SCARY STORIES
(Scary Stories to Tell in the Dark)
Réalisateur : André Øvredal
Année : 2019
Scénariste : Dan Hageman, Kevin Hageman
Pays : Etats-Unis, Canada
Genre : Fantastique
Interdiction : /
Avec : Zoe Margaret Colletti, Michael Garza, Gabriel Rush, Austin Zajur, Kathleen Pollard...
L'HISTOIRE : En 1968, le soir d'Halloween. Poursuivi par une bande de jeunes à qui ils ont fait une mauvaise blague, un groupe d'amis se réfugie dans un manoir abandonné réputé hanté, et trouve une pièce secrète ainsi qu'un livre qui raconte des histoires terrifiantes. L'ouvrage appartenait à Sarah Bellows, une jeune fille qui s'est pendu en 1898 après avoir été accusé de l'empoisonnement de plusieurs enfants de la ville. Mais cette trouvaille n’est pas sans conséquence : la lecture du livre permet à ses effroyables créatures de prendre vie. Stella, Auggie, Chuck et Ramon vont tenter de percer le mystère du livre avant que ce dernier n'en fasse des victimes...
MON AVIS : Parmi les nombreux livres d'épouvante destinés principalement aux adolescents, on cite souvent les fameux Chair de Poule écrits par R. L. Stine. Mais un autre auteur américain est également à mettre en avant, Alvin Schwartz, auteur des Scary Stories to Tell in the Dark, des histoires à faire peur prenant racine dans les légendes urbaines et qui ont connu un très grand succès, notamment grâce aux sublimes et terrifiants dessins en noir et blanc de Stephen Gammell illustrant les ouvrages. Des histoires tellement horrifiantes qu'elles ont été interdites dans les bibliothèques scolaires anglaises depuis 1984. Passionné par ces histoires et les dessins des Scary Stories to Tell in the Dark, le prestigieux réalisateur Guillermo Del Toro rêve d'en faire une adaptation au cinéma. Un projet qui date de 2014, repris en main par Del Toro en 2016, qui a décidé tout compte fait de ne pas le réaliser lui-même mais d'en confier la tâche à André Øvredal, à qui l'on doit le sympa Troll Hunter (2010) et l'excellent The Jane Doe Identity en 2016, tout en assurant la production, en supervisant de très près l'avancée du projet et le design des différentes créatures du film. Un gage de qualité donc que de voir ces deux personnes rattachés à Scary Stories, ce que viendra confirmer la vision du film. Principale surprise en ce qui me concerne : je m'attendais à voir un film à sketch, pensant que les histoires lues à travers le livre trouvé dans le vieux manoir allaient prendre vie indépendamment du fil conducteur, comme c'est le cas dans ce type de films dont le plus fier représentant reste le Creepshow de George A. Romero. Raté ! L'originalité de Scary Stories tient dans le fait que les différentes histoires vont prendre vie dans l'intrigue principale et impacter les personnages principaux et ce, de manière très intelligente et maîtrisée. On n'a pas l'impression d'assister à un film décousu mais bel et bien à une histoire structurée dans laquelle vient s'intégrer les éléments issus des récits du livre. C'est franchement bien foutu et très efficace. Principalement destiné à un public adolescent de par sa source d'inspiration, Scary Stories met en avant un casting composé de jeunes acteurs et une ambiance qui n'est pas sans nous rappeler les productions Amblin des 80's ou plus récemment Ça chapitre 1 ou la série Stranger Things. Bien que se déroulant en 1968, les mésaventures que vont vivre Stella (Zoe Margaret Colletti), Ramon (Michael Garza), Auggie (Gabriel Rush) et Chuck (Austin Zajur) nous renvoient au Goonies et autres productions du même genre, version horrifique bien sûr. Le casting est impeccable, les acteurs ados remplissent parfaitement leur rôle, la jeune Zoe Margaret Colletti étant au-dessus du lot. Stella, son personnage, on aurait tous aimé l'avoir pour petite copine ! Une nana plutôt jolie qui a des affiches de vieux films d'épouvante dans sa chambre, lit des comics d'horreur et connaît par cœur les dialogues de La Nuit des Morts Vivants, le rêve ! Autre atout majeur de Scary Stories, outre sa mise en scène chiadée, millimétrée, ses superbes décors (l'intérieur décrépi du manoir entre autres) et son casting, ses monstres ! Avec Guillermo Del Toro à la production, on se doutait que les créatures du film bénéficieraient d'un traitement particulier, lui qui leur voue un culte si particulier. Rien à dire à ce sujet, elles sont juste superbes et, cerise sur le gâteau, réalisées en grande partie à l'ancienne, avec prothèses, latex et acteur crevant de chaud sous les costumes, bénéficiant de l'ajout d'images de synthèse uniquement quand il le faut. Épouvantail revanchard, zombie cherchant son orteil, Dame Pâle au sourire glaçant, araignées s'extirpant d'une pustule s'étant développée sur la joue d'une pauvre fille, spectre blafard ou monstre contorsionniste cauchemardesque (l'impressionnant Jangly Man, interprété par l'acteur noir Troy James à l'incroyable flexibilité corporelle), tous ont bénéficié d'un traitement aux petits oignons et chacun aura ses minutes de gloire, laissant un souvenir tangible dans l'esprit du spectateur. Alors oui, on pourra parfois faire la fine bouche en disant que la scène de l'épouvantail reste du déjà-vu, que la profusion de jump-scares parfois téléphonés est un peu envahissant et qu'il n'y a quasiment pas la moindre goutte de sang à l'horizon, à l'exception de l'encre servant à écrire les histoires. Des points légèrement négatifs qui ne feront pas oublier la beauté visuelle du film ni son efficacité à maintenir l'intérêt du public tout au long du déroulement de l'histoire. Largement au-dessus de la moyenne en terme de réalisation et de production-design, Scary Stories s'avère le film parfait à visionner entre ados pour fêter Halloween ! Aventure, rire et frisson s'entremêlent dans une bonne alchimie et le film contient un sous-texte historique plus intelligent qu'il n'y paraît, le choix de l'année 1968 n'étant pas un hasard (Nixon, le Vietnam...). C'est aussi une belle déclaration à l'écriture et aux pouvoirs des mots. Même si le public visé est clairement les adolescents, Scary Stories ravira tout autant les adultes car le film adopte un ton assez mature dans son ensemble. C'est un bon tour de train fantôme pour tout les publics en somme ! Et le film donne envie de découvrir les histoires d'Alvin Schwartz, dont un ouvrage de 352 pages est paru en France en 2019 chez Castelmore, avec les dessins de Stephen Gammell en prime !
* Disponible en DVD et BR chez METROPOLITAN VIDEO
Qualité de l'image superbe, VO et VF en DTS 5.1 et nombreux bonus au programme, nous faisant aller à la rencontre du réalisateur, de Del Toro, du casting et de l'équipe derrière la confection des créatures. Il y a même un bonus caché, comme à la grande époque !
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