SATOR
(Sator)
Réalisateur : Jordan Graham
Année : 2019
Scénariste : Jordan Graham
Pays : Etats-Unis
Genre : Epouvante
Interdiction : -12 ans
Avec : Gabriel Nicholson, Michael Daniel, Rachel Johnson, Aurora Lowe...
L'HISTOIRE : Vivant isolé dans une cabane perdue au milieu de la forêt, Adam tente de percer le mystère qui entoure sa famille, dont certains membres, comme sa grand-mère, croient à l'existence du Sator, une créature fantastique qui semble les traquer génération après génération pour en faire ses disciples...
MON AVIS : Parcours atypique pour Jordan Graham et son film Sator ! Sept années ont été nécessaire pour que le film puisse être montré au public ! Il faut dire que Jordan Graham a tout fait tout seul, que ce soit la réalisation, le scénario, l'éclairage, le montage, la post-production, le son, l'étalonnage et j'en passe, et qu'il ne maîtrisait pas tout ces aspects, qu'il a du apprendre sur le tas, ce qui explique ces sept longues années pour lesquelles il a été totalement dévoué à son oeuvre, mettant de côté sa vie, ses amis. Il faut dire que Sator est un projet on ne peut plus personnel pour le réalisateur puisque cette histoire de créature voulant faire des membres d'une même famille ses disciples est en grande partie inspirée de la vie de sa grand-mère, qui joue d'ailleurs l'un des rôles principaux du film et qui a accepté qu'une grande partie du tournage se déroule dans sa propre maison. Une grand-mère qui, un jour de 1968, a rapporté une planche de Ouija dont elle s'est servie pour invoquer une divinité du nom de Sator. Une séance qui a laissé des traces puisqu'elle s'est mise ensuite à entendre des voix dans sa tête et à être persuadé que le Sator existait, ce qui l'a conduit en hôpital psychiatrique. C'est en découvrant ce curieux passé de sa grand-mère que l'histoire du film s'est lentement mise en place. Très clairement, Sator ne plaira pas à la majorité. C'est avant tout un film très contemplatif, dans lequel il ne se passe pas grand chose, qui nous fait un peu penser au Projet Blair Witch de par son décor, son ambiance, son travail sur les sons et les silences. Visuellement, c'est à un travail d'orfèvre auquel on assiste, chaque plan étant savamment pensé, agencé, le réalisateur ayant également attendu que la lumière ou les conditions météorologiques soient celles qu'il voulait pour filmer ses images, vraiment superbes. On pense à Ari Aster d'un point de vue esthétique. Reste que le spectateur doit réellement s'impliquer et patienter, s'imprégner du mystère proposé et ne pas s'attendre à du spectaculaire s'il veut apprécier ce film qui nous questionne : le Sator existe-t-il vraiment ou est-ce un syndrome de démence mentale qui serait héréditaire au sein de cette famille ? Le film met en avant le personnage d'Adam, un rôle quasi muet pour l'acteur Gabriel Nicholson, qui va donc chercher à comprendre ce qu'est le Sator et pourquoi les membres de sa famille sont tellement affectés par cette soit-disant créature fantasmagorique. Le film alterne image en couleurs et format 16/9 avec des scènes en noir et blanc et format 4/3, nous indiquant qu'on est en présence de flash-back. L'ambiance se développe petit à petit, les scènes nocturnes provoquent quelques doux frissons de temps à autre, sans réellement se montrer terrifiantes. Le rythme est très lent, et je peux comprendre que la plupart ressentent de l'ennui car c'est vraiment du fantastique exigeant, sans jump-scares ou effets de mode, et qui reste difficile d'accès. On pourrait même parler de prétention tant la forme l'emporte sur le fond, tant l'histoire se révèle assez hermétique. J'avoue avoir apprécié l'aspect visuel du film, vraiment splendide, mais être resté sur ma faim au niveau de l'histoire en elle-même. On en vient même à se dire qu'un moyen-métrage aurait été plus satisfaisant. Bref, à réserver aux amateurs de film qui prenne leur temps, et qui mise sur l'ambiance au détriment d'une quelconque action. Un essai intrigant mais qui aura du mal à trouver son public. En tout cas, bravo à Jordan Graham pour son travail sur l'image et le son, deux points sur lesquels on ne peut qu'être positif.
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