sarah toutes sortes de tortures physiques afin qu'elle se rapproche de Dieu. Au fur et à mesure du temps qui passe et des sévices qu'elle subit, Sarah va avoir de multiples visions du passé, visions concernant un vieux monsieur fanatique et une petite fille prénommée Ninfa...
MON AVIS : Après des débuts derrière la caméra consacré à l'univers de H.P. Lovecraft (The Darkness Beyond en 2000, Unknown Beyond en 2001 et The Shunned House en 2003), Ivan Zuccon commence à explorer d'autres univers dès 2006 avec Bad Brains et ses deux tueurs en série bien dérangés du ciboulot. Comme je l'ai dis dans la chronique de ce dernier, la progression du réalisateur italien à chaque nouveau film se voit, se ressent. Et se confirme avec son film suivant, Nympha, réalisé en 2007, et qui est, en ce qui me concerne, son meilleur avec Colour from the Dark (2008). Que ce soit en terme de mise en scène, de trouvailles visuelles, de direction d'acteurs ou d'ambiance, Nympha se montre clairement au dessus des autres films d'Ivan Zuccon et ce, même si le film est à nouveau tourné au format vidéo. Et surtout, Nympha développe une histoire très bien conçue, qui nous emmène aux confins du fanatisme religieux et nous réserve plusieurs surprises, plusieurs révélations inattendues qui participent pleinement à la réussite du film. On le sait, la dévotion extrême à un quelconque Dieu entraîne souvent l'être humain aux pires exactions, on se rappelle la terrible période de l'Inquisition ou plus récemment les crimes commis au nom de l'Islam par des fanatiques qui bafouent la religion elle-même. Dans Nympha, cet extrémisme religieux est représenté par deux entités bien distinctes, puisque n'intervenant pas à la même époque. Pour le présent, nous avons la Mère supérieure d'un curieux couvent qui va faire vivre à Sarah, une nouvelle nonne bien décidée à vivre dans la sagesse divine, une série de sévices et de tortures afin de la rapprocher de Dieu. Le but étant de débarrasser Sarah de ses sens (l’ouïe, la vue, le toucher...) afin que sa communion avec Dieu ne se fasse que par l'âme. La souffrance extrême pour arriver à la béatitude, voici qui nous rappelle bien sûr le fabuleux Martyrs de Pascal Laugier, pourtant réalisé l'année suivante ! La pauvre Sarah va donc se voir infliger divers sévices sans qu'elle comprenne pourquoi on la traite ainsi, voyant ses tympans crevés, ses yeux brûlés à l'acide, sa langue coupée ou ses mains plongées dans de l'eau bouillante. On a connu plus sympa comme moyen de parler à Dieu ! La scène de l'acide dans l’œil m'a fait grincer des dents, l'effet étant tout simple mais terriblement efficace. Si on ressent autant d'empathie pour Sarah, c'est qu'elle est interprétée par la sublime Tiffany Shepis, scream queen renommée du cinéma Bis et Z, et qui s'avère très bonne actrice ici. Elle se donne à 100% et offre une réelle substance à son personnage de supplicié qui va se mettre à avoir des visions du passé suite aux tortures qu'elle subit. Ces visions, ces flashback du passé d'une autre femme, nous présente donc l'autre élément incarnant l'extrémisme religieux, à savoir Geremia, un vieillard encore bien portant, totalement sous l'emprise de Dieu, passant ses longues journées à prier et à offrir à manger à quelque chose qu'il garde enfermé dans le grenier de sa modeste maison. Ce quelque chose ne sera révélé qu'à la fin du film et cela donne un vrai intérêt à l'histoire ! Serait-ce une puissance maléfique intangible ou un démon retenu prisonnier ? Le mystère demeure entier jusqu'à la révélation, qui sera plus malsaine que ce qu'on s'était imaginé. On pense parfois au premier Hellraiser lors des séquences avec Geremia, puisque ce dernier offre des victimes de passage (un voisin, le médecin du village) en pâture à ce qui se trouve derrière la porte, victimes qui finissent dans un sale état si vous voyez ce que je veux dire. Notre grand-père dévot va devoir élever seul sa petite fille, baptisé Ninfa, après que la mère soit morte en couches et c'est donc les visions de Ninfa que ressent Sarah dans son couvent. Une éducation ultra religieuse bien entendue, Geremia ayant des desseins précis concernant Ninfa, qui, tout en grandissant, verra sa vie entièrement soumise à la puissance divine. Les souvenirs du passé vont donc interagir avec le présent à travers Sarah pour finir par s'interpénétrer totalement lors d'une scène érotique, onirique et métaphorique plutôt bien vue si on a tout suivi. L'acteur interprétant Geremia est excellent, il s'agit de Allan McKenna et il livre une solide composition qui rehausse encore la qualité du film. Ninfa enfant est jouée quant à elle par Miriam Zuccon et Ninfa adulte par Caroline De Cristofaro. Toutes deux se montrent également très à l'aise dans ce rôle ambigu et intrigant, dont la vie nous est dévoilée par flashback successifs. La fin apportera les réponses aux nombreuses questions posées par le récit et peut également se voir comme une version antérieur de ce que proposera Ari Aster avec le final de Midsommar ou plus encore d'Hérédité. Si Nympha nous propose de nombreuses scènes de violence graphique, c'est avant tout un film d'ambiance au rythme lent qui nous prend par la main pour nous entraîner à sa suite, tentant de nous perdre pour mieux nous rapprocher de la vérité. Avec de très beaux plans, des effets de lumière travaillés, une imagination visuelle efficiente, des twists ingénieux et un casting servant vraiment l'histoire, Nympha et Tiffany Shepis m'ont plus que surpris et j'ai vraiment pris un vrai plaisir à visionner ce film. Bravo à Ivan Zuccon pour ça !
* Disponible en DVD chez ->DIGIT MOVIES <- (vendu en France via Uncut Movies, avec sous-titres français)
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