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MAGIC

 

MAGIC
(Magic)

Réalisateur Richard Attenborough
Année : 1978
Scénariste : William Goldman 
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Anthony Hopkins, Ann-Margret, Burgess Meredith, Ed Lauter, E.J. André...


L'HISTOIRE : Corky Withers veut percer dans le monde de la magie mais sa timidité l'empêche d'accéder au succès, malgré les conseils de son mentor. Une fois ce dernier décédé, Corky doit trouver une solution pour vaincre sa timidité et parvenir à captiver le public avec son numéro de cartes. Après avoir travaillé dur, Corky se fait remarquer par un célèbre agent qui voit dans son nouveau numéro un extraordinaire potentiel. Il faut dire que Corky a trouvé l'idée parfaite qui fait de lui le nouveau chouchou du public : il est désormais accompagné de Fats, une marionnette lui ressemblant et qui n'a pas sa langue dans sa poche. En mélangeant tour de cartes et ventriloquie, Corky peut exprimer toutes ses pensées refoulées grâce à Fats. Mais le succès prévu par son agent, qui veut l'emmener se produire à New York, le rend encore nerveux et Corky préfère tout plaquer. Il se rend dans la petite ville où il a grandit, espérant retrouver calme et sérénité, et surtout revoir son amour de jeunesse à qui il n'a jamais avoué sa flamme : Peg. Mais l'intrusion d'une nouvelle personne dans leur duo ne va pas être du goût de Fats...

MON AVIS : Après avoir vu l'un des sketchs du film Au Coeur de la Nuit, réalisé en 1945 et mettant en vedette un ventriloque et son pantin, William Goldman décide d'écrire un roman utilisant ces deux éléments : Magic. Goldman deviendra un célèbre scénariste pour le cinéma, adaptant d'ailleurs certains de ses écrits lui-même, comme pour Marathon Man en 1976, Magic en 1978 ou Princess Bride en 1987 par exemple. Avec Magic, réalisé par Richard Attenborough, Goldman nous propose une excellente histoire qui a pour originalité de ne pas mettre en avant une marionnette possédée par quelques forces obscures comme c'est souvent le cas. Ici, le film se veut plus un drame réaliste teinté de quelques éléments horrifiques mais qui ne sont jamais du ressort du fantastique. Car le thème principal de Magic n'est autre que la schizophrénie de son personnage principal, interprété avec magnificence par un Anthony Hopkins transcendé et qui nous offre déjà la pleine mesure de son talent d'acteur. Le personnage de Corky est très intéressant et admirablement bien travaillé. La première scène du film, nous le montrant raconter à son mentor son audition dans un bar à spectacle, nous fait prendre conscience de sa timidité maladive. Alors qu'il raconte que tout s'est merveilleusement bien passé et que l'audition fût un succès, nous voyons les images de ce qu'il s'est réellement passé : la timidité, associé aux comportements du public, qui n'en a clairement pas grand chose à faire des artistes venant se présenter devant eux, fait que l'audition est un véritable fiasco, Corky perdant tous ses moyens et sombrant dans une crise de violence verbale à l'égard du public. Déjà à ce stade du film, on ressent une certaine fragilité mentale chez le personnage qui nous est malgré tout sympathique. La fracture de l'esprit de Corky va nous être ensuite dévoilée peu à peu, par petites touches insidieuses et très habiles, fracture liée à sa trouvaille pour accéder au succès et vaincre sa timidité : Fats ! Ce pantin, dont le visage évoque celui de Corky, actionné par de petites manettes disposées dans son dos, permettant à Corky de faire bouger la bouche, les yeux, les sourcils et autres parties du visage de son alter-ego inanimé, va être pour le spectateur du film l'élément intrigant de celui-ci, qui fait qu'on est happé par l'histoire et qu'on veut en savoir plus sur cette marionnette. Fats permet à Corky de totalement se lâcher, de ne plus refouler son véritable Moi. Fats est irrévérencieux, malpoli, porté sur le sexe et il n'hésite jamais à balancer des vannes ou des réflexions sur le physique des gens pour faire rire, ce que ne ferait jamais Corky en temps normal. Grâce à son travail de ventriloque, Corky peut s'effacer devant son public et mettre en avant Fats, qui attire les regards et toute l'attention. Ce qui semble être une admirable trouvaille pour tous ceux qui approchent Corky, comme l'agent Ben Greene (excellent Burgess Meredith) ou son amour de jeunesse Peg (Ann-Margret), va vite se révéler un sérieux handicap, voire même un véritable danger pour la santé mentale de Corky. Le spectateur a accès à des informations que n'ont pas les autres personnages du film, à savoir que Corky parle continuellement à sa marionnette, et que celle-ci lui répond, comme si on était en présence de deux personnes bien vivantes sous le même toit. L’habileté de la mise en scène, sa retenue également, les angles de caméra choisis également, font constamment planer un doute sur la véritable nature de Fats : la poupée est-elle vivante ? est une question qu'on se pose à longueur de route, qui travaille notre esprit inlassablement, et ce, grâce à certaines scènes qui alourdissent ce doute. Pourtant, on conçoit aisément que Corky est une personne instable mentalement et psychologiquement, ses sautes d'humeur ne faisant quant à eux guère de doutes sur la dualité qui surnage en lui. Le choix d'utiliser le pantin comme arme destinée à tuer un des personnages importants du film est très astucieuse car encore une fois, Corky peut se "cacher" derrière Fats, lui faire endosser cette responsabilité, ce geste dramatique. On ressent vraiment bien l'influence de Fats sur l'esprit de Corky, on comprend que la barrière entre la réalité et la fantasme d'une poupée vivante imaginé par Corky se fissure de plus en plus en fonction des événements vécus par ce dernier. Encore plus malin, le réalisateur fait l'excellent choix d'habiller de manière totalement identique Corky et son pantin lors du final du film, nous faisant comprendre par la même occasion qu'ils ne font plus qu'un, que la barrière s'est brisée et que Corky est devenu Fats et Fats est devenu Corky. Qui dirige qui ? Qui domine l'autre ? Qui pense pour l'autre ? Qui agit pour l'autre ? Autant de question pertinente que vous vous poserez assurément durant la vision de ce très bon film, qui bénéficie, je l'ai déjà dit, d'une prestation magistrale d'Anthony Hopkins, qui a travaillé la ventriloquie et la dextérité de ses mains pour accomplir lui-même les tours de cartes. Un petit bijou du cinéma de genre, comme les 70's en sont bardés !

* Disponible en combo DVD + BR chez RIMINI EDITIONS
Superbe édition collector de la part de Rimini Editions, qui propose le film dans une très belle copie et surtout avec de bons bonus d'époque, comme deux interviews d'Anthony Hopkins (télévisé et radiophonique), un interview du directeur de la photographie (2006), un essai du maquillage d'Ann-Margret (1978), le film annonce, des spots TV et radio, ainsi qu'un livret 24 pages écrits par Marc Toullec.



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