UNE HACHE POUR LA LUNE DE MIEL
(Il Rosso Segno della Follia)
Réalisateur : Mario Bava
Année : 1970
Scénario : Santiago Moncada
Pays : Italie, Espagne, France
Genre : Thriller, Épouvante
Interdiction : -12 ans
Avec : Stephen Forsyth, Dagmar Lassander, Laura Betti, Femi Benussi, Jesús Puente...
L'HISTOIRE : Propriétaire d'une maison de couture renommée, John Harrington, 30 ans, est un tueur paranoïaque ayant des pulsions meurtrières incontrôlables, qui le poussent à tuer des futures mariées et notamment les mannequins qui travaillent pour lui, ce qui amène l'inspecteur Russell à s'intéresser à son cas. Vivant une relation de couple très tenue avec sa femme Mildred, John tombe sous le charme d'une nouvelle recrue, Helen. Cette dernière va-t-elle réussir à refréner la folie meurtrière de John ?
MON AVIS : Après avoir bénéficié de son plus gros budget financier sur Danger Diabolik en 1968, Mario Bava revient aux petites séries B à faible budget dès 1970 et à ses premiers amours, à savoir le film d'épouvante, avec L'île de l’Épouvante et Une Hache pour la Lune de Miel, deux titres qui ne sont généralement pas ou peu cités par les fans du cinéaste italien, qui préfèrent mettre en avant Six Femmes pour l'Assassin, Le Masque du Démon, Les Trois Visages de la Peur ou La Baie Sanglante. Pourtant, le film qui nous intéresse ici, Il Rosso Segno della Follia pour son titre original, s'avère des plus intéressants même s'il est en deçà des titres précités. Son originalité vient du fait que dès le début, nous savons que le personnage principal, John Harrington, interprété par le peu expressif Stephen Forsyte, est un dangereux psychopathe, puisqu'il se décrit lui-même au public comme tel ! Une entrée en matière surprenante et qui ne manque pas d'intriguer et d'aiguiser notre intérêt. Puisqu'on connaît déjà l'identité de l'assassin, nous ne sommes donc pas dans un giallo. Bon. Les choses sont claires sur ce point. Reste que ce film est bel et bien un thriller mâtiné d'une belle ambiance de film d'épouvante, et qui joue avec les codes et clichés du giallo tout de même, puisqu'on y trouve des décors baroques, des jeux de lumière et de couleur comme sait si bien les utiliser et les mettre en valeur Mario Bava, des meurtres très soft niveau violence mais dont l'utilisation d'un hachoir de boucher scintillant leur donne une patine particulière, des visions fantomatiques d'une femme assassinée qui vient poursuivre son tueur, des demoiselles en détresse absolument charmantes dont Femi Benussi et la ravissante Dagmar Lassander, et surtout, un trauma d'enfance responsable des pulsions meurtrières de notre héros/tueur, qui a un gros souci avec les mariées. Là où le film pourrait se contenter de s'inspirer de Psychose, Bava et le scénariste Santiago Moncada innovent, dans le sens où c'est l'assassin qui mène l'enquête ici et qui va tenter de comprendre les raisons de sa folie, chaque meurtre lui permettant d'obtenir une nouvelle pièce du puzzle que son esprit tente de recomposer et d'assembler. Ce voyage au sein du subconscient d'un tueur en série préfigure des œuvres futures, comme Henry Portrait of a Serial Killer ou Schizophrénia par exemple. Le spectateur adepte de cinéma de genre aura sûrement assembler les rouages de l'histoire avant le personnage principal mais ce n'est pas bien grave car les événements présentés et la mise en scène maintiennent un intérêt constant, et les images souvent sublimes de Bava émerveillent la rétine et font de Une Hache pour la Lune de Miel un film qui mériterait d'être mieux mis en avant dans la filmographie du maestro italien. On trouve même quelques similitudes avec le futur Maniac de William Lustig, pas au niveau du gore ni de la violence bien sûr mais avec l'utilisation des mannequins statiques que le tueur habille en mariée. L'acteur Stephen Forsyth a dit que Bava ne lui avait quasiment donné aucune indication sur comment jouer son personnage mais il n'en avait pas besoin puisque le réalisateur s'est justement servi du flagrant manque d'expression de l'acteur pour composer un tueur inexpressif, neutre, qui marche ou qui bouge presque comme s'il était lui-même un mannequin justement. Réservant quelques beaux moments visuels, dont l'attaque de la femme de John entre autres, filmant avec brio son casting féminin et ayant retravaillé le scénario pour mieux mettre en valeur l'actrice Laura Betti qui voulait tourner un film avec lui car elle le considérait comme un très grand metteur en scène, Mario Bava a réalisé un film loin d'être anecdotique et qui possède de solides qualités.
* Disponible en DVD et BR chez ESC DISTRIBUTION
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