Légende pour la notation des films

Bienvenue dans mon univers filmique ! Ma mission ? (Re)voir tous mes films, séries Tv, documentaires et concert, tous genres confondus, sur tous supports, Vhs, Dvd, Dvd-r, Blu-ray (avec aussi les diffusions télévisées ou cinéma), et vous donner mon avis de façon simple et pas prise de tête sur chaque titre (re)vu ! C'est parti !



AVERTISSEMENT : Certaines bandes-annonces ou extraits de films peuvent heurter la sensibilité du jeune public.




LAURIN

LAURIN
(Laurin)

Réalisateur : Robert Sigl
Année : 1989
Scénariste : Robert Sigl, Ádám Rozgonyi
Pays : Hongrie, Allemagne
Genre : Drame, Fantastique
Interdiction :-12 ans
Avec : Dóra Szinetár, Brigitte Karner, Károly Eperjes, Hédi Temessy...


L'HISTOIRE : Dans un village portuaire, la jeune Laurin vit la plupart de l'année avec sa mère. Son père, marin de profession, n'est pas souvent à la maison. Une nuit, Laurin a la vision d'un petit garçon terrifié. Le village vit dans la peur car de mystérieuses disparitions d'enfants ont lieu. La mère de Laurin trouve également la mort dans d'étranges circonstances. La petite fille croit qu'un homme vêtu de noir est responsable des malheurs qui s'abattent sur le village...

MON AVIS : Bien que ce film du réalisateur allemand Robert Sigl date de 1989, ce n'est que récemment que nous pouvons le découvrir en DVD et en BR. Un anonymat injustifié tant Laurin (prononcer "Laurine") s'avère une bien belle oeuvre, qui aurait mérité une notoriété bien plus grande que cette confidentialité dans laquelle a été enfermé le film. Long métrage hautement contemplatif, avec très peu d'action, Laurin mise avant tout sur son esthétisme raffiné, sa reconstruction de l'époque absolument parfaite, ses personnages travaillés, son histoire intrigante et sa musique somptueuse. C'est principalement un drame de l'enfance, celle de la jeune Laurin, magnifiquement interprétée par Dóra Szinetár qui porte le film sur ses frêles épaules. Une petite fille qui ne voit quasiment jamais son père, qui n'a que peu d'amis (le seul qu'on voit dans le film est Stefan), qui doit gérer seule la mort de sa mère et qui va devenir, bien malgré elle, le rouage grippé des agissements d'un tueur en série pédophile. Rien de bien joyeux donc. Robert Sigl joue à merveille avec les traditions du conte de fée (les images de l'ogre) en leur ajoutant les codes du film noir et quelques touches de fantastique pour un résultat envoûtant, poétique et macabre à la fois. Comme il l'avoue lui-même, Robert Sigl a été fortement marqué par deux grands classiques du cinéma : Les Innocents de Jack Clayton et La Nuit du Chasseur de Charles Laughton. Des influences qu'on retrouve effectivement dans Laurin, auxquelles on ajoutera quelques recherches sur les jeux de couleurs qui rappellent le travail de Mario Bava ou le Dario Argento d'Inferno. La mise en scène, sobre et classique, participe pleinement à créer cet univers dramatico-gothique à la retenue toute singulière, aidée en cela par des décors naturels de toute beauté. Les déambulations dans un cimetière, la mère de Laurin vêtue d'un manteau à capuche découvrant le tueur sur un pont, les rêves et les hallucinations tout en couleurs de Laurin et surtout son magnifique final, emprunt d'une poésie de haute volée, suffisent à nous embarquer dans l'univers de Robert Sigl, qui, de par son sujet et son cadre, n'est pas sans nous rappeler La longue Nuit de l'Exorcisme de Lucio Fulci. Evidemment, si vous êtes réfractaire au cinéma qui prend son temps, qui vous propose une lente promenade, tel Jean Rollin et son sublime La Rose de Fer, peut être ne serez-vous pas réceptif à la beauté fulgurante de Laurin, ni à son propos. Ce sera bien dommage tant cette balade picturale mérite le détour.


ASSASSIN'S CREED

ASSASSIN'S CREED
(Assassin's Creed)

Réalisateur : Justin Kurzel
Année : 2016
Scénariste : Michael Lesslie, Adam Cooper, Bill Collage
Pays : Etats-Unis, France, Angleterre, Hong Kong, Taiwan, Malte
Genre : Aventure, Action, Science-Fiction
Interdiction :-12 ans
Avec : Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jeremy Irons, Brendan Gleeson...


L'HISTOIRE : Grâce à une technologie révolutionnaire qui libère la mémoire génétique, Callum Lynch revit les aventures de son ancêtre Aguilar, dans l’Espagne du XVe siècle. Alors que Callum découvre qu’il est issu d’une mystérieuse société secrète, les Assassins, il va assimiler les compétences dont il aura besoin pour affronter, dans le temps présent, une autre redoutable organisation : l’Ordre des Templiers. Cette dernière veut que Callum récupère, via les souvenirs de son ancêtre, la pomme d'Eden...

MON AVIS : Tiens, encore une adaptation d'un jeu vidéo à succès. Ce qui, vous en conviendrez, ne veut pas forcément dire qu'à l'arrivée, on aura un bon film. Peu nombreuses sont les adaptations réussies d'un univers vidéo ludique. Assassin's Creed, je connais, j'ai les jeux chez moi. L'annonce de voir débarquer cette licence culte au cinéma m'a intrigué et c'est plutôt confiant que j'attendais les premières réactions du public, surtout que l'acteur principal, Michael Fassbender, s'est investi avec pas mal de passion sur le projet et que le réalisateur choisi, Justin Kurzel, m'avait surpris avec son premier film réalisé en 2011, Les Crimes de Snowtown. Je n'ai pas vu sa version de Macbeth avec justement Michael Fassbender et Marion Cotillard, qu'il dirige à nouveau dans Assassin's Creed. Les premiers échos étaient plutôt mitigés mais comme ma devise est de laisser sa chance à tout film sans me préoccuper de l'avis des autres, j'ai donc emprunter le film à mon neveu et j'ai pu le visionner, avec certes un an et demi environ de retard mais l'important, c'est de voir les films, qu'importe le moment. Bref, voilà, c'est fait, j'ai vu Assassin's Creed. Vous le savez si vous me suivez, je suis très bon public, ce qui, pour moi, est une grande qualité car je prend du plaisir à de nombreux film qui sont boudés par un public qui ne sait plus se laisser aller, être diverti simplement et analyse la moindre parcelle d'image pour y trouver des défauts servant leur critique acide et souvent infondée, si ce n'est par la mauvaise foi. Chacun son ressenti après tout. Si ce n'est pas le film de l'année, si je ne crierai pas à la réussite totale, loin de là, j'ai été agréablement surpris par cette adaptation, qui ne lésine pas à mettre en avant la mythologie de la série, surtout le premier jeu, et devrait satisfaire les fans du jeu vidéo justement, au risque de désorienter un peu les néophytes sur le sujet. Le film alterne en effet des séquences se déroulant à notre époque avec d'autres se déroulant en Andalousie, en 1492. Si vous avez déjà joué au jeu vidéo, vous connaissez le principe : un homme, dont un ancêtre faisait partie de la Confrérie des Assassins, est placé, à notre époque, dans un machine révolutionnaire, l'Animus, qui va lui permettre de revivre les souvenirs de cet ancêtre, à l'époque où il a vécu. D'une fidélité assez remarquable à l’univers vidéo ludique de la saga, le réalisateur nous offre donc tout ce qu'on attend d'un film qui s'appelle Assassin's Creed : l'entreprise Abstergo, dirigée par les templiers ; la machine Animus permettant de revivre le passé, au look plus cinématique par contre qu'un simple caisson ; des allers-retours entre présent et passé ; des assassins en costumes à capuche ; l'aigle qui suit les assassins et nous propose de jolis plans aériens ; la lame rétractable, arme préférée des assassins ; des sauts dans le vide à des hauteurs vertigineuses ; une reconstitution d'époque dans des paysages magnifiques, avec des tas de bâtiments à escalader pour les assassins ; des combats musclés où les capacités physiques des assassins sont bien mises à contribution ; un contraste total entre les scènes du présent (dans un laboratoire, avec des tonalité bleu, froide) et celles du passé (inquisition espagnole, désert, minarets et tonalité jaune, chaleureuse) et j'en passe. Difficile de faire la fine bouche et la réalisation de Justin Kurzel, pas vraiment spécialisé dans ce type de film d'action à gros budget, convient parfaitement à l'aventure. Les scènes d'action, parfois un peu "à la Matrix", avec quelques ralentis et chorégraphies bien senties, remplissent le cahier des charges et s'avèrent efficaces, sans en faire trop non plus et tout miser sur le spectaculaire. J'ai vraiment apprécié toutes les séquences se déroulant dans le passé et qui donnent tout son intérêt au film. Michael Fassbender dans le rôle du double-héros (passé et présent) s'en sort haut la main et accompli quelques prouesses physiques lors des combats, ce qui leur donne une bonne dynamique. Marion Cotillard, ravissante, interprète une scientifique à la solde de son père, ce dernier étant joué par un Jeremy Irons, assez transparent ici. Divertissant dans son ensemble, le film aurait pu durer plus longtemps, pour prendre le temps d'expliquer plus en détail les relations entre templiers et assassins. En 116 minutes, le scénario n'a pas pu être développé à ce niveau et c'est ce qui laissera sûrement sur le carreau le spectateur qui ne connaît pas l'univers des jeux vidéos. Le final laisse évidemment présager d'une suite et honnêtement, ça ne me dérangerait pas qu'elle voit le jour car je retournerai bien à la suite de Michael Fassbender et Marion Cotillard, pour explorer plus avant le mystère de la confrérie des assassins et leur Credo...


HOT THRILLS AND WARM CHILLS

HOT THRILLS AND WARM CHILLS
(Hot Thrills and Warm Chills)

Réalisateur : Dale Berry
Année : 1967
Scénariste : Herman Eldeweis 
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, érotique
Interdiction :-16 ans
Avec : Rita Alexander, Bubbles Cash, Lorna Maitland, Susan Branson, Jeane Manson...


L'HISTOIRE : Toni invite chez elle Dody et Kitten, deux de ses amies qu'elle n'a pas vu depuis des années. Après les avoir questionné sur leur mari respectif et leur vie conjugale, Toni leur expose le pourquoi de leur retrouvaille. Elle veut reformer le gang de braqueuses qu'elle avait créé avec ses deux amies pour monter un dernier coup : dérober la couronne d'une grande valeur qui va être remise au gagnant du carnaval de Rio...

MON AVIS : Réalisateur totalement inconnu du grand public et même des cinéphiles les plus pointus, Dale Berry est un texan, guitariste et chanteur dans un groupe de country. Dans les années 60, il découvre l'univers des clubs de strip-tease et des films de sexploitation. Il décidera alors d'en réaliser, avec pour actrices des strip-teaseuses rencontrées dans les clubs, comme Bubbles Cash ou Rita Alexander. Une carrière derrière la caméra de courte durée puisqu'il n'aura que quatre films à son actif : Passion in the Sun (1964), Hot Blooded Woman (1965), Hip Hot and 21 et ce fameux Hot Thrills and Warm Chills, tous deux réalisés en 1967. Des micros-budgets, tournés uniquement pour amasser un maximum d'argent, filmés en noir et blanc et qui ont la particularité de ne pas prêter grande attention au scénario ou à la linéarité de l'histoire. C'est effectivement le cas dans le film qui nous intéresse ici, à savoir Hot Thrills and Warm Chills. Vous allez avoir l'impression, à plusieurs reprises, qu'il manque des scènes ou que l’enchaînement n'a parfois ni queue ni tête. Rassurez-vous, vous ne vous êtes pas endormis et le film n'est pas cut. C'est juste que Dale Berry a une manière bien à lui de structurer ses films, aux antipodes de la normalité. Incompétence, méconnaissance des techniques de cinéma, je m'en foutisme total ou vision d'auteur, je ne sais pas. Toujours est-il qu'on a l'impression de regarder un film "autre", non-sensique, arthaudien comme dirait Lucio Fulci. Un des personnages (Kitten) nous racontent sa vie sentimentale ratée avec son mari et on a un flashback qui suit cette discussion. On s'attend évidemment à voir Kitten et ce dernier mais pas du tout. On aura droit au mari mais avec une autre actrice. Curieux. Il en sera de même dans la scène suivante, où c'est au tour de Dody de nous parler de sa vie qui ne lui convient pas avec son mari. On se dit qu'on va voir Dody et son mari dans un flashback mais encore une fois, on a tout faux, le réalisateur préférant filmer le trio d'amies se mettre à danser et zapper la discussion qui vient d'avoir lieu, le tout avec une caméra parfaitement statique, qui ne bouge même pas quand l'une des actrices vient se mettre pile devant l'objectif, nous masquant le reste de la séquence. On a un sentiment d'incompréhension et d'incrédulité qui germe en nous et on se demande si on va réussir à tenir comme ça durant les 68 minutes que dure le film. Heureusement, la star du film, Toni, est interprétée par la sculpturale Rita Alexander, star de l'effeuillage burlesque, surnommée "The Champagne Girl" pour son numéro dans lequel elle pose une coupe de champagne sur un de ses seins et la boit sans les mains. Généreusement pourvue au niveau du buste comme vous l'avez compris, elle aurait tout à fait eu sa place dans un film de Russ Meyer. Le film de Dale Berry est quasiment sa seule apparition au cinéma. On la reverra dans un épisode de la série Switch (1976), Charlie et ses drôles de dames (1978) et dans le film Fake-Out en 1982. Pourtant, son look et sa poitrine aurait pu intéresser Russ Meyer comme déjà dit mais aussi Doris Wishman ou Herschell Gordon Lewis par exemple. Elle est en tout cas une bonne raison de visionner Hot Thrills and Warm Chills, surtout qu'elle nous dévoile ses attributs mammaires durant une scène du film et nous propose son numéro de la coupe de champagne en cadeau ! Un érotisme gentillet pointe donc le bout de son nez pour nous tenir éveillé devant un tel "ofni" déstructuré. La suite de l'histoire (?) se focalise sur notre trio de demoiselles qui, comme George Clooney et ses potes, décident de réaliser un ultime braquage qui leur permettra d'aller se reposer dans les îles des Caraïbes. Evidemment, par manque de moyen ou inattention, Dale Berry oublie de nous montrer le braquage et envoie aux trousses des filles quelques policiers qui n'hésitent pas à tirer au beau milieu de la foule du carnaval de Rio (enfin je crois que c'est Rio, parce que c'est pas prouvé non plus au vu de certains dialogues contradictoires !). Arrive alors les dix dernières minutes qui sont franchement assez intéressantes et méritent notre attention. Le style du film se rapproche lors de ce final des roughies de Russ Meyer (Mudhoney, Lorna, Faster Pussycat...), avec un peu de violence et des femmes qui ne se laissent pas faire et qui frappent les policiers de manière virulente. Toni se retrouvera enfermée dans un caveau par inadvertance après une course poursuite dans un cimetière (on se croirait presque dans un film de Jean Rollin) et n'aura plus qu'une solution pour s'en sortir. Un final assez nihiliste et qui redonne un semblant d'intérêt à l'ensemble du film. Hot Thrills et Warm Chills est uniquement à réserver aux spectateurs curieux de découvrir un cinéma différent des standards imposés. Outre son manque de cohésion entre les séquences, il nous propose des scènes de danses, de la musique afro-cubaine bien rythmée, des filles à la poitrine généreuse, un faux viol, un peu d'érotisme, une scène assez drôle dans laquelle on croit que l'une des héroïnes se fait faire un cunnilingus, avec moult gémissements mais en fait, pas du tout, et surtout Rita Alexander. Pas un bon film, c'est clair, un casting amateur, une mise en scène quelconque mais c'est tellement intrigant qu'au final, je ne regrette pas ma vision de ce film, même si je ne pense pas le revoir une seconde fois.

* Disponible sur le site de Nicolas Winding Refn avec STF     

Extrait :

L'AU-DELÀ

L'AU-DELÀ
(...E tu vivrai nel terrore! L'aldilà / The Beyond

Réalisateur : Lucio Fulci
Année : 1981
Scénariste : Dardano Sacchetti, Giorgio Mariuzzo, Lucio Fulci
Pays : Italie
Genre : Horreur, Fantastique, Gore
Interdiction :-16 ans
Avec : Catriona MacColl, David Warbeck, Cinzia Monreale, Antoine Saint-John...


L'HISTOIRE : Liza Merril hérite d'un vieil hôtel abandonné à la Nouvelle-Orléans. Elle décide de le faire rénover mais très vite, d'étranges incidents et accidents se produisent. Elle fait la rencontre d'Emily, une jeune fille aveugle qui la met en garde contre les dangers inhérents au passé de l'hôtel, et du docteur John McCabe, qui va tenter de l'aider à résoudre le mystère entourant cette vieille bâtisse et la chambre 36. Liza et John vont découvrir l'existence du livre d'Eibon, un ouvrage de sorcellerie qui prétend que sept portes menant aux Enfers seraient disséminées sur Terre. L'hôtel dont a hérité Liza serait l'une d'entre-elles...

MON AVIS : Après une carrière prolifique dans la comédie, le western, le film d'aventure ou le giallo, Lucio Fulci accède au stade supérieur de la popularité en 1979 avec L'Enfer des Zombies. Face au succès mondial de cet excellent film d'horreur, le réalisateur transalpin poursuit dans ce registre dès l'année suivante avec Frayeurs, puis en 1981 avec Le Chat Noir, L'Au-Delà et La Maison près du Cimetière. Pour beaucoup de fans du maestro italien, L'Au-Delà est son chef-d'oeuvre absolu. Un avis que je ne partage pas, lui préférant largement Frayeurs (qui est à mes yeux SON chef-d'oeuvre) et peut-être même La Maison près du Cimetière. Toutefois, impossible de nier pour votre serviteur les qualités évidentes de L'Au-Delà, qui n'en reste pas moins un pur classique du genre. Dès la scène d'introduction, Fulci frappe fort. Il surprend d'entrée de jeu le spectateur en réalisant cette séquence introductive dans un très beau noir et blanc / sépia, où un jeune peintre va subir les foudres des villageois qui l'accusent d'être un sorcier au vu des peintures qu'il réalise. D'abord fouetté par des chaînes qui lacèrent ses chairs, le peintre sera ensuite crucifié sur un mur avant d'avoir le visage recouvert de chaux brûlante. Une mise à mort éprouvante pour une première séquence, qui nous fait penser qu'on va avoir droit à un vrai film d'horreur sans concession par la suite. Ce qui sera effectivement le cas, les scènes gores de L'Au-Delà étant certainement ce qui se faisaient de plus horribles à l'époque de sa sortie. La suite du récit se situe au même endroit où le peintre a été lynché (un hôtel en Louisiane) mais des années plus tard. L'immeuble abandonné a une nouvelle propriétaire, Liza (ravissante Catriona MacColl), qui veut le rénover. Une équipe se charge des travaux. Des événements étranges vont alors se produire. Un des ouvriers découvre une entrée dans un mur et se fait tuer par une main aux doigts griffus. C'est le début d'une série de morts horribles et surnaturelles. Ayant été marqué par le Inferno de Dario Argento sorti l'année précédente et par la structure non-sensique de ce dernier, Fulci va faire de même dans L'Au-Delà : le film enchaîne en effet les séquences abominables sans véritable lien entre-elles. Les effets spéciaux et les maquillages sont dus aux talentueux Gianetto de Rossi et Maurizio Trani, qui se sont surpassés dans le domaine de l'horrible. Laissant libre court à leur imagination, les deux artistes nous révulsent avec deux énucléations, un visage totalement liquéfié par de l'acide liquide, une boîte crânienne qui explose, une gorge déchiquetée par un chien, une impressionnante attaque d'araignées dont les mandibules iront jusqu'à dévorer une langue (et ce, malgré le fait qu'on devine sans peine les deux araignées mécaniques dissimulées parmi quelques vraies tarentules) et un final cauchemardesque avec des zombies (figures imposées par le producteur), avec moult explosions de têtes et impacts de balles. Le rouge est donc à l'honneur dans L'au-Delà et les amateurs de gore seront aux anges. Comme dit précédemment, la structure narrative du film de Fulci est assez confuse et ne respecte pas un schéma classique. L'histoire est elle-même n'a pas de réelle logique et pourra apparaître comme fouillis ou décousue par les spectateurs n'ayant jamais vu le film. Une histoire qui emprunte de nombreuses références à une multitude de films (Shining, InfernoSuspiria, La sentinelle des Maudits, les Diaboliques et surtout Carnival of Souls, comme le dit très justement Lionel Grenier dans les bonus de la superbe édition d'Artus Films) ainsi qu'au célèbre écrivain Lovecraft avec le livre d'Eibon qui apparaît dans quatre nouvelles du maître de Providence. Quelques défauts sont à signaler, comme le héros qui a compris qu'il fallait tirer dans la tête des zombies pour les tuer mais qui continue néanmoins à mettre quelques balles dans leur ventre. Un détail qui peut même faire sourire lors de la sublime séquence finale. Mais qu'importe, le spectacle horrifique est bien là et on assiste à une œuvre baroque, où tout respire la pourriture et la mort. La mise en scène est classieuse, la photographie somptueuse. Certaines scènes sont surprenantes, comme l'apparition brutale de la jeune aveugle Emily au milieu d'un pont qui surplombe l'océan, le cadavre du peintre qui remonte à la surface de l'eau dans une baignoire et bien sûr la représentation "live" de "la mer des ténèbres", d'une beauté picturale indécente. Le tout magnifié une nouvelle fois par la musique de Fabio Frizzi. Reste que, en ce qui me concerne, l'absence de linéarité dans le scénario, ce côté décousu dans l'enchaînement des séquences, des transitions, le fait qu'on ne comprenne pas toujours pourquoi tel ou tel acte a lieu et pourquoi il a lieu, m'empêche de d'apprécier L'Au-Delà à 100%. Certes, ce manque de repère permet au film d'affirmer pleinement un côté onirique et fantastique dans lequel la rationalité n'a pas lieu d'être. Mais j'ai parfois l'impression de regarder un catalogue de séquences gores sans qu'une vraie ambiance palpable s'en dégage. L'Au-Delà ne fait jamais peur, à contrario de Frayeurs qui dégage une puissance morbide à nul autre pareil, que la partition tétanisante de Frizzi vient augmenter. Allez, je suis un peu tatillon car j'aime évidemment beaucoup L'Au-Delà, que je revois régulièrement. Mais ce n'est pas le chef-d'oeuvre de Fulci.

* Disponible en combo DVD + BR + LIVRE chez ARTUS FILMS

L'EDITION ARTUS FILMS :

Présenté en format Mediabook, L'Au-Delà sort donc chez Artus Films qui nous a offert L'Enfer des Zombies dans le même format. La polémique qui avait suivi cette sortie, concernant la méthode de rangement des disques dans ce médiabook, va peut-être resurgir car tout est à l'identique, on doit toujours faire glisser le DVD ou le BR de sa pochette cartonné pour l'extraire. MAIS l'éditeur a tout de même ajouté un petit film plastique de protection pour prévenir toute éventuelle rayure. Personnellement, je n'ai rien à redire sur cette méthode qui ne cause aucune rayure sur mes disques. Il y aura toujours des mécontents de toute façon. Toujours est-il que je n'avais jamais vu L'Au-Delà avec une telle qualité d'image. La copie est magnifique, les détails sont précis et le gore encore plus gore ! Au niveau des bonus vidéos, on trouve une interview de la belle Catriona MacColl qui nous parle avec une grande tendresse de Fulci, une interview de Cinzia Monreale (Emily), une interview de Michele Mirabella (l'homme qui se fait dévorer par les tarentules) et un module analytique très intéressant de Lionel Grenier sur L'Au-Delà. Le livre de 80 pages possède les mêmes qualités et le même "défaut" que le précédent. Sur les 80 pages proposées, seulement 23 sont consacrées au film de Fulci. Le reste est composé d'un excellent dossier sur l'utilisation du cadre de la Louisiane dans le cinéma fantastique par Gilles Vannier et d'une analyse sur le dernier film de Fulci (Le Porte del Silenzio). Le tout avec moult images et affiches de films. Ce n'est pas que ces deux sujets ne sont pas intéressants, bien au contraire, mais j'aurai préféré un ouvrage entièrement dédié à L'Au-Delà, avec jeux de photos de différents pays, affiches de diverses nationalités ou textes de divers auteurs sur le film, les effets spéciaux, etc. Mais en l'état, c'est un superbe objet que tout collectionneur se doit de posséder de toute façon.



REVENGE

REVENGE
(Revenge)

Réalisateur : Coralie Fargeat
Année : 2017
Scénariste : Coralie Fargeat
Pays : France
Genre : Horreur, Survival, Rape & Revenge
Interdiction :-12 ans
Avec : Matilda Anna Ingrid Lutz, Kevin Janssens, Vincent Colombe, Guillaume Bouchède...


L'HISTOIRE : Trois riches chefs d’entreprise quarantenaires, mariés et bons pères de famille se retrouvent pour leur partie de chasse annuelle dans une zone désertique de canyons. Un moyen pour eux d’évacuer leur stress et d’affirmer leur virilité armes à la main. Mais cette fois, l’un d’eux est venu avec sa jeune maîtresse, une lolita ultra sexy qui attise rapidement la convoitise des deux autres... Les choses dérapent... Dans l'enfer du désert, la jeune femme laissée pour morte reprend vie... Et la partie de chasse se transforme en une impitoyable chasse à l'homme...

MON AVIS : Dieu que ça fait du bien. Après la méga-déception Grave de Julia Ducornau et son cinéma pseudo-intello auteurisant gore pour faire le buzz en festival, Coralie Fargeat nous offre une bouffée d'air frais avec son premier film, Revenge. OK, bouffée d'air frais, il faut le dire vite puisque le film joue dans la cour du film de Rape & Revenge et n'offre pas grand chose d'original dans ce genre ultra balisé et popularisé avec des titres phares comme La Dernière Maison sur la Gauche, I Spit on your Grave (1978 et 2010) ou L'Ange de la Vengeance par exemple. Mais ce que j'entends par là, c'est que Revenge est l'antithèse totale de Grave et c'est en ça qu'il m'a oxygéné durant ses 108 minutes. Le film de Julia Ducournau possède ses fans et c'est tant mieux. Toute tentative de faire du cinéma "de genre" en France est à saluer, voir à soutenir. Mais en ce qui me concerne, il représente tout ce que je déteste dans le cinéma que j'aime. Tout y est préfabriqué pour moi, il n'y a aucune sincérité dans Grave, qui, et ce n'est que mon avis, n'a été conçu que pour faire défaillir le public lambda des festivals "génériques" et non spécialisés. Tout l'inverse de Revenge. Coralie Fargeat n'a pas cherché à faire un film intello pour bobo parisien ou festivalier en manque de sensations fortes sur la Croisette. Elle nous offre un film brut de décoffrage , d'une simplicité confondante mais qui se révèle d'une réelle efficacité tant il n'y a pas d'artifices pré-réfléchis. L'histoire est certes classique, traditionnelle même pourrait-on dire : un homme riche, beau gosse, trompe sa femme avec une superbe poupée à l'anatomie parfaite dans une luxueuse villa perdue en plein désert. Il est rejoint par deux amis dont l'un n'a pas la notion du "consentement" en tête et va violer la jolie poupée. Pour ne pas créer de remous, l'homme riche et ses potes tentent de se débarrasser de la jolie poupée. Meurtrie et laissée pour morte, cette dernière n'entend pas se laisser malmener par ces trois machos et va leur faire payer cher leurs actes. Voilà, rien de neuf au pays du Rape & Revenge. Seulement, Coralie Fargeat connaît assurément ses classiques et va régurgiter ses influences dans ce brûlot féministe qui fait de la femme, éternelle victime des films d'horreurs, le prédateur à éviter. Magnifiquement filmé dans le superbe désert marocain, Revenge utilise au mieux ce paysage aride pour nous décrire cette traque à deux sens qui va s'avérer assez brutale pour les quatre protagonistes principaux. Sans prise de tête, sans chercher une réelle crédibilité dans ce qu'il nous propose (pas sûr qu'on tienne le choc aussi bien que l'héroïne si on subissait le même sort, à moins de s'appeler John Rambo) mais avec un esprit totalement Bis, Revenge s'autorise tous les excès, n'hésite pas à mettre ses acteurs à nu, au propre comme au figuré. Les spectateurs apprécieront la plastique de la bimbo Matilda Anna Ingrid Lutz (véritable révélation du film !) quand les spectatrices en auront pour leur argent avec le corps dénudé (et pas que de dos) de l'acteur Kevin Janssens. Les amateurs de violence apprécieront les effets gore à l'ancienne, une explosion de tête efficace, un retrait de bout de verre qui fait grincer les dents et un final grand-guignolesque, avec une héroïne au pose iconique, armée de son fusil de chasse à lunette. Revenge est une belle carte postale que vient repeindre en rouge le sang des acteurs. Simple, efficace. Et pas préformaté. Du cinéma français enragé comme je l'aime quoi...


WONDER

WONDER
(Wonder)

Réalisateur : Stephen Chbosky
Année : 2017
Scénariste : Stephen Chbosky, Steve Conrad
Pays : Etats-Unis, Hong Kong
Genre : Comédie, Drame
Interdiction :/
Avec : Jacob Tremblay, Owen Wilson, Izabela Vidovic, Julia Roberts...


L'HISTOIRE : August Pullman est un petit garçon né avec une malformation du visage qui l’a empêché jusqu’à présent d’aller normalement à l’école. Aujourd’hui, il rentre en CM2 à l’école de son quartier. C’est le début d’une aventure humaine hors du commun. Chacun, dans sa famille, parmi ses nouveaux camarades de classe, et dans la ville tout entière, va être confronté à ses propres limites, à sa générosité de cœur ou à son étroitesse d’esprit. L’aventure extraordinaire d’Auggie finira par unir les gens autour de lui...

MON AVIS : Vous vous souvenez du très beau film Mask de Peter Bogdanovich réalisé en 1985 ? Si vous l'avez apprécié, alors nul doute que vous adorerez Wonder et son petit garçon au visage disgracieux. Attention par contre, l'ensemble est assez "guimauve", très fleur bleue et blindé ad nauseam de bons sentiments. Ce n'est pas le pays des Bisounours mais on n'en est pas loin. Même les enfants, dont on sait très bien quel degré de cruauté ils peuvent s'infliger entre-eux à l'école, n'arrivent pas à se montrer vraiment méchants dans le film. Certes, le pauvre Auggie subit quelques moqueries pas franchement sympas de certains élèves mais comme tout se finira par un joyeux happy-end attendu, on ne s'en fait pas trop pour lui. Film sur la tolérance et l'impact du regard des autres, qu'il va falloir changer, Wonder séduit malgré tout grâce à sa jolie histoire et l'interprétation solide de son jeune acteur prodige. L'excellent Jacob Tremblay donne corps et âme à son personnage et il est bien difficile de ne pas se sentir touché ou ému par les mésaventures de ce petit héros à qui il faut faire comprendre que la vraie beauté se situe au fond de nous. Plus facile à dire qu'à faire quand on a une malformation au visage qui nous éloigne du stéréotype du beau petit garçon. Sensible derrière sa propension à tout faire pour nous arracher des larmes, le réalisateur Stephen Chbosky a la bonne idée de nous dresser le portrait de plusieurs personnages et de nous montrer l'impact qu'à Auggie dans leur vie. Les parents sont en première ligne évidemment (avec une larmoyante Julia Roberts et un transparent Owen Wilson), tout comme sa grande sœur, superbement interprétée par la lumineuse Izabela Vidovic. Cette dernière, malgré un visage particulièrement jolie, à elle aussi de nombreux souci à gérer et c'est ce qu'elle va tenter de faire comprendre à son petit frère, qu'elle surnomme "le soleil", car c'est évidemment lui qui accapare toute l'attention de ses parents qui finissent parfois par en oublier qu'ils ont aussi une fille à s'occuper. Drame de l'adolescence, amitié difficile, sentiment d'impuissance, don de soi, les personnages vont et viennent, évoluent, s'adaptent, changent de comportement au grès du temps passé au côté d'Auggie. Un bien joli film en tout cas, qui mélange rire et larme mais qui procure beaucoup de plaisir. A voir en famille.


LA FORME DE L'EAU

LA FORME DE L'EAU
(The Shape of Water)

Réalisateur : Guillermo del Toro
Année : 2018
Scénariste : Guillermo del Toro, Vanessa Taylor
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique, Romance
Interdiction :/
Avec : Sally Hawkins, Octavia Spencer, Michael Shannon, Richard Jenkins, Doug Jones...


L'HISTOIRE : Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultra-secret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres : un être amphibien, trouvé en Amazonie, se voit devenir la source d'intérêt numéro 1 des USA et de la Russie, alors en pleine guerre froide. Elisa va prendre la créature en compassion...

MON AVIS : Avec ses quatre Oscars, dont celui du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur, le dernier film en date de Guillermo del Toro a su toucher autant les fans du réalisateur mexicain qu'un public plus lambda, plus "généraliste". La Forme de l'Eau, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est le dixième long métrage de Del Toro. Fidèle à ses aspirations, il nous propose un film fantastique d'une beauté picturale exemplaire, dans lequel le "héros" est un "monstre", une créature comme il les affectionne et qui se révélera bien plus humaine que les humains. Cette créature, croisement entre le Gill-Man de La Créature est parmi nous et le Abe Sapiens des deux Hellboy, est fort réussie et saura toucher le cœur des amateurs de romance inattendue et originale. Seulement voilà. Encore faut-il y croire à cette histoire d'amour entre une muette et un être amphibien. En ce qui me concerne, je suis mi-figue, mi-raisin. Bien sûr, je reconnais que cette fable, ce conte qui mêle féerie, fantastique, guerre froide et ode à la tolérance face à la différence est bien filmé, bien mis en scène. Le casting s'avère convaincant, notamment Michael Shannon, parfait dans le rôle du pourri de service dont on ne souhaite qu'une seule chose : qu'il crève dans d'atroces souffrances ! La reconstitution de l'époque est elle aussi assez remarquable dans le fourmillement de détails proposé par Del Toro et son équipe de décorateurs. Seulement, la beauté picturale de l'ensemble ne peut faire oublier les maigres enjeux du scénario, son manque de rebondissement, ses nombreuses scènes s'intéressants à des personnages secondaires faisant passer la romance hors-norme au second plan et son manque de réelle originalité. Cette version aquatique de La Belle et la Bête est un joli film, on est d'accord, mais qui se révèle assez niais la plupart du temps et surtout peu crédible. Sous prétexte que l'héroïne est muette et qu'elle se sent différente des gens depuis son enfance, Del Toro la fait tomber raide dingue d'une créature bizarroïde juste parce que cette dernière accepte de manger des œufs et qu'elle est sensible à la musique ? Je grossis un peu le trait mais j'ai trouvé ce coup de foudre un peu rapide, même pour Cupidon. La scène d'amour dans une salle de bain transformée en piscine est très fleur bleue, très  poétique un peu culotté même il est vrai mais ce sera bien la seule prise de risque du film. Il reste que La Forme de l'Eau est agréable à regarder mais je ne lui ai rien trouvé de transcendant non plus, à contrario d'un Labyrinthe de Pan autrement plus excitant et enivrant et qui, lui, pour le coup, aurait mérité les Oscars décerné à La Forme de l'Eau. Un joli conte, que j'ai pris plaisir à voir mais je ne pense pas y  revenir une seconde fois pour ma part.