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Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




LES RITES SEXUELS DU DIABLE

 

LES RITES SEXUELS DU DIABLE
(Los Ritos Sexuales del Diablo)

Réalisateur José Ramón Larraz
Année : 1982
Scénariste José Ramón Larraz
Pays : Espagnol
Genre : Erotique, fantastique, folk horror
Interdiction : -16 ans
Avec : Helga Liné, Vanessa Hidalgo, Jeffrey healey, Alfred Lucchetti, Carmen Carrión...


L'HISTOIRE Après la mort brutale de son frère, Carol se rend en Angleterre avec son fiancé chez sa belle-sœur. Très vite, elle découvre que cette dernière s’adonne à des pratiques de messes noires, au sein d’une secte d’adorateurs du Diable. L’aversion de Carol devant ces orgies de sexe et de débauche vire au cauchemar lorsque son fiancé est entraîné dans le groupe et qu'elle comprend qu'elle est devenue la cible de la secte...

MON AVIS : Célèbre dessinateur de bandes-dessinées (la saga Paul Foran entre autres, parue dans Spirou puis éditée en album chez Dupuis par la suite), José Ramón Larraz est également scénariste et réalisateur, on lui doit une bonne vingtaine de films, principalement des films Bis. Son oeuvre la plus connue reste Vampyres, réalisée en 1974. C'est également lui qui a mis en scène Rest in Pièces, Edge of the Axe ou Deadly Manor à la fin des années 80. Des films à petit budget, plaisant sans être incontournables. C'est le cas avec Les Rites Sexuels du Diable, qu'il filme en 1982. Jouant dans la catégorie du folk horror, l'action prend place dans la campagne anglaise. Une jeune femme, Carol, interprétée par Vanessa Hidalgo, se rend chez sa belle-soeur Fiona (jouée par Helga Liné) accompagnée par son mari, suite au décès de son frère. Sur place, elle découvre des choses intrigantes, comme ces nombreux chandeliers et bougies noires éparpillés partout dans la maison ou ces reproductions picturales de dessins évoquant le satanisme. L'ambiance devient pesante, le comportement de son mari change, les villageois alentour lui paraissent suspects et inquiétants et elle se demande si elle n'est pas au sein d'une secte adoratrice de Satan. Ce qui, vous vous en doutez vu le titre du film, sera bel et bien le cas. La tagline présente sur l'affiche donne clairement une indication sur le spectacle qui va suivre : Sexe, dépravation et abberations. On ne pourra pas dire qu'on a été volé sur ces promesses ici ! Niveau sexe et dépravation, c'est bien simple : sur 1h24 de film, je pense qu'il y a 1h10 de scènes érotiques, d'accouplements entre tous les membres du casting ! Sérieusement. A tel point qu'on finit par se demander si le but inavoué de José Ramón Larraz n'était pas de faire un film érotique à la base, en y intégrant cette histoire de secte sataniste. Non, parce que, franchement, le côté fantastique ou horrifique, il passe quand même un peu à la trappe, tellement les ébats sexuels s'enchaînent quasi sans interruption. Le réalisateur espagnol a justifié cet état de fait ainsi : "personne ne savait jouer parmi les acteurs. Alors, on fait quoi ? Qu'est-ce qu'on fait d'eux ? Ben on le met dans un lit et on les fait s'échanger à tour de rôle..." OK. Ceci explique donc cela. Si vous êtes amateurs d'érotisme et que vous aimez voir des actrices se déshabiller pour un rien et s'envoyer en l'air avec tout ce qui est dans les parages, Les Rites Sexuels du Diable répondra assurément à vos attentes car ça n'arrête jamais et certaines séquences sont assez osées et torrides ! Bon, et niveau aberrations ? Là aussi, José Ramón Larraz n'y va pas par quatre chemins ! A cet érotisme poussé, il ajoute quelques séquences trash qui régaleront les amateurs de déviances et de cinéma Bis qui ne se refusent rien. On citera bien sûr la scène de fornication entre une séduisante jeune fille et... un bouc ! Une séquence zoophile donc, typiquement du registre du satanisme qui plus est, le but étant de récolter le sperme de l'animal, mélangé au sécrétions féminines, et ce, afin d'en faire un puissant poison. Et de un ! On a aussi une scène qui fera hurler les féministes de tout bord puisque le mari de Carol va prodiguer une sodomie sans consentement à cette dernière, qui refuse de s'adonner à cette pratique mais qui y sera contrainte par la force sous prétexte "qu'on n'a jamais essayé" dixit le mari, joué par Jeffrey Healey. Et de deux ! Dernière réjouissance, et pas des moindres, la secte va assassiner un traître (Alfred Lucchetti) en lui insérant dans l'anus une longue épée tranchante ! Shocking ! Une scène qui a choqué la censure britannique de l'époque. Quelques fulgurances visuelles donc, qui sortent du lot vis à vis des multiples scènes de baise entre acteurs et actrices. On a évidemment une séquence finale d'orgie sataniste, qui se terminera sur un petit twist archi classique et déjà-vu. Honnêtement, je m'attendais à plus de d'intrigue, à plus d'éléments relevant de l'horreur, à plus d'ambiance pesante, à plus d'atmosphère d'épouvante gothique en quelque sorte et a nettement moins d'érotisme. Après, c'est plutôt bien mis en scène, joliment filmé, la majorité des actrices font plastiquement le job, mais la part d'érotisme est tellement majoritaire que ça pourra dérouter le spectateur non averti ou s'attendant à du folk horror plus classique ou plus scénarisé. Un curieux objet au final que Les Rites Sexuels du Diable

* Disponible en combo DVD et BR chez ARTUS FILMS 
- Supplément : José Ramón Larraz, présenté par Sébastien Gayraud et Emmanuel Le Gagne. 



LES LINCEULS

 

LES LINCEULS
(The Shrouds)

Réalisateur : David Cronenberg
Année : 2024
Scénariste : David Cronenberg
Pays : Canada, France
Genre : Science-fiction, Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Vincent Cassel, Diane Kruger, Guy Pearce, Sandrine Holt...


L'HISTOIRE Karsh, 50 ans, est un homme d’affaires renommé. Inconsolable depuis le décès de son épouse, il invente un système révolutionnaire et controversé, GraveTech, qui permet aux vivants de se connecter à leurs chers disparus dans leurs linceuls. Une nuit, plusieurs tombes, dont celle de sa femme, sont vandalisées. Karsh se met en quête des coupables...

MON AVIS : Regarder un film de David Cronenberg, c'est être sûr d'assister à une oeuvre atypique, dans laquelle le corps sera mis à l'honneur la plupart du temps. Une thématique qui tient à coeur l'auteur canadien depuis Frissons en 1975 et qui n'aura eu de cesse de se renouveler, à travers des films tels Rage (1977), Scanners (1981), Videodrome (1983), La Mouche (1986), Faux Semblants (1988) ou bien encore Crash (1996) entre autres. Et puis, à partir de 2005, David Cronenberg s'est mis à délaisser les univers fantastiques pour bifurquer vers les thrillers sombre et brutaux ou des films plus abordables, à l'image de A History of Violence (2005), Les Promesses de l'Ombre (2007), A Dangerous Method (2011), Cosmopolis (2012) ou Maps of the Stars par exemple. Il faudra attendre 2022 et Les Crimes du Futur pour retrouver le Cronenberg des débuts. J'avoue que j'ai un peu délaissé ce réalisateur à partir des années 2000, quand il a mis de côté le fantastique et le body horror. Les avis sur Les Linceuls, son dernier film en date, qu'il réalise à l'âge de 81 ans en 2024, n'étaient pas très enthousiastes pour la plupart. Bien m'en a pris d'avoir tenté l'expérience car j'ai beaucoup apprécié cette proposition. Il faut savoir que ce film est important pour le réalisateur car il l'a écrit après le décès de sa femme Carolyn Cronenberg en 2017, une mort qui l'a bouleversé et dont il ne s'est jamais véritablement remis. Conçu au départ comme une oeuvre de science-fiction mettant en avant le rapport entre les morts et les vivants, Les Linceuls est devenu un travail sur le deuil et la mémoire, et par la-même un exutoire à la tristesse infinie de David Cronenberg. Dire que le réalisateur parle de lui dans ce film est un euphémisme. Il suffit de voir le look de Vincent Cassel, qui devient ici un sosie de Cronenberg ! La ressemblance est frappante et ne laisse guère indifférente. Qui plus est, le corps redevient une thématique majeure du film, et notamment à travers cette invention qui permet aux vivants de voir, à travers un écran placé sur les pierres tombales des défunts, ces derniers à travers un linceul bardé d'éléctroniques. Les familles peuvent à loisir observer le cadavre de leur défunt, et ce, a tous les stades de décompositions, et en haute définition ! Ce qui pourrait paraître abject et ecoeurant devient ici poétique, et la preuve d'un amour sincère pour les disparus, qu'on peut donc accompagner encore plus loin dans le processus mortuaire. Le personnage de Karsh voue un amour sans faille à sa défunte épouse, Becca, et il en reste inconsolable. D'où cette invention technologique, lui permettant de rester en contact avec elle. Mais lorsque plusieurs tombes de son cimetière high-tech sont profanés, et que son logiciel est hacké, Karsh se lance dans une course contre le temps pour comprendre et démêler les tenants et aboutissants qui ont conduit à ces actions. Le film devient alors un thriller science-fictionnel moderne, où le deuil tient une place prépondérante. Le rythme du film reste assez contemplatif, il y a beaucoup de dialogues entre les personnages mais personnellement, je n'ai jamais trouvé ça ennuyeux. J'ai été happé par ce récit somme toute complexe, aux ramifications diverses, porté par un très bon Vincent Cassel mais aussi une Diane Kruger qui joue un triple-rôles et se donne à 100% dans ses différents personnage, dont celui d'une IA ! Comme déjà dit, le récit est parfois compliqué à suivre, notamment avec des séquences de souvenirs qui, pour le coup, portent assurément la marque Cronenbergienne, les transformations du corps de Diane Kruger suite aux affres du cancer et des diverses opérations qu'il subit, mettant assez mal à l'aise le spectateur. On essaye, comme Cassel, de démêler les rouages ayant entraîné ce sabotage du cimetière et le piratage de la technologie GraveTech et de comprendre à qui pourrait profiter ces actions néfastes : Russes ? Chinois ? On nous parle de réseaux mondiaux qui seraient connectés via les tombes et les linceuls technologiques inventés par le héros, avec des disgressions complotistes intéressantes. Et ce beau-frère expert en informatique qui semble avoir un peu de rancoeur envers Karsh, a-t-il quelque chose à voir avec tout ça ? Ou bien la soeur de la défunte, qui est son portrait craché ? Ou bien encore cette entrepreneuse asiatique, dont le mari est en train de mourir et qui souhaite parrainé un nouveau cimetière high-tech ? Autant de possibilités qui tiennent en haleine et maintiennent, pour ma part en tout cas, un intérêt constant. Et si la solution tenait en une phrase, celle prononcée par Karsh lui-même et que je ne dévoilerai pas ici ? A vous de voir ! En tout cas, la scène finale nous convainc d'un fait. Quand l'amour est éternel, la personne qui reste ne cherche qu'une chose : retrouver l'être perdue chez les autres car personne ne pourra jamais la remplacer. Les Linceuls, un film loin d'être mineur dans la filmographie de David Cronenberg

* Disponible en DVD, BR et 4K chez PYRAMIDE VIDEO



LES MAUDITES

 

LES MAUDITES
(El Llanto)

Réalisateur Pedro Martín-Calero
Année : 2024
Scénariste : Isabel Peña, Pedro Martín-Calero
Pays : Espagne, Argentine, France
Genre : Fantastique, Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Ester Expósito, Mathilde Ollivier, Malena Villa, José Luis Ferrer, Àlex Monner...


L'HISTOIRE Quelque chose hante Andrea, mais personne, pas même elle, ne peut le voir à l’œil nu. Il y a vingt ans, à dix mille kilomètres de là, la même présence terrorisait Marie. Camila est la seule à pouvoir comprendre ce qui leur arrive, mais personne ne la croit. Face à cette menace oppressante, toutes trois entendent le même son écrasant : un cri...

MON AVIS : Premier film pour Pedro Martín-Calero et premier succès critique puisque le film a reçu le Prix de la critique au festival de Gerardmer 2025. Avec Les Maudites, le réalisateur joue avec les codes de la maison hantée mais il le fait de manière très contemporaine puisqu'ici, on parle d'un vieil appartement abandonné, situé dans une tour d'immeuble tout à fait banal et bien éloigné des figures gothiques ou plus anciennes traditionnellement mises en valeur dans ce type de film. Qui plus est, l'entité spectrale qui va terroriser les trois héroïnes du film et qui ne peut être vu qu'au travers d'un objectif (caméra de surveillance, téléphone, caméescope...) n'en est pas vraiment une car elle est en réalité le reflet métaphorique des violences faites aux femmes. Oui, Les Maudites dénonce les féminicides à travers le protrait de trois héroïnes et de deux temporalités : Madrid de nos jours et La Plata en 1998. Passée une introduction intrigante et percutante, on se retrouve donc à Madrid, où la jeune Andréa cherche des informations sur sa mère biologique, venant d'apprendre qu'elle avait été adoptée. Ses recherches l'amènent à découvrir le passé de Marie, sa mère, qui aurait assassiné une jeune fille prénommée Camila. Cette première partie fait appel à de nombreuses technologies modernes, comme Live Photos, Google Street View, WhatsApp et mêmes les AirPods, par lesquels Andréa entend des cris et des lamentations quand elle se rapproche de la tour d'immeuble précitée. Le stress monte progressivement chez la jeune fille et le spectateur par la même occasion quand on découvre avec l'héroïne la présence d'un vieil homme inquiétant, qu'on ne voit que sur des vidéos et qui semble la suivre. Qui est-il ? Que cherche-t-il ? Que représente-t-il ? Autant de questions qui vont nous amener à la partie située en 1998 et qui va nous mettre en présence de Marie et Camila. Et du vieil homme inquiétant également, ce qui nous amène à penser que les événements de 1998 se reproduisent peut-être envers Andréa, tels une malédiction qui sévirait de génération en génération, ce que laisse suggérer le titre même du film. Avec une réelle habileté, Pedro Martín-Calero joue avec le public et propose quelques images chocs destabilisantes, sans jamais avoir recours au démonstratif ou au Grand-Guignol. On est ici dans du fantastique feutrée, éthéré, typiquement dans l'essence même du cinéma fantastique espagnol récent. Le scénario et cette double-temporalité pourront perdre un peu le spectateur, tout comme le rythme, posé, qui prend son temps pour créer une atmosphère sourde et insidieuse. Le travail sonore est à mettre en avant car il a un rôle très important dans l'ambiance proposée. Les scènes se déroulant dans le fameux appartement sont efficaces, notamment celle vers la fin du film, assez tétanisante et qui nous permet de comprendre enfin l'aspect métaphorique que revêt la présence de ce vieil homme inquiétant. Le sujet principal du film est donc tristement d'actualité et c'est une approche intéressante qui nous est présentée pour aborder ce sujet grave. 

* Disponible en DVD chez BLAQ OUT


THE BASEMENT TAPES

THE BASEMENT TAPES
(The Basement Tapes)

Réalisateur Cristiano Stocchi, Maurizio Gambini,  Mario Alves Rebehy, Francesco Cortonesi
Année : 2004 - 2006
Scénariste  Francesco Cortonesi
Pays : Italie
Genre : Fantastique, Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Elisa Faggioni, Riccardo Reim, Simone Nepote Andre...


L'HISTOIRE : 4 courts-métrages italiens, invisibles depuis les années 2000, ont été regroupés sur cette anthologie horrifique...

MON AVIS : Dans les années 2000, le site italien Filmhorror.com a décidé de produire quatre courts-métrages, édités en DVD à faible tirage et qui ont, depuis, totalement disparus de la circulation. L'éditeur Tetro Video a donc eu l'idée de retrouver ces courts-métrages et de les réunir sous le titre de The Basement Tapes. Cette anthologie, créée par Cristiano Stocchi et écrite par Francesco Cortonesi, se compose donc de quatre segments, sans fil rouge conducteur ici, à la différence de la majorité des films à sketches. On suppose que le budget alloué n'était pas bien élevé mais souvent, le système D dans ce type de productions s'avère efficace. Est-ce le cas ici ? 
Le premier segment s'intitule Parasiti in bianco et a été mis en scène par Cristiano Stocchi et Maurizio Gambini. On y suit une femme, venue dans une clinique un brin lugubre, pour consulter un docteur. Elle croise un patient sur un brancard qui a le visage comme asséché, ce qui ne la laisse pas sur une bonne impression. La rencontre avec le médecin et l'infirmière se déroule correctement, du moins en apparence. Des événements troublants se produisent et l'héroïne va peu à peu découvrir ce qui se trame vraiment dans cette clinique, qui évoque toute à la fois l'univers de Silent Hill ou du film Traitement de Choc avec Alain Delon, avec une touche de fantastique à la fin. Un sketch bien réalisé, c'est le plus long des quatre courts-métrages, avec une bonne ambiance anxiogène, des maquillages réussis et un peu d'humour noir. Sympa comme tout.
Seconde histoire, Fama de Mario Alves Rebehy, qui signifie "Faim". Deux inspecteurs de police arrivent devant une maison dont on n'a plus de nouvelles des occupants depuis deux semaines. L'inspection de l'intérieur de la demeure fait découvrir aux enquêteurs des cadavres attablés autour d'un repas. Un bruit se fait entendre au grenier et les deux hommes découvrent une petite fille, seule, jouant avec des poupées et faisant comme si elle racontait une histoire à ces dernières, une histoire basée sur une famille forçant une filette à manger sa soupe. Un petit twist final vient apporter une jolie touche de poésie à ce segment, twist que je n'avais pas vu venir. 
Troisième sketch : Week-end  de Maurizio Gambini. Une histoire dont l'ambiance et le lieu de l'action, ainsi que les mouvements de caméra, font irrémédiablement penser au Evil Dead de Sam Raimi. Deux amis, partis chasser, tuent malencontreusement un enfant. Ils ramènent le corps ensanglanté dans une cabane qu'ils ont loué pour le week-end, où les attendent la femme d'un d'entre-eux. Ils réalisent que le corps assassiné n'est pas celui d'un enfant en réalité, sans parvenir à identifier clairement de quoi il s'agit. Des tensions liées au drame surgissent entre les trois personnages de l'histoire, qui comprennent qu'une menace est présente au dehors. La découverte d'une photo accrochée au mur ainsi que du journal du propriétaire vont les éclairer. Le journal évoque la possible présence dans les bois d'un Wendigo ! Franchement, j'ai beaucoup apprécié ce troisème segment, avec une créature au maquillage réussi et donc, à cette ambiance Evildeadienne qui fonctionne plutôt bien. Le final est, quant à lui, un gros clin d'oeil à celui de La Nuit des Morts Vivants de Romero
Dernier court-métrage : Vi amo, addio de Cristiano Stocchi et Francesco Cortonesi. Un homme d'apparence assez jeune, la trentaine, se présente à nous en déclarant qu'il est tepmps pour lui de mettre fin à ses jours car il ne peut plus vivre comme ça. Il se filme face caméra, comme pour livrer des aveux, faire une confession. On en vient à penser qu'il s'agit d'un tueur en série. Chose curieuse, chacune de ses interventions est précédée d'un flash d'appareil photo et l'homme a le visage de plus en plus marqué, comme si sa peau fondait ou brulait. La révélation finale nous fera comprendre pourquoi...
D'une duré de 70 minutes, The Basement Tapes est la preuve qu'avec peu de budget mais un amour réel pour le cinéma de genre, on peut pondre des courts-métrages de qualité et qui fonctionnent bien. Bravo à l'équipe de Filmhorror.com et à Tetro Video pour avoir exhumé ces raretés.

* Disponible en Blu-Ray sur le site de l'éditeur : TETRO VIDEO



  

THE GIRL IN THE POOL

 

THE GIRL IN THE POOL
(The Girl in the Pool)

Réalisateur Dakota Gorman
Année : 2024
Scénariste Jackson Reid Williams
Pays : USA
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec Freddie Prinze Jr., Kevin Pollak, Monica Potter, Brielle Barbusca, Gabrielle Haugh...


L'HISTOIRE : Tom a une liaison avec la jeune Hannah. Profitant de l'absence de sa femme, Tom reçoit sa maîtresse et passe du temps avec elle dans sa piscine. Il s'absente pour engueuler son jeune voisin qui utilise un drône pour le filmer. Quand il revient aux abords de la piscine, il découvre Hannah, la tête ensanglantée, morte. Il cache le corps dans un coffre de jardin juste à temps, sa femme étant de retour à la maison. Il n'est pas au bout de ses surprises quand il découvre que cette dernière lui a préparé une fête pour son anniversaire et que les invités sont dans le jardin...

MON AVIS : Après Natural Disaster en 2020, la réalisatrice Dakota Gorman fait son retour derrière la caméra en 2024 avec The Girl in the Pool, qui met en vedette Freddie Prinze Jr., le mari de Sarah Michelle Gellar dont la carrière était faite de haut et de bas. La lecture du scénario et la vision de la bande annonce m'ont fait croire que j'allais être en présence d'une comédie un peu trash et déjantéz, un peu à la Very Bad Things ou, plus made in France, à la Jo, avec des gags et du comique de situation ciblé sur le cadavre caché dans le coffre de jardin. Raté ! On a affaire à un banal thriller hautement soporifique, dont le seul intérêt est de savoir si la jeune Hannah (Gabrielle Haugh) a glissé et s'est cognée la tête ou si elle a été tuée. Tout le reste tourne autour des soucis familiaux du héros, de sa relation tendue avec sa femme à son manque de communication avec ses deux adolescents, ou de ses rapports conflictuaux avec son beau-père, invité à la fête. Bien sûr, on a une scène dans laquelle ses potes vont s'asseoir sur le coffre de jardin mais ça m'apporte pas grand chose en terme de suspense. Le doublage français est juste ignoble et participe à niveler encore plus le film vers le bas. Dire qu'on s'ennuie à suivre les rebondissements pas folichons proposés est un euphémisme. Le film traite de la liaison adultère et de l'apparente respectabilité des gens qu'on croient heureux mais qui cachent des secrets avec la grâce d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. En fait, tout tombe à l'eau, même le fait que le jeune voisin a peut-être filmé l'accident ou le meurtre d'Hannah avec son drône. Le montage du film alterne présent et flashbacks ce qui, au final, ne sert toujours... à rien. C'est triste à dire mais le seul point positif de ce film est de mater les courbes de Gabrielle Haugh en maillot de bain sexy. C'est quand même très léger sur 90 minutes ! La révélation concernant sa mort nous est tout de même présentée, c'est peut être la seule surprise du film. Même le final, qui semblait proposer enfin un peu d'irrévérence se fait saborder pour une ultime scène moralisatrice au possible et totalement dénuée d'intérêt, faisant sombrer définitivement The Girl in the Pool dans la catégorie fiasco ! A oublier séance tenante.

 

TRAP

 

TRAP
(Trap)

Réalisateur M. Night Shyamalan
Année : 2024
Scénariste M. Night Shyamalan
Pays : USA
Genre : Thriller, horreur
Interdiction : -12 ans
Avec Josh Hartnett, Ariel Donoghue, Saleka Shyamalan, Alison Pill, Hayley Mills...


L'HISTOIRE : 30 000 spectateurs. 300 policiers. Un tueur. Cooper, père de famille et tueur en série, se retrouve pris au piège par la police en plein cœur d’un concert dans lequel il accompagne sa fille. S’échappera-t-il ?

MON AVIS : Depuis The Visit en 2015, M. Night Shyamalan poursuit son bout de chemin avec des films plus petits en terme budgétaire que ses précédentes réalisations, à l'image de Old ou Knock at the Cabin entre autres. Des films dans lesquels on trouve toujours sa marque de fabrique, à savoir ce fameux twist que tous les spectateurs attendent. Avec Trap, budgété à 30 000 000$ tout de même, il évite le fantastique pour livrer un solide thriller - certes pas toujours très crédible, je le reconnais - mais qui a bien fonctionné sur moi. Ici, Josh Hartnett interprète Cooper, un gentil père de famille qui emmène sa fille voir un concert de sa star préférée, Lady Raven (jouée par Saleka Shyamalan, la propre fille du réalisateur). Rapidement, Cooper remarque une présence policière aux abords du stade particulièrement soutenue. Même chose à l'intérieur de l'enceinte : ça grouille de flics, comme si quelque chose se préparait ou que ces derniers avaient une information sur un éventuel drame à venir. Ne me rappelant plus de la tagline présente sur l'affiche du film, je pensais que Cooper et sa fille allaient se retrouver pris au piège dans l'enceinte du concert que des terroristes allaient venir perturber, d'où la présence massive de la police et même de l'armée. Ce fut donc une petite surprise en découvrant que le gentil Josh Hartnett était en fait la menace du film. Le papa-poule est un odieux tueur en série, responsable de meurtres sauvages. Petit à petit, on découvre que ce concert est l'occasion pour la police de l'appréhender, même s'il n'ont aucun indice sur son physique, sur à quoi il ressemble. Les enquêteurs savent juste que c'est un homme blanc et qu'il sera présent à ce concert. Avec ce simple postulat, Shyamalan tisse sa toile et place Hartnett en position assez tendue, car il comprend peu à peu que tout ce remue-ménage est pour lui. Il doit alors prendre tout un tas de décision pour esquiver les forces de l'ordre, qu'elles soient en chair et en os ou présentent via les caméras de surveillance par exemple. Bon, OK, c'est parfois (souvent ?) un peu trop surréaliste au niveau des combines qu'il trouve (subtilisation d'un pass pour accéder à diverses zones pourtant surveillées, manipulation de la star Lady Raven pour pouvoir monter à bord de sa voiture et rester ainsi inaperçu et j'en passe) mais bon, c'est du cinéma et si on accepte le concept, on va dire que ça passe. Une fois en compagnie de Lady Raven, le scénario devient plus tortueux car cette dernière a compris qui il était réellement. On appréciera l'utilisation des réseaux sociaux pour tenter de sauver une future victime en facheuse position (comme quoi, dans ce genre de situation, ça sert !) ainsi que le petit jeu du chat et de la souris qui s'installe entre Copper et Lady Raven. Josh Hartnett assure vraiment en tueur sadique, manipulateur et hautement intelligent et il porte le film sur ses épaules. La dernière demi-heure vire un peu dans le grand-guignol mais le suspene est bien présent dans l'heure et quart précédente et on en arrive même a espérer que le tueur ne se fasse pas prendre, pour voir comment il va gérer la situation. Pas mal du tout.


THE VISIT

 

THE VISIT
(The Visit)

Réalisateur M. Night Shyamalan
Année : 2015
Scénariste M. Night Shyamalan
Pays : USA
Genre : Thriller, horreur
Interdiction : -12 ans
Avec Olivia DeJonge, Ed Oxenbould, Deanna Dunagan, Celia Keenan-Bolger...


L'HISTOIRE Deux enfants sont envoyés passer une semaine en Pennsylvanie, dans la ferme de leurs grands-parents. Mais lorsque l'un d'eux découvre qu'ils sont impliqués dans quelque chose de profondément dérangeant, leurs chances de retour s'amenuisent de jour en jour...

MON AVIS : Grand spécialiste du film à twist depuis Sixième Sens, le réalisateur M. Night Shyamalan a rencontré James Blum, patron de Blumhouse Productions, qui lui a conseillé de faire un film plus minimaliste, et de s'impliquer financièrement sur un nouveau projet. Shyamalan a écouté, a sorti 5 millions de dollars de sa poche et a tourné The Visit, qui a rencontré un joli succès financier et l'a remis sur les rails, ses films précédents n'ayant pas rencontré le public comme il le souhaitait. Pour ce film, le réalisateur a misé sur la caméra subjective, façon found footage. L'héroïne, la jeune Becca (Olivia DeJonge), est passionnée par l'image et veut mettre en scène un documentaire sur ses grands-parents. Accompagnée par son petit frère Tyler (Ed Oxenbould), l'adolescente va profiter d'une semaine de vacances chez ces derniers pour réaliser son rêve et faire son fameux documentaire. Des grands-parents que la soeur et le frère n'ont jamais vu, suite à une brouille de leur mère avec ses parents. Ce qui explique l'intérêt des deux ados pour leur grand-mère et leur grand-père, dont ils ne savent rien au final, ou très peu. Le week-end cool va néanmoins prendre une tournure inattendue quand Becca et Tyler vont découvrir les affres de la vieillesse. Etant d'un âge avancé, certains troublent viennent affecter le comportement de Nana et Pop Pop : incontinence, crise de violence passagère, perte des repères, crise d'hystérie, sensation de perdre pied et j'en passe. Des troubles que les adolescents parviennent à comprendre, leur mère les rassurant au téléphone sur le fait d'être une personne âgée. Certaines visualisations à l'écran de ces troubles mettent mal à l'aise, comme lorsque Nana déambule nue et se met à crier et à griffer les murs, les portes lors d'une crise nocturne. De quoi choquer et terrifier deux ados bien éloignés des conditions de vie des personnes du troisième âge. La caméra en vue subjective pourra ne pas plaire à tout le monde, néanmoins, elle permet ici de faire naître une certaine tension, comme lors de la course-poursuite dans les sous-sols de la maison, une séquence assez angoissante. Les crises des grands-parents prennent de plus en plus d'intensité et ceux qui possèdent un four chez eux ne regarderont plus cet objet sans penser au film. Qui dit Shyamalan dit forcément twist et il y en a bien un ici, révélé à peu près au 3/4 du film. Mais pour une fois, je n'ai pas été vraiment surpris par celui-ci, ce n'est pas truc incroyable à la Sixième Sens ou Incassable, même s'il fonctionne parfaitement. En tout cas, avec The Visit, M. Night Shyamalan est parvenu à mettre en scène une petite production relativement efficace, pas exceptionnelle non plus, mais qui bénéficie du talent des deux jeunes acteurs débutants, et de quelques visions peu ragoutantes (la couche sur le visage, dégueulasse !!) qui font leur petit effet. Et sous couvert de faire un thriller horrifique, Shyamalan traite plutôt bien de la sénilité, un thème toujours complexe à aborder et qui montre le fossé entre la jeune et la troisième  génération. Moins grand spectacle, moins hollywoodien, plus intimiste, plus radical aussi, The Visit montre une autre facette de Shyamalan


SUPERMAN (2025)

 

SUPERMAN
(Superman)

Réalisateur : James Gunn
Année : 2025
Scénariste James Gunn, Jerry Siegel, Joe Shuster
Pays : USA, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande
Genre : Fantastique, action
Interdiction : /
Avec David Corenswet, Nicholas Hoult, Rachel Brosnahan, Edi Gathegi...


L'HISTOIRE Superman se retrouve impliqué dans des conflits aux quatre coins de la planète et ses interventions en faveur de l’humanité commencent à susciter le doute. Percevant sa vulnérabilité, Lex Luthor, milliardaire de la tech et manipulateur de génie, en profite pour tenter de se débarrasser définitivement de Superman. Lois Lane, l’intrépide journaliste du Daily Planet, pourra-t-elle, avec le soutien des autres méta-humains de Metropolis et le fidèle compagnon à quatre pattes de Superman, empêcher Luthor de mener à bien son redoutable plan ?

MON AVIS : Créé par Jerry Siegel et Joe Shuster, le personnage de Superman débarque le 18 avril 1938 dans les pages de Action Comics et deviendra le super-héros le plus populaire et connu au monde de l'univers DC. Ses aventures versent dans la bonne humeur, le super-héros bleu et rouge combattant des monstres et des supers-vilains de toutes sortes, faisant la joie des enfants et de leurs parents. Point de noirceur dans ici, tout respire l'optimisme. On est très loin des visions nettement plus sombres du personnage qui apparaîtront au fil des décennies ainsi que dans les films de Zack Snyder entre autres. Bien sûr, pour moi qui suis né en 1974, ma première rencontre avec Superman fut certainement ma vision du film de Richard Donner, avec Christopher Reeves. Difficile d'effacer la charisme du défunt acteur, même si les prestations de Brandon Routh ou Henry Cavill était également de grande qualité. Quand James Gunn a annoncé vouloir refaire un Superman, qui retrouverait l'âme du comics original, en zappant son envoi sur Terre, vu et revu dans les différents films et série-télévisées, je me suis dit que c'était une bonne nouvelle, le style Gunn étant très punk-rock dans l'esprit, il suffit de voir Les Gardiens de la Galaxie ou The Suicide Squad pour s'en convaincre. Il était clair que ce réalisateur atypique allait dynamiter les codes et proposer un spectacle de tous les instants, qui allierait action et humour dans une parfaire alchimie. C'est exactement ce qu'il a réussi à faire avec son Superman ! Vu en Imax 3D, c'est du divertissement haut de gamme, qui bénéficie d'effets visuels proprement époustouflants et d'un réalisme assez incroyable. Qui plus est, il y a une histoire derrière le déferlement d'effets spéciaux et des personnages bien développés, ce n'est pas qu'une enveloppe visuelle. Concernant les acteurs, David Corenswet, qui m'est totalement inconnu, assure vraiment dans le costume bleu et rouge, j'ai adoré sa prestation. Et la mise en avant du pouvoir des lunettes de Clark Kent vient enfin balayer l'éternel questionnement du public n'ayant jamais lu les comics consacré au personnage. Une bien bonne idée de James Gunn ! L'impitoyable Lex Luthor est lui aussi superbement campé par Nicholas Hoult, que j'ai découvert récemment dans le Juré N°2 de Clint Eastwood. C'est certainement le Lex Luthor le plus machiavélique et sans pitié de toute la saga. Quant à Loïs Lane, elle est jouée par la charmante Rachel Brosnahan qui lui offre un côté pétillant et dynamique. Le reste du casting est à la hauteur, aucune fausse note à ce niveau et, plus étonnant, celui qui remporte la palme est Krypto, un méta-chien facétieux dont Superman a la garde. Concernant les scènes d'action, rien à dire, elles sont bluffantes, chorégraphiées à la perfection, d'une belle lisibilité et on en prend plein les mirettes. Le combat contre un monstre gigantesque, rappelant le comics originel, est incroyable, voyant la participation de Green Lantern, Hawkgirl et Mister Terrific. On nage vraiment dans un univers coloré, ultra fun, qui donne la banane. Reste que notre Superman a toutefois des soucis malgré sa bonne humeur communicative : son intervention lors d'un conflit entre deux pays voit sa côté de popularité être remise en cause, Lex Luthor y voyant une opportunité pour défaire le super-héros dans le coeur du public et l'évincer définitivement. Prise de conscience, rejet de ses fans, souci de couple avec Loïs et cerise sur le gâteau, une révélation concernant ses parents et leur but lorsqu'ils l'ont envoyé sur Terre, vont venir le fragiliser émotionnellement, ce qui donne une véritable ampleur au personnage, qu'on prend immédiatement en empathie. Plus le film avance, plus il y a un petit aspect dramatique qui se développe au sein du personnage, associé à des situations tendues, notamment quand il est retenu prisonnier dans la prison de Luthor, séquence visuellement sublime qui nous permet de découvrir le méta-humain Metamorpho. Bien sûr, l'esprit d'équipe, la camaraderie, viendront remettre tout le monde dans le droit chemin afin de clôturer le film sur une note positive. Pari plus que réussi pour James Gunn pour ma part, qui s'est réapproprié ce super-héros emblématique avec un talent certain. Un vrai film comic-book, un vrai film de Superman ! 


SPEAK NO EVIL (2024)

 

SPEAK NO EVIL
(Speak no Evil)

Réalisateur : James Watkins
Année : 2024
Scénariste James Watkins, Christian Tafdrup, Mads Tafdrup
Pays : USA, Croatie, Canada
Genre : Thriller, Horreur, Drame
Interdiction : -12 ans
Avec  James McAvoy, Mackenzie Davis, Aisling Franciosi, Alix West Lefler...


L'HISTOIRE Une famille américaine passe le week-end dans la propriété de rêve d'une charmante famille britannique rencontrée en vacances. Mais ce séjour qui s’annonçait idyllique se transforme rapidement en atroce cauchemar...

MON AVIS : Bénéficiant d'une solide réputation lors de sa sortie en 2022, le film danois Speak no Evil de Christian Tafdrup est passé sous mes radars et je ne l'ai toujours pas vu. En 2024, James Watkins, réalisateur du choc Eden Lake et de La Dame en Noir décide d'en faire un remake. On pourra toujours se poser la question de l'utilité de remaker un film à peine deux ans après la sortie de l'original, quoiqu'il en soit, c'est donc la version 2024 de Speak no Evil que j'ai visionné, avec niveau casting James McAvoy dans le rôle de Paddy et Aisling Franciosi dans le rôle de Ciara. Un couple britannique tout ce qu'il y a de plus normal, qui fait la connaissance de la famille Dalton lors d'un séjour en vacances. L'entente étant cordiale et amicale, Paddy et Ciara propose aux Dalton de venir passer un week-end chez eux. Les Daltons sont enjoués à cette idée mais le séjour va dévoiler le véritable visage de Paddy et Ciara, qui élève leur fils muet Ant (Dan Hough). Par petite touche, la mise en scène nous fait rapidement comprendre que quelque chose ne va pas chez Paddy et Ciara et que le week-end ne va pas se passer comme prévu. Comportement inadéquat, petites réflexions ou sentances cinglantes, accès de colère chez Paddy envers son jeune fils font rapidement naître un climat anxiogène dont les Dalton ne savent plus quoi penser. James McAvoy assure bien dans ce rôle de psychopathe incontrôlable qui se délecte de la situation et prend un malin plaisir à malmener psychologiquement ses invités. Plus le temps passe, plus le malaise grandit et plus la situation semble incontrôlable pour les Dalton. Il faut dire que Ben Dalton n'est pas ce qu'on peut appeler un "mâle dominant" et qu'il préfère toujours tempérer les choses, de trouver des excuses au comportement de Paddy et de Ciria plutôt que de prendre les choses en main. Tout l'inverse de son épouse Louise Dalton (Mackenzie Davis), qui commence à voir rouge quand Ciria se permet des remontrances sur Agnès Dalton (Alix West Lefler). Louise prend les choses en main, tente de convaincre son mari qu'il leur faut quitter la maison de cet étrange couple avant que les choses ne s'enveniment trop. Le couple britannique semble vouloir tester les limites de leurs invités et à la place de ces derniers, difficile de savoir comment on réagirait. Plus le film avance, plus des détails nous sont présentés sur Paddy et Ciara, dévoilant quels sordides secrets se cachent dans leur maison. Il en va de même pour le jeune Ant, donc le secret n'en est pas un longtemps, le spectateur habitué au cinéma de genre ayant depuis longtemps compris quel est son véritable problème lié au mutisme. Le film s'enflamme dans sa dernière demi-heure, devenant réellement malaisante et faisant de James McAvoy un taré  en puissance. Sans être non plus le film du siècle, loin s'en faut, Speak no Evil 2024 se montre efficace dans son rapport à la lutte des classes, met ses personnages dans une situation somme toute assez réaliste vu l'état de notre monde actuel, la politesse et la bienséance s'amoindrissant de plus en plus dans les rapports humains. Il faudra que je découvre le film original qui est apparemment différent dans son final, moins "américanisé" semble-t-il...


JURE N°2

 

JURE N°2
(Juror #2)

Réalisateur : Clint Eastwood
Année : 2024
Scénariste Jonathan A. Abrams
Pays : USA
Genre : Thriller, film de procès
Interdiction : /
Avec Nicholas Hoult, Toni Collette, J.K. Simmons, Kiefer Sutherland...


L'HISTOIRE Justin Kemp, père de famille, est juré dans un procès pour meurtre très médiatisé. Il se trouve confronté à un grave dilemme moral - un dilemme qu'il pourrait utiliser pour faire basculer le verdict du jury...

L'AVIS : 41ème film de Clint Eastwood en tant que réalisateur, Juré N°2 joue dans la cour du film de procès, comme son titre l'indique. Eastwood, âgé de 93 ans lors du tournage, débute son film avec une scène idylique : Justin Kemp, joué par Nicholas Hoult, emmène sa femme Allison (Zoey Deutsch), cette dernière ayant les yeux bandés, dans une chambre, décorée pour accueillir un nouveau né. La surprise de la future maman est totale. Le spectateur, de son côté, sait très bien que ce tableau parfait de la famille américaine va se craqueler, dévoiler ses failles au cours du film. Et il ne faudra pas attendre très longtemps pour découvrir la couleuvre cachée. Justin reçoit une convocation pour être juré lors du procès de James Sythe (Gabriel Basso), accusé de féminicide sur sa petite amie. Les preuves semblent ne laisser aucun doute sur la culpabilité de Sythe. Un petit détail, inconnu des avocats et autres membres des jurés, est tout de même à prendre en compte : Justin était dans le bar où James et sa fiancée se sont disputés ce soir là. Et il a eu un accident, une pluie battante et une mauvaise visibilité l'ayant conduit à percuter un cerf. Seulement, en devenant juré dans cette affaire et en écoutant les faits, il comprend que ce n'était pas un cerf qu'il a embouti avec sa voiture. Juré N°2 prend alors des allures de thriller dans lequel culpabilité, remord et dilemne moral vont se télescoper dans l'esprit du héros, qui ne sait plus quoi faire. Se dénoncer maintenant, alors que sa femme est enceinte ? Ce serait bien sûr la meilleure chose à faire. Mais devenir père en cellule n'est pas très joyeux. Justin choisit alors de venir en aide à James Sythe en tentant de faire changer d'avis, de semer le doute dans l'esprit des autres jurés et de l'avocat de la victime. Une solution de secours pour Justin, qui permet à Eastwood de développer une atmosphère sourde et pernicieuse, puisqu'en mettant en avant les détails destinés à mettre en évidence que Sythe est innocent, Justin se met lui-même en danger. Ce qui est très intéressant dans Juré N°2, c'est que le personnage de Justin assiste en fait à son propre procès mais par personne interprosée. Et c'est assez passionnant pour le public de se mettre aussi à la place des jurés et de voir comment il est difficile de distinguer le vrai du faux, de se montrer totalement impartial. Et la mise en scène d'Eastwood est assurément brillante, intuitive, tout en se montrant assez classique dans son ensemble. Mais c'est un classiscisme qui fait mouche et qui se prête bien au film de procès. Pour son chant du cygne annoncé (mais qui n'est plus d'actualité puisque Clint a annoncé vouloir réaliser un nouveau et dernier film !), Eastwood tire sa révérence avec un film réussi et qui brasse des thématiques qui l'ont toujours inspiré. Chapeau monsieur la Légende ! 


PRESENCE

PRESENCE
(Presence)

Réalisateur : Steven Soderbergh
Année : 2024
Scénariste : David Koepp
Pays : USA
Genre : Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : Lucy Liu, Chris Sullivan, Callina Liang, Eddy Maday, West Mulholland...


L'HISTOIRE Une famille emménage dans une nouvelle maison, où une mystérieuse présence hante les lieux...

MON AVIS : Depuis le succès de Sexe, Mensonges et Vidéo en 1989, Steven Soderbergh n'a cessé d'étonner son public, à travers une mise en scène ciselée et parfois expérimentale, le réalisateur aimant innover et tenter de nouvelles approches. Celui qui nous a offert des films tels L'Anglais (1999), Erin Brockovich (2000), Traffic (2000), la saga Ocean's Eleven (2001 / 2004 / 2007), Contagion (2011) ou bien encore Paranoïa (2018) n'a jamais versé dans le cinéma de genre, si on excepte son film de science-fiction Solaris en 2002. Il vient d'y plonger avec Presence, authentique film de fantôme qui se montre très original dans sa mise en oeuvre. Ce projet est né de deux réflections de la part du réalisateur. Ayant acheté une nouvelle maison avec sa femme, il a appris qu'un crime s'était déroulé dans cette demeure et que sa femme de ménage pensait avoir vu une forme spectrale passée devant elle. Il s'est alors demandé s'il était possible qu'une présence habite sa maison ? Second élement, Soderbergh a toujours voulu faire un film en caméra subjective mais pour lui, c'était mission impossible du point de vu du ressenti du spectateur, qui attendrait forcément qu'il y ait un contre-champ à un moment donné. Il a enfin réussi à contourner ce dilemne avec Presence, puisque tout le film est en caméra subjective et que la caméra incarne... le fantôme ! Plus besoin de contre-champ puisqu'un fantôme est immatériel, invisible et que la caméra n'aurait donc rien à montrer si elle se mettait en contre-champ d'un acteur. Une astuce étonnement bien pensée, qui donne à Presence un cachet des plus singuliers et une approche totalement inédite dans le genre codifié du film de fantôme et de maison hantée. Encore plus intéressant dans cette mise en scène atypique, le fait que c'est donc le réalisateur lui-même qui devient le fantôme de son film, faisant évoluer sa caméra - et donc lui-même - à travers les pièces de la maison, tournant autour de son casting, s'en éloignant, s'en rapprochant, l'observant, l'écoutant, et ce, comme il l'entend, comme le ferait une présence fantomatique. Une présence qui va s'affirmer suite à l'emménagement d'une nouvelle famille, ce qui permettra à Soderbergh de traiterle thème du dysfonctionnement familial. La présence sera le simple témoin de la fracture qui règne au sein de cette famille. Un père, une mère, un garçon, une fille. Quatre personnes qui semblent étrangères l'une à l'autre. Le mari et la femme semblent ne plus être en adéquation, ce qui est souligné par leur placement dans le cadre, toujours éloignés ou à distance dans le décor. La mère préfère son fils, le père préfère sa fille, ce qui est un autre élement qui provoque un fossé entre les deux adultes. La fille a perdu deux de ses meilleures amies suite à une overdose apparemment et reste prostrée dans sa chambre, ne sachant pas comment reprendre sa vie en main. La venue de Ryan, meilleur camarade de son frère, pourrait améliorer les choses puisque le jeune homme semble craquer sur Chloé et réciproquement. Malheureusement, quelques indices disséminés deci, dela nous font vite comprendre qu'il n'en sera rien, le comportement de Ryan n'étant pas toujours très sain, ce que comprend également la présence, qui, avec ses faibles moyens, tentera d'avertir la jeune fille. Le fantastique est ici feutré, guère démonstratif. Il s'offre à nous par petites touches (le fantôme déplace des livres, fait tomber une étagère...) ce qui n'empêche pas la tension de monter peu à peu jusqu'au climax final. Pas de jumpscares ni d'effets choc dans Presence. Soderbergh se sert du fantastique pour destructurer le cocon familial, déjà bien fragilisé. Chaque tentative de recoller les morceaux, que se soit du fait du père ou de la mère, n'aboutit généralement à rien, si ce n'est d'amplifier encore le malaise et le mal-être des protagonistes. Les amateurs de film contemplatif, voire poétique, apprécieront cette proposition, ceux qui sont venus voir un film de fantôme qui fait peur passeront leur chemin, ce n'est pas du tout le but du réalisateur. Au-delà de l'aspect purement technique et ô combien réussi de la mise en scène, Presence questionne notre rapport à l'ésotérisme, à nos croyances. Le surnaturel est-il crédible, y croyez-vous ? Venant de la part d'un metteur en scène athée mais dont la mère est profondément religieuse, il est intéressant de se plonger dans le film pour se poser des questions sur le sujet. Quant à savoir qui est la présence dans le film, cela restera à l'interprétation de chacun, Soderbergh ne donnant aucune explication ou information sur ce sujet. Serait-ce l'âme de Nadia, la meilleure amie défunte de Chloé ? Mais dans ce cas, pourquoi serait-elle rattachée à cette maison en particulier ? Je rappelle que la présence se trouve dans la maison avant que la nouvelle famille n'y pénètre. Serait-ce une victime d'un terrible événement qui aurait eu lieu dans la maison auparavant ? Le père le rappelle à sa famille, la loueuse est dans l'obligation de leur dire se genre de choses et elle ne l'a pas fait, ce qui semble écarter cette option. Lors des dernières images, l'apparition qui a lieu dans le miroir nous laisse perplexe mais trouve peut-être écho dans ce qu'a énoncée la médium venue dans la maison pour aider la famille : parfois, les fantômes ne savent pas ce qu'ils font là, pourquoi ils sont ici et pour eux, le présent et le passé peuvent s'entremêler dans le même espace temps, comme dans une sorte d'espace multivers. Je vous laisse voir le film et penser à cette phrase, qui peut apporter une tentaive d'explication. Innovant, anti-académique, contemplatif, traitant aussi du deuil, uniquement composé de plans-séquences entrecoupés d'un carton noir (de durée inégale) et présenté en caméra subjective, Presence est une proposition parfois déconcertante mais toujours intrigante, qui chamboule les codes et tente une nouvelle approche sans vouloir copier ce qui a déjà été fait aupravant. En ça, le film mérite votre attention et il se rangera aisément à côté de A Ghost Story

* Disponible en DVD et BR chez BLAQ OUT