HALLOWEEN 3 - LE SANG DU SORCIER
(Halloween 3 - Season of the Witch)
Réalisateur : Tommy Lee Wallace
Année : 1982
Scénariste : Tommy Lee Wallace, Nigel Kneale
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique, Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Tom Atkins, Stacey Nelkin, Dan O'Herlihy, Ralph Strait, Brad Schacter...
L'HISTOIRE : Il se passe des choses bien étranges à Santa Mira, petite ville d'apparence tranquille. Suite à l'assassinat de l'un de ses patients, le Dr Daniel Challis vient y enquêter, accompagné d'Ellie Grimbridge, la fille du défunt, déterminée à retrouver les coupables. La présence d'un masque de Halloween près de l'homme assassiné conduit le duo jusqu'à l'usine de jouets dirigée par l'inquiétant Conal Cochran...
MON AVIS : Suite au succès de Halloween 2 sorti en 1981, il était évident que les producteurs allaient vouloir mettre en chantier un troisième chapitre à la saga. Problème de taille, la fin du film de Rick Rosenthal ne laissait que peu d'espoir de retrouver Michael Myers à l'écran, ce dernier étant totalement brûlé suite à une violente explosion dans l'hôpital d'Haddonfield. John Carpenter et Debra Hill ont alors une idée, pas plus bête qu'une autre : produire un film d'horreur chaque année, qui sortirait à l'époque d'Halloween bien sûr et qui utiliserait la thématique de la fête des morts. Le scénariste Nigel Kneale, inventeur du personnage du professeur Quatermass, est contacté pour rédiger l'histoire. Son scénario est jugé bon par l'équipe mais il faut tout de même lui apporter des modifications, ce que n'admet pas Nigel Kneale, qui demandera à ce que son nom soit retiré du générique. D'après le réalisateur Tommy Lee Wallace, 50 à 60% de l'histoire conçue par Kneale se retrouve dans le film. C'est donc en 1982 que débarque dans les salles Halloween 3, qui a eu la malheureuse idée de mettre un "3" derrière le titre justement. Car les spectateurs, croyant voir une nouvelle aventure horrifique de Michael Myers, en seront pour leur frais et le bouche à oreille sera catastrophique, cataloguant le film dans les navets et lui attribuant une triste réputation, ce qui est, en réalité, tout à fait injustifiée. On le sait, les "fans", terme dérivé de "fanatique", ont souvent des œillères devant les yeux et il ne faut surtout pas se montrer original et aller à contre-courant de leurs attentes. Rian Johnson en sait quelque chose (private joke). Ou même Danny Steinmann, qui a eu le malheur de na pas mettre en scène le vrai Jason dans son pourtant très sympa Vendredi 13 chapitre 5, au bodycount très élevé. Vous imaginez donc bien ce qu'un Halloween sans Michael Myers a provoqué. Et provoque encore, en 2019 ! Pourtant, si on prend juste le film en tant que film indépendant de la saga justement, ce rejet (quasi) unanime n'a pas franchement lieu d'être. Car Halloween 3, sous-titré Le Sang du Sorcier en France quand le titre original préfère La Saison de la Sorcière, est un film fantastique de qualité et qui, c'est un comble, s'avère plus en adéquation avec le thème de la fête d'Halloween que les deux premiers films. Car le scénario nous met en présence d'un fabriquant de masques d'Halloween qui a une idée bien précise en tête pour fêter comme il se doit le Samhain : concevoir des masques dotés de puces électroniques qui vont s'activer lors de la diffusion d'un clip publicitaire vantant lesdits masques, ce qui provoquera la mort horrible de millions d'enfants ! Ou la technologie au service du Mal ! Le sous-titre français nous a donné une bonne information : le fabriquant est un sorcier se servant des enfants portant ses masques comme autant de proies sacrificielles. Sorcellerie et technologie moderne donc au programme, ce qui était assez rare dans le cinéma fantastique à l'époque, on citera tout de même le Messe Noire d'Eric Weston (1981). Sur ce postulat original, Tommy Lee Wallace, qui avait refusé de réaliser Halloween 2, va nous servir une mise en scène maîtrisée et carrée, et propulser ses deux personnages principaux, le dr Challis et Ellie, interprétés respectivement par le très bon Tom Atkins et la charmante Stacey Nelkin, dans une enquête qui va se montrer intrigante et assez stressante, la tension et l'ambiance étant renforcées par la solide partition électronique de Carpenter et Alan Howarth, qui préfigure pour ma part celle de Christine par certaines sonorités, et qui appuie bien là où il faut. Les éléments mis en place par l'histoire, comme ces hommes en noir qui avancent, imperturbables, comme des robots, et qui semblent posséder une force hors du commun (il en faut pour broyer les orbites oculaires ou carrément arracher une tête à mains nues !) ou cette puce électronique qui s'est décollé d'un masque et qui balance dans le visage d'une pauvre femme une sorte de rayon laser aux conséquences horribles, nous intriguent au plus haut point et on se demande bien ce que trafiquent les employés de cette curieuse usine de jouets, basée dans une petite ville qu'on croirait être dirigée par Big Brother lui-même, des caméras-espions étant disséminées partout, aucunes rues ou bâtiments n'étant pas sous surveillance vidéo ! Quelques effets gores viendront s'inviter au spectacle, dont une atroce mort d'enfant, ce dernier ayant eu le malheur de porter un masque de citrouille qui, sous l'effet du spot publicitaire, va fondre et laisser échapper vers, mouches et serpents du corps du pauvre petit garçon, sous les yeux effarés de ses parents ! La société de consommation, la technologie et la récupération à des fins commerciales de la fête d'Halloween sont donc prises pour cible dans ce scénario qui tente de sortir des sentiers battus et qui fonctionne vraiment bien. On pourra émettre un léger bémol lors de l'avant-dernière scène, qui verse un peu trop dans le délire avec ce robot qui n'arrête pas de se relever, tel un Terminator n'existant que dans deux ans. La séquence finale est quant à elle d'une réelle noirceur, le cri poussé par Tom Atkins résonnant dans notre esprit et nous faisant comprendre que malgré tous ses efforts pour stopper le plan machiavélique du sorcier moderne joué par Dan O'Herlihy, la propagation du Mal a tout de même eu lieu. Pure série B faisant honneur au genre de par son sérieux et ses bonnes intentions, Halloween 3 mérite vraiment d'être apprécié à sa juste valeur, loin du déversement de haine arbitraire de ses détracteurs fans du tueur au masque blanc.
* Disponible en combo DVD + BR chez LE CHAT QUI FUME
Comme d'habitude, remasterisation de l'image efficiente et présentation soignée dans un digipack trois volets. Comme pour l'édition d'Halloween 2, on retrouve ici Eric Peretti qui nous parle longuement de Nigel Kneale et du film. Le making of d'Halloween 3 est également présent, avec des interventions du réalisateurs, acteurs, directeur de la photographie ou compositeur...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire