LA REVANCHE DE FRANKENSTEIN
(The Revenge of Frankenstein)
Réalisateur : Terence Fisher
Année : 1958
Scénariste : Jimmy Sangster
Pays : Angleterre
Genre : Épouvante
Interdiction : -12 ans
Avec : Peter Cushing, Francis Matthews, Eunice Gayson, Michael Gwynn...
L'HISTOIRE : Le baron Frankenstein a échappé à l'échafaud. Il s'est fait engager dans un hôpital misérable sous le nom de Stein et profite de cette situation privilégiée pour poursuivre ses recherches. Il récupère des membres sur des cadavres frais et, assisté par le docteur Kleve, fabrique un nouveau corps pour son assistant, Karl. Une fois le cerveau transplanté, la créature ainsi créée se révèle extrêmement dangereuse...
MON AVIS : Devant le succès vertigineux de Frankenstein s'est échappé en 1957, le studio anglais de la Hammer décide d'embrayer directement sur une suite, qui sera donc réalisée dès 1958, toujours par Terence Fisher. La Revanche de Frankenstein reprend donc là ou le premier film s'est terminé : le baron Frankenstein est conduit à l'échafaud pour y être décapité. Par un habile tour de passe-passe, ce dernier échappe à son sort tragique et part s'installer dans une petite ville sous un nom d'emprunt (le docteur Stein). Toujours interprété par le génial Peter Cushing, notre brave savant fou semble s'être racheté une conduite puisqu'il est devenu le médecin le plus prisé de la population (ce qui provoque l'énervement de ses confrères qui perdent petit à petit leur clientèle) mais également le médecin qui ne compte pas ses heures et vient en aide aux plus démunis, aux plus défavorisés, les soignants gratuitement dans un hôpital de charité. Bien sûr, on se doute qu'il y a anguille sous roche et les véritables intentions du docteur ne tardent pas à nous être dévoilées. Car ce brave homme, du moins en apparence, n'a pas digéré son échec passé et il compte bien réussir à insuffler la vie au nouveau corps qu'il a construit lui-même. Mais cette fois, il se montre bien plus malin puisqu'il n'utilise pas de cadavres déterrés par des apprentis-fossoyeurs mais des membres qu'il ampute sur ses pauvres patients qui n'y voient que du feu. Sous son air de bon samaritain, le docteur Stein est en réalité encore plus monstrueux, encore plus déterminé qu'auparavant et le scénariste Jimmy Sangster lui a confectionné une histoire qui va le mettre en avant, bien plus que sa malheureuse créature. C'est d'ailleurs toute la différence entre la saga des Frankenstein des années 30/40 et la saga produite par la Hammer : faire du savant le protagoniste principal, là où les films précédents faisaient du monstre la vedette, créant d'ailleurs chez le public une confusion quand au nom même de Frankenstein. Car non, Frankenstein n'est pas le nom du monstre mais bel et bien celui de son créateur et il en a toujours été ainsi, même dans le roman de Mary Shelley. Si la prestation de Peter Cushing est évidemment de très grande qualité dans La Revanche de Frankenstein, celle du jeune Francis Matthews l'est également, interprétant le docteur Kleve, médecin débutant connaissant la véritable identité du docteur Stein et voulant enrichir ses connaissances médicales auprès de l'éminent savant n'ayant qu'un seul but dans sa vie : créer un homme mieux que Dieu lui-même. Car là est toute la contradiction du personnage culte : son but est louable finalement, seuls les moyens mis en oeuvre pour y parvenir s'avèrent répréhensibles, puisqu'ils peuvent aller jusqu'au meurtre, comme dans Frankenstein s'est échappé. Le fait que dans cette suite, le docteur Stein ne tue personne complexifie d'avantage cette dualité Bien / Mal et intensifie la psychologie de ce dernier. Un but que comprend donc le docteur Kleve, qui deviendra l'assistant privilégié du docteur et l'aidera à transplanter le cerveau du difforme et handicapé Karl dans un corps flambant neuf et sans défaut aucun. Cette nouvelle créature est totalement différente de celle incarnée par Christopher Lee dans Frankenstein s'est échappé. Là où ce dernier était monstrueux, la créature de La Revanche de Frankenstein est en effet parfaite, interprétée par Michael Gwynn, dont l'apparence est seulement marquée par une cicatrice autour de son crâne. Et l'opération est une pure réussite qui plus est, ce qui, pour le docteur Stein, est donc une belle revanche, ce qui explicite le titre du film. Evidemment, nous sommes dans un film d'épouvante et l'ombre va venir ternir cet exploit médical et ce, grâce à une idée qui a fait scandale à l'époque et imaginée par Jimmy Sangster : suite aux chocs sur sa boîte crânienne, le monstre, doux comme un agneau au départ, va développer un penchant pour le cannibalisme, reproduisant d'ailleurs ce qu'il se passe avec Otto, un singe qui s'est vu transplanter le cerveau d'un orang-outan et qui est devenu adepte de la consommation de viande ! Si on ne verra jamais le monstre mangé quelqu'un, son comportement va néanmoins changer au fil du déroulement de l'histoire et son instinct "carnassier" va prendre le dessus et lui faire commettre quelques atrocités, plongeant à nouveau le docteur Stein dans le désarroi. Autre bonne idée de Sangster, le fait que l'infirmité de Karl, dont le cerveau a donc été transplanté dans la créature pour ceux qui ne suivent pas, réapparaissent progressivement dans cette dernière, ce qui va également la rendre furieuse et peu reconnaissante envers le travail accompli. On le voit, le scénario de La Revanche de Frankenstein est plus abouti, plus riche que celui du premier film, qui se contentait la plupart du temps à reproduire la trame du roman de Mary Shelley (logique en même temps). Pour autant, j'apprécie plus Frankenstein s'est échappé que La Revanche de Frankenstein. Bien sûr, cette suite est de haute qualité, la mise en scène de Fisher est excellente, le travail sur les décors est excellent, surtout le laboratoire secret, et la photographie est magnifique, comme dans la majorité des films de la Hammer. Néanmoins, j'ai trouvé le rythme du film un peu mou parfois, l'ensemble manquant fortement de tension, le côté "épouvante" étant également moins présent que dans le premier film. La présence de l'actrice Eunice Gayson est assez anecdotique et même si elle est fort ravissante, on sent bien qu'elle n'est là que pour remplir le quota de présence féminine dans le film. Le succès de La Revanche de Frankenstein a été beaucoup moindre que celui de son prédécesseur en Angleterre, ce qui poussa la Hammer a ne pas enclenché de nouvelle suite dans l'immédiat. Il faudra attendre 1964 pour que ce cher docteur Frankenstein refasse son apparition chez le studio anglais, avec L'Empreinte de Frankenstein, qui sera suivi de trois autres films.
* Disponible en mediabook DVD + BR + Livret chez ESC DISTRIBUTION
BONUS :
- Présentation de la Hammer par Nicolas Stanzick
- Frankenstein ne meurt jamais par Gilles Penso
- Le matérialisme fantastique par Nicolas Stanzick
- Terence Fisher par-delà le bien et le mal par Noël Simsolo
- Livret de Marc Toullec
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