SUNDAY IN THE COUNTRY
(Sunday in the Country / Self-Defense / Vengeance is Mine)
Réalisateur : John Trent
Année : 1974
Scénariste : John Trent, Robert Maxwell,
Pays : Canada, Angleterre
Genre : Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Ernest Borgnine, Michael J. Pollard, Hollis McLaren, Louis Zorich, Cec Linder...
L'HISTOIRE : Dans la campagne de Locust Hill, le vieil Adam, aigri par la mort de sa fille, tente d’élever sa petite-fille Lucy selon ses principes de rédemption religieuse. Il se rend à l’office dominical quand il apprend que trois voyous sont en fuite après un braquage dans la ville d’à côté. Selon la police, ils rôderaient dans les parages. Ce serait une aubaine pour Adam de retrouver les voyous avant la police et de leur donner la leçon qu’ils méritent. Çà tombe bien, les trois braqueurs débarquent dans sa ferme...
MON AVIS : Après le succès de Delivrance de John Boorman en 1972, le film de rednecks, ces ploucs vivant dans le fin fond du sud des Etats-Unis, a vu sa côté de popularité augmenter de façon considérable et les cul-terreux aux dents pourris ont envahi le paysage cinématographique dans divers genres, dont le cinéma d'horreur bien évidemment, la famille de Massacre à la Tronçonneuse en étant la plus belle illustration. Réalisé la même année que le chef-d'oeuvre de Tobe Hooper, 1974 donc, Sunday in the Country joue quant à lui dans le domaine du drame et du film d'auto-défense. C'est d'ailleurs pour ça que le film a été rebaptisé Self-Défense lors de son exploitation en VHS en France, dans une version expurgé d'au moins quinze bonnes minutes, mutilation qui n'existe plus grâce à Artus Films qui vient de l'éditer en combo DVD + BR et version intégrale. C'est à John Trent qu'on doit Sunday in the Country, ce dernier ayant eu l'excellente idée de confier le rôle principal à l'acteur Ernest Borgnine qui livre vraiment une prestation solide ici. Homme âgé ayant perdu sa fille pour d'obscures raisons (qui ne seront pas vraiment explicitées), il s'est réfugié dans la religion et tente d'éduquer Lucy, sa petite-fille, dans le respect et les traditions. Mais on va vite s'apercevoir que l'amour de Dieu n'en fait pas un Saint pour autant et que notre homme est aussi partisan du châtiment divin pour les hommes qui se sont écartés du droit chemin. Lucy est interprétée par la canadienne Hollis McLaren, et la jeune actrice se débrouille également très bien avec ce personnage tiraillé entre les préceptes religieux imposés par son grand-père et sa soif d'émancipation. On sent tout l'amour qu'elle porte à celui qui l'élève dans le jeu de l'actrice mais également sa désapprobation et son incompréhension vis à vis de lui quand ce dernier va devenir un vigilante, voulant faire sa propre justice vis à vis des trois braqueurs de banque qui vont avoir le malheur de pénétrer dans sa ferme. Ou comment John Trent nous fait une version inversée de La Dernière Maison sur la Gauche de Wes Craven, film scandale sorti en 1972. Car dans Sunday in the Country, les voyous ne vont pas se retrouver chez les victimes mais bel et bien chez leur bourreau et c'est là toute l'originalité du film, de nous offrir un home invasion dans lequel le propriétaire n'est jamais une victime justement ! Franchement, c'est vraiment bien vu de la part du réalisateur car il m'a surpris dans le bon sens et je ne m'attendais pas du tout à ce traitement vis à vis de l'histoire ! Une fois les trois crapules en approche de la ferme d'Adam et Lucy, je m'attendais à ce que ces derniers, et notamment Leroy, chien-fou psychotique superbement interprété par Michael J. Pollard, en fasse voir de toutes les couleurs au grand-père et à sa petite-fille. Que nenni ! C'est qu'il les a vu venir le grand-père Borgnine et surtout qu'il a écouté les informations radiophoniques et qu'il sait à qui et à quoi s'attendre ! Comme le dit le slogan, mieux vaut prendre le taureau par les cornes et c'est donc à grand coup de fusil de chasse qu'il accueille le premier braqueur de banque qui ne s'attendait pas à se faire exploser la paillasse d'entrée de jeu. La suite du film va prendre une tournure plus dramatique et mettre à mal la relation Adam / Lucy. Car Adam ne va pas s'arrêter en si bon chemin et s'en va séquestrer les deux voyous restants pour bien leur faire comprendre que leur comportement et leurs actes ne sont pas sans conséquence et qu'ils vont passer un mauvais quart-d'heure avant qu'il ne mette la police au courant, tant est qu'il décide de la prévenir. Cette prise de position radicale, cette justice sans sommation, Lucy a beaucoup de mal à l'accepter et ne comprend pas pourquoi son grand-père se met d'un coup à braver la loi, lui qui est d'habitude si prompt à la faire respecter et à l'enseigner. Cette dualité du personnage joué par Ernest Borgnine est vraiment très intéressante car sous couvert de donner une bonne leçon aux voyous tout en tentant de faire comprendre ce cheminement et ses décisions à sa petite-fille, le spectateur en vient à se demander s'il n'agit pas par pur sadisme ou par pur plaisir de mettre au placard deux ordures responsables de nombreux meurtres, qui, comme il le dira, ne vont sûrement pas avoir une grosse peine de prison s'ils sont jugés, la police n'étant pas assez efficace pour régler les problèmes de violence urbaine ou rurale. Adam (prénom biblique qui n'a pas été choisi inconsciemment bien sûr) s'apparente donc à une version redneck de Charles Bronson ou de l'inspecteur Harry et malgré sa réelle dévotion, il n'arrive pas à réguler ses pulsions sauvages, qu'il laissera s'exprimer à de nombreuses reprises dans le film. Avec sa musique country, son personnage a salopette sachant manier les armes à feu, son décor champêtre, sa thématique religieuse, son atmosphère étouffante, sa violence assez soft mais malaisante, sa relation grand-père / petite-fille qui peut mettre mal à l'aise car parfois ambiguë, son jeu de miroir entre Adam et Leroy, sa scène finale, Sunday in the Country s'avère un hicksploitation de grande qualité, au traitement plus sérieux et dramatique que des œuvres comme Les Marais de la Haine et sa suite par exemple (qui sont bien plus Bis que le film de John Trent). On remerciera l'éditeur de l'avoir exhumé de l'oubli et de permettre au plus grand nombre de le découvrir à travers une édition elle aussi de qualité !
* Disponible en Mediabook DVD + BR + Livret chez ARTUS FILMS
Pour ce troisième titre à paraître dans la collection Rednecks, Artus Films a changé de packaging et propose donc un Mediabook contenant un excellent livret de 64 pages rédigé par le spécialiste du genre, Maxime Lachaud, très informatif évidemment. Le film offre une belle image et surtout une version intégrale, en VF et VOSTF.
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