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AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




RAZORBACK

RAZORBACK
(Razorback)

Réalisateur : Russell Mulcahy
Année : 1984
Scénariste : Everett De Roche
Pays : Australie
Genre : Drame, Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Gregory Harrison, Arkie Whiteley, Bill Kerr, Chris Haywood, David Argue...


L'HISTOIRE : Depuis que Jake Cullen a vu sa maison ravagée et son petit-fils être emporté par un razorback, un sanglier femelle gigantesque et à la force décuplée, il n'a de cesse de vouloir obtenir vengeance. Devenu un chasseur de sangliers hors-pair, il attend patiemment le jour où son chemin recroisera celui du razorback. La bête ne semble plus faire parler d'elle jusqu'au jour où la journaliste américaine Beth Winters, venue en Australie faire un reportage sur le massacre des kangourous, est victime du terrifiant sanglier. Son mari, Carl Winters, se rend sur les lieux du drame et va tenter de trouver une explication à la mort de sa femme. Il va rencontrer Jake Cullen, qui va lui parler du razorback. Il va également découvrir que la population locale, dont les deux frères Baker, en sait peut-être plus qu'elle ne veut le dire...

MON AVIS : Entre 1976 et 1984, Russell Mulcahy réalise plus de 50 clips vidéos pour des stars tels Elton John, Ultravox, Rod Stewart et surtout Duran Duran. Né en 1953 en Australie, Russell Mulcahy acquiert durant les 80's et 90's le statut de réalisateur culte de clips vidéos. C'est en 1984 qu'il reçoit la proposition de réaliser l'adaptation cinématographique d'un roman de Peter Brennan intitulé Razorback. Une histoire de sanglier monstrueux se déroulant dans l'outback australien qui bénéficie également d'un argument écologique qui ne laisse pas Mulcahy insensible. Il accepte l'offre du studio et se lance dans l'aventure. Le but de Mulcahy et de ses producteurs est simple : faire de Razorback un film d'attaque animal aussi impressionnant que le chef-d'oeuvre de Spielberg, Les Dents de la Mer. En lieu et place de la ville maritime d'Amity, on trouve les régions arides, les plaines désertiques de l'Australie et surtout la petite ville de Gamulla. Un changement visuel important tant au niveau des décors que de l'ambiance. Mulcahy met toute son expérience de clippeur au service de l'image et s'il y a bien quelque chose qu'on ne peut pas critiquer dans Razorback, c'est bel et bien les sublimes images qui sont proposées au spectateur. Pour faire simple, Razorback est un véritable régal pour les pupilles, avec des jeux de lumières somptueux, des filtres, de la fumée, des nuits d'un bleu quasi irréel et des jours qui flamboient sous le soleil ardent australien. Des images très clipesques certes (la scène du rêve avec le squelette de sanglier qui s'anime...) mais qui donnent vraiment un rendu assez époustouflant au film. C'est donc dans ce déluge de beauté visuel que les personnages de Razorback vont évoluer et nous réserver quelques surprises. La première d'entre-elles nous évoquera immanquablement le Psychose d'Hitchcock puisque Beth Winters, l'héroïne jouée par Judy Morris (ou du moins le protagoniste qu'on avait identifié comme étant l'héroïne du film), va disparaître des écrans au bout d'une vingtaine de minutes, victime du méchant sanglier comme Janet Leigh était victime de Norman Bates, pour laisser la place à un autre personnage qui va donc devenir le vrai héros de l'histoire. Dans le film de Mulcahy, ce sera le mari de cette dernière, Carl Winters, interprété par Gregory Harrison, acteur prometteur qui n'aura malheureusement pas connu une grande carrière au cinéma mais qui se sera bien reconverti dans les séries télévisées ou les téléfilms. La mort de Beth Winters par le sanglier monstrueux se révèle vraiment efficace, tout autant que la superbe scène introductive qui voit une maison être percutée et traversée par l'animal en furie, sans que le réalisateur nous montre clairement sa créature. Une approche qui rappelle le procédé employé par Spielberg et son requin géant, laissant le public imaginer la taille et l'aspect du monstre tout en lui donnant envie de poursuivre sa vision du film dans l'attente de la découvrir enfin de pleine face. Là où le spectateur de Razorback pourra être un peu déçu, c'est qu'il va devoir attendre vraiment la scène finale du film pour admirer de plein pied ce sanglier femelle peu commode. En effet, le reste du temps, on ne le voit que de loin ou juste des bouts de tête, de sa mâchoire, de ses défenses. Dommage car le potentiel effrayant était bien là. D'ailleurs, à bien y regarder, le sanglier n'est pas réellement ce sur quoi se focalise la caméra de Mulcahy, qui préfère filmer ses décors et ses acteurs, et notamment la faune locale de Gramulla, qui n'a rien à envier aux rednecks de Delivrance ou de Massacre à la Tronçonneuse. On y trouve des chasseurs de kangourous aux dents pourries, qui passent leur temps à picoler ou à conduire des véhicules qu'on croirait sorti de Mad Max 2 ! Parmi les plus beaux spécimens, on a les frères Baker, Benny et Dicko, qui tiennent le haut du pavé. Travaillant dans un abattoir, ils apparaissent comme étant complètement timbrés, n'hésitant pas à se livrer à des tentatives de viols ou d'assassinats sur les étrangers venus fouiner dans leur affaire. Considéré comme un film de "monstre", Razorback est en fait, la plupart du temps, un pur redneck movie, dans lequel évolue plusieurs type de monstres, tantôt humain, tantôt animal. Un partie-pris qui pourra surprendre bon nombre de spectateurs s'attendant à voir un pur film d'agression animale, ces derniers pouvant également être surpris par le rythme même du film, qui n'est pas des plus entraînants. Quelques longueurs sont en effet présentes, heureusement compensées par la splendeur picturale citée précédemment, ainsi que par la bouille de la jolie blondinette Arkie Whiteley et le jeu de Bill Kerr, qui interprète avec conviction Jake Cullen. Véritable film ancré dans les 80's, avec sa musique synthétique typique de cette décennie, Razorback avait à l'époque l'originalité de sa créature, le sanglier n'ayant jamais été le héros d'un film de terreur. L'animal s'est rattrapé depuis, avec des films comme Pig Hunt (2008), Chaw (2009), le très bon film français La Traque (2011) ou Boar (2016). En tout cas, pour son premier film, Russell Mulcahy a réussi son pari, malgré un succès assez relatif lors de la sortie en salle de Razorback. Son film possède tout de même une aura perceptible auprès des connaisseurs qui n'ont pas oublié cette drôle d'aventure dans le bush australien. Une première tentative loin d'être déshonorante en tout cas, qui mérite clairement d'être revue, par un réalisateur qui trouvera la consécration deux ans plus tard, avec Highlander.

* Disponible en DVD et BR chez -> CARLOTTA <-

LE BR
Pour qui veut découvrir ou redécouvrir Razorback dans des conditions optimales, une solution simple s'impose d'emblée : se procurer l'édition Blu-Ray de chez Carlotta, qui propose une image éclatante qui rend justice au travail de Mulcahy. L'éditeur à mis en bonus la version VHS du film (uncut, en provenance de la VHS australienne) et la comparaison des deux versions nous fait prendre conscience, si ce n'est déjà fait depuis belle lurette, de la supériorité du numérique, surtout que la copie du film a bénéficié ici d'une restauration 4K ! Parmi les autres suppléments, on trouve un commentaire audio de Russell Mulcahy et Shayne Armstrong, une discussion de 24 minutes sur le film présentée par 4 critiques cinéma, un documentaire de 74 minutes qui retrace la genèse du film, avec interview du réalisateur, du producteur, du concepteur du sanglier, du compositeur et des acteurs. Sont aussi au programme 3 minutes de scènes coupées qui rehaussent la violence des attaques du razorback (dommage que la Warner a effectué ses coupes !!) ainsi que des bandes-annonces. Un bel objet pour tous les fans du film !


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