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AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




LES POSSÉDÉES DU DIABLE

LES POSSÉDÉES DU DIABLE
(Lorna the Exorcist)

Réalisateur : Jess Franco
Année : 1974
Scénario : Jess Franco, Robert de Nesle, Nicole Guettard
Pays : France
Genre : Fantastique, Erotique
Interdiction : -16 ans
Avec : Pamela Stanford, Guy Delorme, Lina Romay, Jacqueline Laurent...


L'HISTOIRE : De retour d’un voyage d’affaires afin de pouvoir fêter les dix-huit ans de sa fille Linda, Patrick Mariel reçoit un appel d’une certaine Lorna qui se montre extrêmement dure et sévère, l’obligeant à modifier ses projets ; il se rend avec sa femme et sa fille en Camargue et sans éveiller les soupçons de sa famille, il retrouve Lorna qui lui réclame sa fille. Refusant de céder à la pression, la vie de Patrick va sombrer dans le chaos, Lorna étant une puissante sorcière possédant des pouvoirs surnaturels lui permettant de dominer et de soumettre qui bon lui semble. Elle va d’abord s’en prendre à la femme de Patrick puis à Linda afin que soit respecté le pacte diabolique que Patrick a accepté il y a dix-huit ans…

MON AVIS : Le titre français Les possédées du Diable est bien plus approprié que le titre original de Lorna the Exorcist qui veut surfer évidemment sur le succès mondial de L’exorciste l’année précédente. Pourtant, point d’exorcisme dans le film et, comble d’incohérence, le personnage de Lorna représente la face du Mal, la sorcière possédant ses victimes et non un quelconque religieux venant combattre le démon. Par contre, des possédées, on en trouve plusieurs. L’amateur sera donc moins surpris et aura moins l’impression de s’être fait vendre un film d’exorcisme qui n’en est pas un avec le titre français. Ceci étant établi, passons au contenu. Comme a son habitude, Jess Franco nous gratifie de nombreuses séquences érotiques, et ce, dès l’introduction. Le casting féminin se voit continuellement dénudée, ce qui n’est pas pour nous déplaire vu qu’il s’agit de Lina Romay, Pamela Stanford et Jacqueline Laurent. Le réalisateur aime les femmes et les filme avec amour, peut-être trop même, car sa caméra s’attarde sur les corps nus de manière parfois trop insistante, contemplative, ralentissant le rythme et l’action du long métrage. En tout cas, on remarquera que Lina Romay a un rôle plus travaillé ici et qu’en plus des scènes érotiques dans lesquelles elle s’en sort très bien, elle « joue » un vrai personnage et se révèle même surprenante lors du final qui la voit être possédée à son tour. Son visage, sa bouche, ses yeux, ses cris, associés à la position de la caméra, lui donne un air véritablement angoissant, qui parvient à faire frissonner, sans aucun recours à des effets-spéciaux. Une possession à l’état brut, qui relève plus de la folie et qui nous fait penser aux images de certains pensionnaires des hôpitaux psychiatriques vues dans des documentaires. Troublant. Les possédées du diable baigne d’ailleurs dans un univers trouble, fantasmagorique, pas dénué d’intérêt. On a l’impression d’être dans un cauchemar éveillé qui puise son inspiration dans le mythe de Faust, avec cet homme qui fait un pacte avec une femme juste pour pouvoir la posséder sexuellement, sans prendre réellement conscience des enjeux que cela entraînera dans le futur. Jess Franco utilise tout ce qu’il a à disposition pour parvenir à créer cette ambiance particulière. Les décors, les façades d’immeubles, le casino, le maquillage de Lorna. En outre, il met en scène quelques images chocs, comme celles où Jacqueline Laurent, en proie au pouvoir de Lorna, croit voir des crabes se promener sur son corps : une séquence qui renvoie à nouveau à la notion de folie, le personnage n’ayant plus de lien avec la réalité. Autre scène qui reste en mémoire, celle où Lorna donne son sein au personnage joué par Lina Romay afin de lui transmettre son pouvoir et la déflore à l’aide d’un godemiché. Le passage de l’adolescence à l’âge adulte se fait grâce au diable pour la jeune fille qui ne sera plus jamais la même, ce que confirme la séquence finale. Bref, Jess Franco nous plonge dans un univers réaliste et psychédélique à la fois qui ne laissera personne indifférent.

LE BR DU CHAT QUI FUME :
J'ai toujours l'impression de me répéter quand je parle des éditions du Chat qui Fume mais que voulez-vous, il faut bien accepter cet état de fait : c'est encore un travail de grande qualité qui nous est proposé ici. La copie du film de Franco est certes imparfaite, avec quelques scories à l'image mais il s'agit tout de même de la plus belle copie du film à ce jour. Le travail de restauration a été minutieux et réalisé à partir de deux copies 35mm et le résultat enterre la version présente sur l'édition DVD de Mondo Macabro. Ajoutons à cela des bonus intéressants, avec une présentation du film par le spécialiste Alain Petit et une interview de Pamela Stanford et Jacqueline Laurent. Ce combo DVD / BR est donc l'achat obligatoire pour découvrir dans les meilleures conditions cet étrange objet qu'est Les Possédées du Diable.

* Disponible en BR chez LE CHAT QUI FUME






VENGEANCE A QUATRE MAINS

VENGEANCE A QUATRE MAINS
(Die Vierhändige)

Réalisateur : Oliver Kienle
Année : 2017
Scénariste : Oliver Kienle
Pays : Allemagne
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Frida-Lovisa Hamann, Friederike Becht, Christoph Letkowski, Agnieszka Guzikowska...


L'HISTOIRE : Alors qu'elles n'étaient que des enfants, Sophie et Jessica ont assisté au meurtre de leurs parents. Sophie a été moins marqué par ce drame car Jessica, sa grande sœur très protectrice, lui a caché les yeux et bouché les oreilles durant l'assassinat. Vingt ans plus tard, Sophie est devenue une pianiste virtuose mais elle vit toujours dans l'ombre de Jessica qui, elle, est devenue paranoïaque et croit toujours qu'un danger menace sa petite sœur. La tension entre les deux sœurs augmente quand Jessica apprend que les deux meurtriers viennent de purger leur peine de prison et vont être relâchés. Lors d'une dispute, Sophie et Jessica ont un violent accident de voiture et Jessica y perd la vie. Sophie tente de reprendre une existence normale, libérée du poids de la présence de sa sœur. Elle se lit d'amitié avec un infirmier et commence une relation avec lui. Mais petit à petit, Sophie ressent la présence de Jessica à ses côtés. Même morte, il semble bien que Jessica veuille toujours veiller sur Sophie...

MON AVIS : Après avoir eu pas mal de succès dans les divers festivals où il a été présenté (Beaune, les Arcs, Chicago, Munich...), voici que débarque en France le DVD de Vengeance à quatre mains, film allemand réalisé en 2017 par Oliver Kienle, qui signe également le scénario de ce thriller paranoïaque de bonne facture. C'est son second long métrage, le premier, Stronger than Blood datant de 2010. Avec une mise en scène efficace, classieuse et maîtrisée, Oliver Kienle nous plonge dans un drame familial qui va s'avérer bien tortueux, emmenant le spectateur et les personnages principaux au limite de la folie. En effet, après une séquence introductive nous expliquant le trauma des deux héroïnes, Sophie et sa sœur Jessica, l'histoire nous propulse vingt ans plus tard et nous constatons que si la blonde Sophie s'est plutôt bien remise du meurtre de ses parents, la brune Jessica vie toujours dans la tourmente et dans la peur. Devenue encore plus hyper protectrice envers Sophie, Jessica fait, sans le vouloir, vivre un enfer à cette dernière, étant constamment sous surveillance, même lors d'une audition de piano qui n'aura pas lieu à cause de la paranoïa qu'a développé Jessica. Si le décès de Jessica lors d'un accident de voiture aurait pu donner une bouffée d'oxygène à Sophie, ce ne sera malheureusement pas le cas, et c'est tant mieux pour le spectateur qui va alors se demander s'il est en présence du fantôme de Jessica prenant possession de l'esprit de sa sœur ou si Sophie, qui paraissait avoir les pieds sur terre, ne serait pas victime d'un dédoublement de personnalité. De manière très habile, le réalisateur nous interroge et nous manipule avec des séquences intrigantes qui peuvent aboutir à diverses interprétations. Lorsque Sophie agresse son nouveau petit ami, elle est comme possédée par Jessica. Elle dira d'ailleurs ressentir la présence de sa sœur. Plus inquiétant encore, les messages laissés sur le répondeur de Sophie et dont la voix est clairement celle de Jessica, lui expliquant qu'elle a retrouvé la trace des deux assassins de leurs parents. Plus l'intrigue avance, plus la santé mentale de Sophie est mise à rude épreuve, sa personnalité se confondant de plus en plus avec celle de sa défunte sœur, ce qui se traduit carrément à l'image par le passage d'une actrice à une autre pour jouer le personnage de Sophie. Frida-Lovisa Hamann, qui joue Sophie, et Friederike Becht, qui joue Jessica, sont franchement épatantes et portent le film sur leurs épaules. Elles donnent une vraie consistance à leur personnage respectif et parviennent vraiment à impliquer le spectateur dans cette histoire intense et psychologique. Consciente de ses pertes de repères et de sa descente dans la folie, Sophie ira jusqu'à s'attacher la nuit à son lit, de peur de commettre des exactions qu'elle n'arriverait pas à contrôler. Oliver Kienle traite son film de manière sérieuse et profondément déprimante. Il est rare de voir des rayons de soleil dans Vengeance à Quatre Mains au fur et à mesure de l'avancée des événements. La couleur dominante reste le gris, ce qui sied très bien à l'ambiance cafardeuse qui nous est présentée. Le film nous réserve un petit twist final que les spectateurs les plus attentifs aux détails disséminés par le réalisateur auront sûrement devinés. Toujours est-il que Vengeance à Quatre Mains, sans être profondément original, est un thriller schizophrénique attachant, bien interprété, bien réalisé et à l'esthétisme travaillé qui parle aussi de la difficulté de faire le deuil d'une personne aimée. A découvrir...

* Disponible en DVD chez ARP SELECTION


UN TUEUR SOUS INFLUENCE

UN TUEUR SOUS INFLUENCE
(Craze / Mystic Killer)

Réalisateur : Freddie Francis
Année : 1974
Scénariste : Herman Cohen, Aben Kandel
Pays : Angleterre
Genre : Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Jack Palance, Diana Dors, Julie Ege, Martin Potter, Edith Evans...


L'HISTOIRE : Neal Mottram est antiquaire. Son commerce ne marchant pas très bien, il se livre à des rituels de magie noire, vénérant une divinité africaine du nom de Chuku dont il possède une représentation en bois dans son sous-sol. Afin que celle-ci lui apporte protection et richesse, il décide de lui faire des offrandes bien particulières et se met à assassiner des gens en guise de sacrifices humains. Petit à petit, la santé mentale de Neal Mottram vacille et il s'enfonce de plus en plus dans la folie, persuadé d'être possédé par l'esprit de Chuku. La police, alertée par ces meurtres inquiétants, mène l'enquête...

 MON AVIS : Le réalisateur britannique Freddie Francis, qui fut un excellent chef opérateur et directeur de la photographie, est bien connu des fans de cinéma d'épouvante made in UK puisqu'il travailla pour la célèbre firme Hammer Films mais aussi pour les firmes concurrentes, à savoir la Amicus, la Tyburn ou la Tigon par exemple et ce, durant les décennies 60 et 70. S'il n'est pas l'égal d'un Terence Fisher, ses films sont tout de même appréciés des amateurs et parmi ses plus célèbres réalisations, on peut citer des titres emblématiques comme Paranoïaque, Meurtre par procuration, L'Empreinte de Frankenstein, Le Jardin des Tortures ou Dracula et les Femmes par exemple. Il est également célèbre pour ses sympathiques films à sketchs Histoires d'Outre-tombe et Le Train des épouvantes. Le Docteur et les Assassins, l'un de ses tout dernier film réalisé en 1985, a également connu un joli succès auprès du public. En 1974, on le retrouve derrière la caméra pour ce curieux film baptisé en France Un Tueur sous Influence. L'habitué des œuvres de Freddie Francis sera sûrement étonné à la vision du film car on ne retrouve guère la patte de son réalisateur : photographie terne et mise en scène assez quelconque donnent à Un Tueur sous Influence un aspect très téléfilm, manquant vraiment d'ampleur. Autre surprise, celle de trouver Jack Palance dans le rôle principal. Enfin, semi-surprise car l'acteur a eu son lot de méchants personnages à interpréter au cours de sa carrière. Ici, il joue le rôle d'un antiquaire totalement cinglé, qui voue un culte à une divinité africaine. Le film démarre d'ailleurs par une cérémonie cultiste, avec Palance habillé en maître de cérémonie et ses disciples à ses pieds. Il demandera à une femme dévêtue de danser devant l'idole de bois représentant la divinité Chuku puis de verser son sang en offrande. Une séquence introductive qui met le spectateur dans une bonne ambiance, la divinité en bois ayant un look assez inquiétant il faut bien le reconnaître. La suite sera de facture bien plus classique, tirant le film vers le genre du thriller, tout en flirtant avec le fantastique puisqu'on en arrive à se demander si le personnage joué par Jack Palance est simplement fou à lier ou s'il subit une sorte de possession de sa divinité Chuku, ce qui pourrait être le cas, notamment lors d'une séquence où le visage de l'idole en bois se superpose sur le visage de l'acteur. Sur un rythme peu entraînant, Palance va multiplier les meurtres, persuadé que ces sacrifices humains vont lui apporter gloire et richesse. Il se mettra en quête de victimes potentiels, traînant dans les bars à la recherche de jeunes femmes seules (l'une de ses premières victimes sera jouée par la mignonne Julie Ege, blondinette sexy vue dans le Creatures the World Forgot de Don Chaffey en 1971 ou dans Les Sept Vampires d'Or de Roy Ward Baker en 1974. La folie de l'antiquaire ne devant jamais connaître de répit, parlant de Chuku comme si elle existait réellement, il passera à la vitesse supérieure en allant carrément assassiner sa vieille tante pour s'accaparer son héritage ! Une séquence assez réussie, dans laquelle, portant un masque africain effrayant, il va provoquer une frayeur mortelle à la pauvre vieille dame, avant de lui planter un pieu dans la gorge ! Les amateurs apprécieront de voir Jack Palance cabotiner comme jamais, à grand renfort de sourire forcé ou de regard appuyé. Pas sûr qu'il sorte grandit d'une telle prestation mais ce jeu un peu théâtral donne un certain intérêt au film, qui aurait sûrement sombré dans un relatif oubli si l'acteur principal avait été un parfait inconnu. La scène finale, où il tourne sur lui-même, armé d'une hachette, tel Leatherface et sa tronçonneuse dans le final de Massacre à la Tronçonneuse, vaut son pesant de cacahuètes. Pour donner un peu de suspense au film, les scénaristes ont bien sûr fait intervenir la police et notre antiquaire psychopathe va devoir se montrer plus malin que les enquêteurs afin de ne pas se faire prendre la main dans le sac, de gros soupçons pesant sur sa personne. Toute la partie avec les inspecteurs ralentit encore le rythme du film, qui n'ennuie pas vraiment en fait et qui se laisse regarder tranquillement. Rien d'extraordinaire, c'est sûr mais comme souvent dans les productions anglaises de ce genre, on y trouve toujours un petit quelque chose qui fait qu'on prend un certain plaisir à les visionner. Même si le film n'est pas très violent, Il y a de petites effusions de sang de temps à autre, ce qui n'est pas pour me déplaire. Un Tueur sous Influence n'est donc pas un grand film de Freddie Francis mais ce mélange de thriller et de film de magie noire reste à découvrir pour les fans de Jack Palance avant tout mais aussi pour ceux qui aiment se détendre au gré d'une petite série B sans prétention autre que celle de divertir.

* Disponible en DVD en VOSTA chez NUCLEUS FILMS



LES MONSTRES DU KUNG FU

LES MONSTRES DU KUNG FU
(Tian can di que)

Réalisateur : Chi Lo
Année : 1979
Scénariste : Chi Lo
Pays : Hong Kong, Taïwan
Genre : Arts-Martiaux
Interdiction : /
Avec : Sung-Chuan Shen, Chao-Ming Kang, Chiu Ho, Chung-Kuei Chang...


L'HISTOIRE : Un maître tyrannique ampute des deux bras l'un de ses serviteurs et le chasse de sa demeure. Plus tard, un autre serviteur voit ses deux jambes brûlées à l'acide. Les deux hommes, invalides, vont se retrouver ensemble chez un autre maître du kung fu qui vit en ermite. Ce dernier va leur enseigner l'art du combat et leur apprendre à se servir de leur partie du corps encore intact. Devenus d'excellents combattants, les deux amis n'ont qu'une idée en tête : se venger de leur ancien maître et bourreau...

MON AVIS : Mon dieu, quel ovni cinématographique que ce Monstres du Kung Fu ! Imaginez l'univers du Freaks la Monstrueuse Parade de Tod Browning dans le monde du kung fu et vous aurez une idée assez juste de ce qui vous attend pendant la vision de ce film improbable de 1979. Interprété par deux personnes réellement handicapées, l'un n'ayant qu'un moignon de bras et l'autre ayant des jambes non développées, Les Monstres du Kung Fu se montre certes original au niveau de son casting, proposant une sorte de spectacle trash a base de coup de tatanes ou de poings, mais a tout de même du mal à convaincre totalement sur la durée. Si un certain malaise peut s'emparer du spectateur au début du film, se demandant si tout cela est bien correct ou ne relève pas du pur voyeurisme malsain, les aptitudes bien réelles des deux acteurs a tôt fait de nous convaincre et nous permettent d'apprécier le show proposé sans se poser trop de questions existentielles ou éthiques. Il faut en effet les voir se battre, faire tournoyer une lance (pour le manchot) ou se déplacer à la force des bras sur deux tiges de bambous (pour le cul-de-jatte) pour mesurer l'étendue de leur talent et la force mentale qu'il leur aura fallu pour vaincre leurs handicaps et s'adonner au plaisir mais aussi à la discipline que requiert la pratique du kung fu. Même si la caméra se focalise sur leur difformité physique de façon parfois obscène, leur dextérité et leur souplesse font la différence et on en vient même à se dire que ce film est une belle leçon de vie et de courage, même si au fond de nous, on sait très bien qu'il n'a été réalisé que dans un but purement mercantile. Niveau scénario, c'est un peu léger et somme toute classique : un méchant maître, expert en kung fu, mutile deux de ses serviteurs. Ceux-ci vont apprendre l'art du combat avec un autre maître et pourront alors essayer de se venger de leur bourreau. C'est à peu près tout, avec l'ajout vers les trois-quart du film d'un petit coffre contenant huit figurines de chevaux en jade, figurines qui, si on trouve le secret qu'elles renferment, peuvent donner un réel avantage au combattant en lui proposant une technique de combat inédite. Evidemment, on se doute que cette technique imparable viendra de "l'association" des deux amis handicapés ! L'un sera les bras, l'autre les jambes d'un même corps ! Le slogan L'union fait la force n'a jamais été aussi bien représenté à l'écran ! Parmi les meilleures scènes du film, on retiendra principalement la phase d'entraînement que leur nouveau maître leur impose. Leur progression enchante le spectateur, qui reste assez bluffé par leur capacités physiques. Le souci du film est qu'une fois passée la surprise et l'étrangeté de la situation, les séquences de combats tournent un peu en rond et proposent à peu de chose près la même chose au final, tant est si bien qu'en ennui relatif s'empare un peu de nous. On apprécie les chorégraphies, typiques des films de kung fu, mais au bout de la cinquième bagarre, on a l'impression de voir toujours la même. Bref, Les Monstres du Kung Fu est avant tout une réelle curiosité pour amateurs de "freaks" et de cinéma déviant. A noter que les deux acteurs tourneront à nouveau ensemble trois fois, dans Cripple Heroes (1980), Fighting Life (1981) et Raiders of the Shaolin Temple (1982) avant de disparaître des écrans. 

* Disponible en DVD chez BACH FILMS



HERCULE L'INVINCIBLE

HERCULE L'INVINCIBLE
(Ercole l'Invincibile)

Réalisateur : Alvaro Mancori
Année : 1964
Scénariste : Kirk Mayer, Pat Kein, Alvaro Mancori
Pays : Italie
Genre : Péplum, Fantastique
Interdiction : /
Avec : Dan Vadis, Spela Rozin, Carla Calò, Howard Ross, Ken Clark...


L'HISTOIRE : Après avoir sauvé des griffes d'un lion la belle Teica, fille du roi Tideo, Hercule se voit charger par ce dernier d'aller combattre un dragon afin de lui apporter la plus petite de ses dents. S'il réussi cette mission, Hercule pourra épouser Teica. Pendant qu'il s'en va affronter le terrible monstre, le village du roi Tideo est assailli par l'armée des Demios. Le roi, sa fille et les habitants sont faits prisonniers et emmenés auprès d'Etel, la cruelle reine des Demios. Revenant de son périple avec la dent du dragon, Hercule découvre le village calciné du roi Tideo. Avec l'aide de Babar, un rescapé, il part en territoire Demios pour sauver sa promise...

MON AVIS : Le réalisateur italien Alvaro Mancori, qui n'a que deux films à son actif (Hercule l'Invincible en 1964 et Le lit à deux places en 1965) est plus connu pour ses talents de directeur de la photographie, puisque, à ce poste, sa filmographie compte plus d'une soixantaine de titres. Il décide de passer derrière la caméra en 1964 donc pour mettre en scène une aventure du célèbre fils de Zeus, Hercule. Un personnage emblématique du péplum et du Muscle Opera, qui fût interprété par divers acteurs, les plus célèbres étant Steve Reeves, Reg Park, Gordon Scott, Kirk Morris, Lou Ferrigno et même Arnold Schwarzenegger. Dans Hercule l'Invincible, c'est Dan Vadis qui s'y colle et il s'en sort assez bien. Sans avoir un corps de la carrure de celui de Steve Reeves, il campe toutefois un Hercule au capital sympathie certain et les scénaristes ne vont pas y aller avec le dos de la cuillère pour lui mettre des bâtons dans les roues puisque notre héros mythologique va avoir bien des aventures durant les 85 minutes que dure ce péplum lorgnant un peu beaucoup vers l'heroic fantasy, avec ce dragon et une sorcière donnant à Hercule une lance magique par exemple. Le spectateur n'aura lui non plus guère le temps de s'ennuyer puisque les péripéties d'Hercule vont le tenir gentiment éveillé : combat contre un lion, un ours, un dragon (franchement pas très réussi il faut bien l'avouer, on est encore loin du réalisme des dragons de Game of Thrones ou même du sublime spécimen vu dans Le Dragon du Lac de Feu) puis affrontements contre les guerriers Demios, lutte contre deux éléphants qui ne demandent qu'à l'écarteler, fuite face à un écoulement de lave qui va entièrement ensevelir une cité enfouie dans une montagne et j'en passe. Sans être un grand péplum, loin s'en faut, Hercule l'Invincible tient la route et joue avant tout la carte du divertissement. Le réalisateur adjoint d'ailleurs à son héros le personnage de Babar, un habitant du village du roi Tideo, et qui, par sa couardise, va apporter une touche d'humour à l'ensemble du film. Qui dit héros dit forcément belle fille à sauver et dans le cas qui nous intéresse ici, ce sera la ravissante actrice Spela Rozin, qui interprète donc Teica. Sans avoir eu une grande carrière, on a pu la voir également dans Maciste et les Filles de la Vallée, The Naughty OnesAvec Django la mort est là ou Le fils de Sherwood entre autres. A la vue de ses jolis yeux et de son visage angélique, on comprend qu'Hercule soit sous son charme et fasse tout pour lui éviter un sacrifice humain ! Car oui, les Demios sont cannibales à leur heure perdue, les guerriers se rassasiant de la chair de leurs victimes les plus valeureuses pour augmenter leur puissance. Dommage que cette thématique cannibalistique soit juste évoquée et non pas montrée à l'écran. En ce qui concerne Teica, ce sont justement ses beaux yeux qui attirent la convoitise de la cruelle reine Etel ! Il y a donc urgence pour Hercule à se rendre en territoire ennemi. Si on sent bien que ce péplum n'a pas du avoir un gros budget, on appréciera en tout cas le soin apporté aux décors. Certes, on est loin de la démesure des décors de Spartacus ou de Quo Vadis. Ici, on fait plutôt dans le petit village forestier que dans les temples géants. Néanmoins, toute la partie se déroulant dans le territoire Demios, situé dans des grottes sous une montagne et proche d'un lac de lave, bénéficie de très beaux éclairages qui nous renvoie presque au travail de Mario Bava, dans une moindre mesure. Mais ces effets de lumière, avec utilisation de fumée vaporeuse, donnent un certain cachet au film d'Alvaro Mancori je trouve et participent pleinement au charme de cette petite production modeste mais attrayante. Bref, voici de quoi passer un bon moment au sein d'un genre des plus populaires mais dont le chant du cygne avait déjà débuté...

PS : on notera que la VF du film transforme le nom d'Hercule en Ursus ! Une pratique courante dans le péplum, où le héros du film dans son pays d'origine voit son nom être modifié lors de son exploitation dans d'autres pays. Mieux vaut regarder Hercule l'Invincible en version italienne sous-titrée donc...

* Disponible en DVD chez ARTUS FILMS 



LADY FRANKENSTEIN

LADY FRANKENSTEIN
(La figlia di Frankenstein)

- Visionné en version intégrale de 99 minutes -

Réalisateur : Mel Welles
Année : 1971
Scénariste : Edward Di Lorenzo
Pays : Italie
Genre : Epouvante
Interdiction : -12 ans
Avec : Joseph Cotten, Rosalba Neri, Paul Muller, Mickey Hargitay, Herbert Fux...


L'HISTOIRE : Le Baron Frankenstein, aidé par le docteur Charles Marshall, désire finaliser ses expériences de transplantation en greffant un cerveau frais dans un corps qu'il a lui-même construit. Il tente de dissimuler son projet à Tania, sa fille, qui a terminé ses études de chirurgien et qui vient d'arriver au château. Profitant d'une nuit orageuse, le Baron déclenche l'expérience qui s'avère une réussite. Malheureusement, sa créature se retourne contre lui et le tue avant de s'enfuir. En découvrant son père assassiné, Tania n'a plus qu'une obsession : poursuivre les expériences de ce dernier et créer une nouvelle créature qui aura suffisamment de force pour se battre contre celle qui sème la terreur alentour. Dans le même temps, le capitaine de police Harris mène son enquête sur plusieurs meurtres qui seraient les faits d'un monstre selon la population...

MON AVIS : Au début des années 70, le cinéma d'épouvante connaît un net déclin de qualité et d'intérêt. La Hammer Films, maître-étalon du genre, poursuit tout de même dans cette voie et va tenter de dynamiser ses productions en leur incluant quelques éléments érotiques et une violence plus accentuée, comme dans The Vampire Lovers, Les Horreurs de Frankenstein, Vampire Circus, Dr Jekyll and Sister Hyde ou La Fille de Jack l'éventreur par exemple. Mais malgré ces efforts, le cinéma d'épouvante ne résistera pas longtemps face à l'arrivée des films d'horreurs plus réalistes et agressifs qui vont débarquer durant cette décennie 70, à l'image de La Dernière Maison sur la Gauche, L'Exorciste ou Massacre à la Tronçonneuse entre autres. Toujours est-il qu'en 1971, Dracula, vampires, fantômes, momies et créatures de Frankenstein ont encore la cote auprès d'une certaine partie du public, adorateur de cette ambiance gothique qui envoûte et fait frissonner. Le cinéma d'épouvante italien n'ayant rien à envier à celui des Anglais, c'est donc en pays transalpin que le réalisateur américain Mel Welles va tourner Lady Frankenstein, en lui injectant les éléments cités ci-dessus, à savoir de la violence et du sang et un peu d'érotisme. Je précise bien qu'il s'agit d'érotisme léger, et non pas de pornographie, comme a voulu nous le faire croire le distributeur français du film à l'époque, qui l'intitula Lady Frankenstein, cette Obsédée Sexuelle ! Du grand n'importe quoi puisqu'on est avant tout en présence d'un pur film gothique, dans la grande tradition du genre. Au casting, on trouve la présence, curieuse et surprenante, de Joseph Cotten dans le rôle du Baron Frankenstein. Un acteur qu'on ne présente plus, ayant tourné pour Orson Welles, Alfred Hitchcock, King Vidor ou bien Henry Hathaway et qui, vers la fin de sa carrière (il est décédé en 1994 mais sa dernière apparition date de 1981 dans Le Survivant d'un Monde Parallèle) sera présent dans de petites séries B bien moins glorieuses que ses films phares. Il interprète donc, durant la première demi-heure, notre fameux Baron et sa composition est agréable même si elle n'a rien de mémorable. Fait assez rare, son associé n'est pas un bossu monstrueux mais un vrai gentleman, à savoir le docteur Marshall, interprété par Paul Muller, acteur possédant lui aussi une filmographie pléthorique. Les amateurs de cinéma Bis seront quant à eux heureux de retrouver le visage bien connu de l'acteur autrichien Herbert Fux, célèbre pour avoir été un bourreau sans pitié dans le violent La Marque du Diable en 1970 entre autres. Il interprète ici le chef d'un gang de déterreurs de cadavres, le film faisant de nombreuses allusions aux célèbres Burke et Hare évidemment. On appréciera particulièrement son comportement macho envers Tania Frankenstein quand celle-ci aura besoin de ses services. Tania Frankenstein, parlons-en d'ailleurs, puisqu'elle est l'héroïne du film et qu'elle lui donne son titre. Notre Lady Frankenstein est merveilleusement campée par la belle actrice italienne Rosalba Neri, qui trouve avec le film de Mel Welles l'un de ses meilleurs rôles. Déterminée, aussi folle que son cher papa, Tania Frankenstein va nous faire aller de surprise en surprise, notamment quand elle énonce au docteur Marshall son plan diabolique pour créer une nouvelle créature. Le docteur étant amoureux d'elle, notre lady va se servir des sentiments de ce dernier pour obtenir son approbation quand au prélèvement de son cerveau pour qu'elle puisse le greffer dans le corps de Thomas, le jeune homme à tout faire du château, au corps parfait mais à l'esprit peu développé. Ne pouvant résister aux charmes de Tania (vu le physique de Rosalba Neri, on le comprend), le docteur va donc aider cette dernière à tuer Thomas pour se servir de son corps comme réceptacle de son propre cerveau. L'amour rend fou paraît-il, on en a encore un parfait exemple ici. La séquence du meurtre de Thomas est excellente et totalement bis : Tania Frankenstein, entièrement nue, fait l'amour à Thomas pendant que le docteur Marshall l'étouffe avec un oreiller. Le dernier souffle de Thomas se confond avec le cri d'extase de Tania, ou quand Eros rencontre Thanatos ! Si Lady Frankenstein affiche un peu de nudité et quelques moments bien dans l'esprit du cinéma Bis, avec notamment le faciès de la première créature, salement amoché comme vous pouvez le voir sur l'affiche du film, il n'en oublie jamais d'être un beau film d'épouvante gothique traditionnel et c'est bien ce mélange des deux univers qui en fait tout son charme et son intérêt. Mel Welles adore le cinéma d'épouvante et il a mis toute sa passion pour ce genre dans Lady Frankenstein. Le tournage a eu lieu dans un vrai château pour les scènes d'intérieur, avec de beaux costumes et un soin particulier apporté au détail et à la décoration. Les scènes extérieurs profitent du cadre champêtre de la région et se révèlent agréable à l'oeil. Un choix payant donc, le château et ses alentours étant très cinégéniques. Toutes les séquences se déroulant dans le laboratoire ont par contre été tournées en studio. Le principe de la création de la créature reste le même que dans le Frankenstein de James Whale, auquel Mel Welles rend hommage à plusieurs reprises, comme dans la scène où la créature jette une jeune femme dans un lac. Ce n'est pas une petite fille et elle est entièrement nue mais impossible de ne pas y voir un gros clin d'oeil à la séquence culte jouée par Boris Karloff et la petite Marilyn Harris dans le film de 1931. On appréciera également les scènes dans lesquelles les villageois, armés de torche et de fourche, veulent se faire justice eux-mêmes : une figure de style classique dans ce type de film. Très honnêtement, ce Lady Frankenstein a de solides arguments à faire valoir. La mise en scène tient la route, le casting est bon, les éclairages sont soignés tout comme les costumes (Rosalba Neri enchaîne les jolies robes) et ce mélange entre épouvante vintage et cinéma Bis décomplexé fait son petit effet. Bref, que vous soyez fan de la thématique de Frankenstein, du cinéma d'épouvante ou de Rosalba Neri, je vous conseille la vision de Lady Frankenstein, surtout que l'éditeur Nucleus Films vient de le sortir en Blu-Ray dans une copie restaurée et surtout intégrale (99 minutes contre les 85 minutes vues habituellement), avec STA et une foule de bonus (non sous-titrée), faisant de cette édition la plus complète sur ce film à ce jour. A titre comparatif, on peut dire que Lady Frankenstein annonce le Chair pour Frankenstein de Paul Morrissey qui verra le jour deux ans plus tard...... 

* Disponible en BR chez NUCLEUS FILMS 


LES BONUS  : 
- Complete and Restored 99 min Director's Cut
- Complete and Restored 84 min New World Pictures American Theatrical Cut
- Audio Commentary with Alan Jones and Kim Newman 
- Optional English Subtitles
- The Truth About Lady Frankenstein (2007) - German TV Special (42 mins)
- New Featurette - Piecing Together Lady Frankenstein (35 mins)
- Featurette - The Lady and The Orgy (8 mins)
- Bigfilm Magazine (1971) - Italian Lady Frankenstein Photo Novel
- BBFC's 1972 Theatrical Censor Notes
- English, Italian, German and 3 x US Trailers
- US TV spots
- US Radio Spots
- Home Video Releases Gallery
- Extensive Image Gallery

BLIND WOMAN'S CURSE

BLIND WOMAN'S CURSE
(Hîchirimen bâkuto - Nôbarydu takahadâ)

Réalisateur : Teruo Ishii
Année : 1970
Scénariste : Teruo Ishii, Chûsei Sone
Pays : Japon
Genre : Action, Fantastique
Interdiction : /
Avec : Meiko Kaji, Hoki Tokuda, Makoto Satô, Hideo Sunazuka, Shirô Ôtsuji...


L'HISTOIRE : Pour venger son père du clan Tachibana, Akemi devient chef de gang et va affronter la bande rivale responsable du décès de son paternel. Durant cette rixe meurtrière, Akemi donne involontairement un coup de sabre à une jeune femme qui devient aveugle, un chat noir venant lécher la blessure de cette dernière. Pour Akemi, ceci est le symbôle d'une malédiction qui vient de s'abattre sur elle. Arrêtée, Akemi est placée en prison et rejoint son clan trois ans plus tard. Elle ne désire plus vivre dans la violence et tente d'être une chef de gang qui prône l'apaisement. Mais un gang local, dirigé par Dobashi, ne l'entend pas de cette manière. Dans le même temps, Aiko Gouda, une femme aveugle, vient proposer ses services à Dobashi pour l'aider à anéantir les efforts d'Akemi...

MON AVIS : Le réalisateur japonais Teruo Ishii est principalement connu pour sa célèbre série des "Joy of Torture", parmi laquelle on trouve des titres cultes comme L'Enfer des Tortures, Vierges pour le Shogun ou Orgies Sadiques de l'ère Edo par exemple. Spécialisé dans ce qu'on appelle l'ero-guro, à savoir le film érotique grotesque, il va livrer en 1969 l'étonnant Horrors of Malformed Men. En 1970, il réalise ce Blind Woman's Curse, dans lequel il mélange le film de sabre, le film de yakuza, le grotesque, le tout saupoudré d'une toute petite pincée de fantastique, pour un résultat assez déconcertant. La séquence d'introduction met tout de suite dans le ton : au ralenti, on assiste au combat entre deux clans rivaux, l'un d'entre-eux étant mené par la belle Meiko Kaji, future star des sagas Lady Snowblood, Stray Cat Rock ou La Femme Scorpion entre autres. Joliment chorégraphié, cet affrontement va être le déclencheur d'un incident qui donne au film son titre : Akemi (Meiko Kaji) rend aveugle une fille qui tentait de s'interposer et qui se prend un coup de sabre qui ne lui était pas destiné au niveau des yeux. Un petit chat noir vient lécher le sang qui s'écoule, ce qui trouble le personnage interprétée par Meiko Kaji. En effet, c'est un très mauvais présage, qui annonce une malédiction. Personnellement, je m'attendais pour la suite du film à une réelle bifurcation dans le registre du fantastique pur. Honnêtement, Blind Woman's Curse n'est en rien de ce registre car la suite de l'intrigue reste tout à fait terre à terre. Pas de spectres, pas de fantômes revanchards à se mettre sous la dent mais une histoire de clan yakuza au temps médiéval, avec traître, combat de sabre, assassinats et quelques belles gerbes de sang rouge écarlate. Meiko Kaji partage l'affiche avec deux autres actrices, l'une interprétant la belle Chie Mitsui (Yôko Takagi), fille de l'oncle d'Akemi qui tombera amoureuse d'un beau chevalier servant qui rejoindra son clan (Makoto Sato), l'autre la sabreuse aveugle venu chercher vengeance (Hoki Tokuda) et proposant ses services à un chef de gang (Tôru Abe) qui désire créer la discorde entre deux clans rivaux pour en tirer partie. Ce dernier est particulièrement antipathique, se livrant à la prostitution et aux trafic de femmes, souvent pour son propre plaisir pervers. Si l'intrigue principale reste très ancrée dans le réalisme, les personnages secondaires et certaines situations ou comportements versent ouvertement dans le grotesque si cher à Teruo Ishii, donnant au film une connotation des plus étranges et effectivement, à la limite du fantastique. Le protagoniste le plus emblématique de cette recherche du grotesque reste sans conteste Ushimatsu, l'associé de la sabreuse aveugle. Bossu, sautant comme un chat à des hauteurs inaccessibles, empailleur  et découpeur de tatouage, ce drôle de numéro est interprété par l'artiste de théâtre Tatsumi Hijikata, l'inventeur de la danse Butoh. Possédant une troupe spécialisée dans le grotesque, il avait déjà fait sensation avec cette dernière dans Horrors of Malformed Men justement. Il récidive donc dans Blind Woman's Curse et apporte une réelle touche d'étrangeté au film. On pourra également citer l'un des yakuzas d'Akemi, au faciès déconcertant et au mimique risible. Cette dualité entre film de sabre classique et personnages ou situations grotesques déconcerteront assurément un public ne sachant pas trop à quoi s'attendre avec ce film. Toujours est-il que les fans de Meiko Kaji apprécieront de voir leur égérie dans son premier grand rôle, même si elle disparaît parfois durant de longues minutes avant de réapparaître à l'écran. La séquence finale est quant à elle sublime, revenant à la tradition de l'affrontement en duel, le tout filmé sous une peinture de ciel orageux du plus bel effet. Assez atypique dans sa réalisation et dans ce qu'il nous propose, Blind Woman's Curse possède pas mal de petits défauts mais ces derniers font aussi partie de son charme et ils sont souvent contrecarrés par de jolies trouvailles visuelles et quelques effets gores qui rendent le spectacle attachant dans son ensemble. Une curiosité.

* Disponible en combo DVD + BR chez BACH FILMS