GRAN TORINO
(Gran Torino)
Réalisateur : Clint Eastwood
Année : 2008
Scénariste : Nick Schenk
Pays : Etats-Unis, Allemagne
Genre : Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her, Christopher Carley, Doua Moua...
L'HISTOIRE : Walt Kowalski est un ancien de la guerre de Corée, un homme inflexible, amer et pétri de préjugés surannés. Après des années de travail à la chaîne, il vit replié sur lui-même, occupant ses journées à bricoler, traînasser et siroter des bières. Avant de mourir, sa femme exprima le voeu qu'il aille à confesse, mais Walt n'a rien à avouer, ni personne à qui parler. Hormis sa chienne Daisy, il ne fait confiance qu'à son M-1, toujours propre, toujours prêt à l'usage. Ses anciens voisins ont déménagé ou sont morts depuis longtemps. Son quartier est aujourd'hui peuplé d'immigrants asiatiques qu'il méprise, et Walt ressasse ses haines, innombrables - à l'encontre de ses voisins, des ados Hmong, latinos et afro-américains "qui croient faire la loi", de ses propres enfants, devenus pour lui des étrangers. Walt tue le temps comme il peut, en attendant le grand départ, jusqu'au jour où un ado Hmong du quartier tente de lui voler sa précieuse Ford Gran Torino. Walt tient comme à la prunelle de ses yeux à cette voiture fétiche, aussi belle que le jour où il la vit sortir de la chaîne. Lorsque le jeune et timide Thao tente de la lui voler sous la pression d'un gang, Walt fait face à la bande, et devient malgré lui le héros du quartier. Sue, la sœur aînée de Thao, insiste pour que ce dernier se rachète en travaillant pour Walt. Surmontant ses réticences, ce dernier confie au garçon des "travaux d'intérêt général" au profit du voisinage. C'est le début d'une amitié inattendue, qui changera le cours de leur vie. Grâce à Thao et sa gentille famille, Walt va découvrir le vrai visage de ses voisins et comprendre ce qui le lie à ces exilés, contraints de fuir la violence... comme lui, qui croyait fermer la porte sur ses souvenirs aussi aisément qu'il enfermait au garage sa précieuse Gran Torino...
MON AVIS : Trente-cinquième film du géant Clint Eastwood en tant que réalisateur et soixante-huitième en tant qu'acteur. Avec Gran Torino, Eastwood nous livre une sorte de mélange entre L'Inspecteur Harry et Sur la Route de Madison. Un grand écart qui prend en compte une bonne partie de sa filmographie et qui témoigne du temps qui passe. Car Eastwood vieillit, il le sait, on le voit. Le personnage qu'il interprète dans Gran Torino est à ce titre parfaitement emblématique de cet état de fait. Walt Kowalski pourrait très bien être un Harry Calahan à la retraite, qui assiste, quasiment impuissant, à la transformation de l'Amérique qu'il a connu. Certes, l'Amérique n'a jamais été une terre de Bisounours, il y a toujours eu de la délinquance, des crimes, des incivilités. Mais la délinquance a pris un nouveau visage, avec le phénomène des gangs de plus en plus brutaux qui gangrènent les quartiers et pourrissent la vie des citoyens. A première vue, on pourrait penser que Gran Torino est une oeuvre raciste, qui ne s’embarrasse pas de nuancer son propos et s'en prend ouvertement aux immigrés asiatiques ou d'autres pays, via le langage on ne peut plus fleurit de son personnage principal, ex-militaire de la guerre de Corée, qui ne comprend pas comment une telle invasion a pu avoir lieu dans son pays. Son épouse vient de mourir, ses anciens amis ont déménagé ou sont également morts et le nouveau voisinage à un goût qui ne lui plait guère. Un personnage brut de décoffrage, qui n'est plus à sa place dans cette époque nouvelle et incertaine. Et pourtant. Il va voir ses préjugés raciaux être profondément remis en cause grâce à ses nouveaux voisins, une famille asiatique dont fait partie le jeune Thao ainsi que sa sœur aînée Sue, deux résidus de rizière comme il les appelle, qui vont s'apprivoiser et finir par s'apprécier, bien plus qu'il n’aurait pu l'imaginer. Car il va découvrir que les immigrés veulent également fuir la violence et vivre paisiblement dans le paysage. Avec une grande intelligence et une retenue toute en subtilité, Gran Torino ne fait pas de Clint Eastwood un archétype du justicier dans la ville. A son âge, ça aurait été un peu ridicule. Le film est bien plus intelligent que ça, joue brillamment avec l'humour et l'émotion, et utilise son scénario, assez simpliste en fait, pour magnifier son sujet et offrir à Eastwood l'un de ses plus beaux rôles. Du grand cinéma.
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