GUERRIÈRE
(Kriegerin)
Réalisateur : David Wnendt
Année : 2011
Scénariste : David Wnendt
Pays : Allemagne
Genre : Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Alina Levshin, Jella Haase, Sayed Ahmad, Gerdy Zint, Lukas Steltner...
L'HISTOIRE : Marisa, 20 ans, fait partie d’un gang de néo-nazis au nord de l’Allemagne. Tatouée de swastikas, le crâne rasé, elle déteste les étrangers, les juifs, les noirs et les flics, à ses yeux tous coupables du déclin de son pays et de la médiocrité de son existence. Manifestations de haine, violence et beuveries rythment son quotidien, jusqu’à l’arrivée en ville d’un réfugié afghan et l’irruption dans son gang d’une adolescente de 14 ans. Ces nouveaux venus mettent à mal le fanatisme de Marisa…
MON AVIS : Les dérives de la jeunesse démunie vers les mouvements néo-nazis ne cessent d'augmenter à travers le monde, et notamment en Allemagne, certainement l'endroit où les déambulations et actes de violence des adeptes de la croix gammée provoquent le plus grand malaise au vu du passé historique de cette nation. Le réalisateur allemand David Wnendt s'interroge sur ces mouvements haineux et plus particulièrement sur la place des femmes dans ces mouvements, à travers le destin de deux d'entre-elles. Marisa tout d'abord : croix gammée tatouée sur la poitrine qu'elle recouvre d'un sparadrap pour effectuer son travail de caissière dans la supérette de sa mère, la jeune fille voue un culte à son grand-père mourant, dont on apprendra au final qu'il est un nostalgique du troisième Reich et qu'il est responsable, par certains discours, de la façon de voir le monde de sa petite-fille. Ultra-violente et déterminée, la haine de Marisa envers les étrangers va se trouver ébranlée par sa rencontre avec un jeune afghan dont elle a volontairement renversé le frère avec sa voiture. On pourra trouver ce rapprochement amical un peu facile mais il fonctionne assez bien dans l'ensemble car le réalisateur n'a pas transformé sa "bonehead girl" en princesse d'un coup de baguette magique. Le cheminement vers la tolérance est un long parcours qui ne s'acquière pas en un claquement de doigt. L'actrice Alina Levshin se donne à fond et sa prestation mérite d'être saluée. L'autre personnage principal est Svenja, adolescente de 15 ans mal dans sa peau, vivant sous le joug autoritaire de son beau-père. Elle va suivre le chemin inverse de Marisa. Totalement vierge de toute prise de conscience politique au départ, elle va au contact de mauvaises fréquentations se retrouver endoctrinée lors de soirées festives, dans lesquelles des "vieux de la vieille" passent des vidéos de propagande, et trouver dans cette vie de violence et de xénophobie un intérêt malsain, qui ne cache en fait qu'un profond malaise intérieur. Svenja devient néo-nazie comme elle aurait pu devenir hippie si elle avait rencontré des hippies. Elle se fait tatouer un "88" sur le ventre pour faire comme les autres, pour assouvir sa crise d'adolescente rebelle. Le destin croisé de ces deux âmes perdues est donc assez intéressant car il propose un angle de vue féminin dans un monde essentiellement basé sur le machisme. Un sujet risqué qui ne trouve pas toujours un écrin à sa juste valeur dans la mise en scène, qui fait très téléfilm, et dans l'accumulation de scènes encore une fois très clichées, le réalisateur n'évitant pas un certain manichéisme primaire. Certes, le rendu de Guerrière est assez brut. Pas de photographie soignée, pas d'images léchées. La caméra suit au plus près ses protagonistes et n'enjolive pas les situations : les ratonnades sont violentes, les coups font mal. Le film est à l'image de This is England par exemple, afin d'augmenter son efficacité et son réalisme. Guerrière est une chronique sociale méritante, un film coup de poing qu'il faut voir et faire voir pour mettre en garde la jeunesse désabusée et si facilement modelable que cette idéologie raciale ne peut conduire qu'à un final tragique. Ce qui sera le cas.
NOTE : 4/6
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