LARVA MENTAL
(Larva Mental)
Réalisateur : Mikel Balerdi
Année : 2020
Scénario : Mikel Balerdi
Pays : Espagne
Genre : Horreur, Extrême
Interdiction : -16 ans
Avec : Mikel Balerdi, Daieri Gaonoa
L'HISTOIRE : Un homme part en voyage d'affaire et laisse sa jeune fille seule à la maison. Cette dernière parcourt l'ordinateur familial et tombe sur un dossier caché de son père dans lequel se trouve une vidéo le montrant se masturber par l'anus avec un crucifix puis se couvrir le corps de sang et de matière fécale, le visage camouflé sous un masque de porc. Horrifiée, la jeune fille ne peut s'enlever de la tête les images de son père commettant ces actes et sombre dans la dépression, allant jusqu'à se mutiler et se suicider. De retour chez lui après plusieurs jours, le père découvre le cadavre putréfié de sa fille. Inconsolable, il plonge dans les affres de la drogue et de l'auto-mutilation...
MON AVIS : Avec le label Tetro Video, le réalisateur Domiziano Cristopharo (Doll syndrome, House of flesh mannequins entre autres) exhume des films rares ou méconnus, anciens ou récents, et donne souvent sa chance à de jeunes réalisateurs prometteurs, tels Patricio Valladares, Sam Curtain, Brett Mullen ou Alex Hernández par exemple, de se faire connaître en éditant leur film via ce label spécialisé dans le cinéma d'horreur et le cinéma extrême underground. Avec Larva Mental, c'est au tour de Mikel Berlani d'être mis en avant. Cet artiste d'origine basque touche à divers domaines, comme la peinture, la photographie mais également le "body art", faisant des shows de suspension corporelle par exemple. Avec la majeure partie du corps recouvert de tatouage, Mikel Balerdi s'exprime avec le langage corporel dit extrême, et qui ne s'adresse pas à tous les publics. Il en va de même avec son premier film, Larva Mental donc, une oeuvre d'une durée de 61 minutes qui n'est clairement pas à mettre devant tous les yeux et qui fera sûrement son petit effet choc sur le public. Quasiment entièrement muet, Larva Mental est autant un film extrême underground qu'un film expérimental. La découverte des perversions de son père (masturbation blasphématoire, coprophilie et autres joyeusetés) via un vidéo qu'elle n'était pas censée regarder va entraîner une jeune adolescente dans une spirale auto-destructrice qui va lui coûter la vie. Le film démarre fort en terme de malaise puisqu'il s'ouvre sur deux corps nus sur un lit. On pense qu'il s'agit d'un homme et de sa femme et on découvrira qu'il s'agit en fait de sa jeune fille, la mère étant décédée. D'entrée de jeu, l'idée d'un inceste présent dans cette famille nous vient à l'esprit. Les visions chocs contenues dans la vidéo mettent encore plus mal à l'aise, le réalisateur, qui est aussi l'acteur principal, se filmant avec voyeurisme, sans jamais camoufler ou détourner l’œil de sa caméra sur les abjections dont il nous fait profiter. Utilisant réellement son corps et ses orifices, aidés par des effets-spéciaux également, Mikel Belardi verse dans l'obscène en s'enfonçant un crucifix dans l'anus jusqu'au sang et en profite pour expulser des excréments par la même occasion, dont il va ensuite s'enduire le corps. Une séquence qui ne fait pas dans la dentelle et qui provoquera quelques remous dans l'estomac des plus fragiles. La suite ne se calmera pas et ira toujours plus loin dans l'immondice et la perversité. Passé le suicide de la jeune fille, Larva Mental va développer une thématique de la difficulté du deuil, difficulté entraînant son personnage principal dans une auto-destruction mortifère et sanglante. Devant la douleur ressentie face à la perte de sa fille, qui n'est plus qu'un cadavre putréfié, le père va s'infliger des sévices corporels en guise de châtiment, allant de la perforation du gland avec des clous enfoncés à l'aide d'un marteau (personnellement, j'ai détourné les yeux à plusieurs reprises, ne sachant pas s'il s'agissait d'effets-spéciaux ou d'une vraie performance corporelle, ce qui, dans les deux cas, n'aurait pas changer grand-chose de toute façon) à la mutilation au scalpel des cuisses et j'en passe et des meilleurs, le tout sous l'effet de la drogue qu'il s'injecte de façon régulière. Je vous l'ai dis, Larva Mental n'est pas pour les petites natures ! On aura même droit à de la nécrophilie puisque le père, dans une crise d'hystérie, va s'envoyer le cadavre de sa propre fille, l'idée de l'inceste ressentie au début du film resurgissant alors pour choquer encore plus. OK, le cadavre n'est pas aussi bien conçu que dans Nekromantik ou Erotik mais pour les néophytes, l'effet sera sûrement réussi en terme vomitif ! Reste que ce premier film de Mikel Balerdi, outre son aspect transgressif et malsain, dans lequel seule la noirceur et la décrépitude semblent de mise (aucune lueur d'espoir ne semblant devoir intervenir ici), se montre aussi poétique et artistique. Si la poésie ne naît pas des images proposées, elle provient de la musique utilisée pour les illustrer et qui agît presque comme une berceuse. Pas de musique métal agressive ici, c'est même tout l'inverse, ce qui a pour effet de créer un climat encore plus étrange, un peu comme la jolie partition de Riz Ortolani pour Cannibal Holocaust. La souffrance mentale du héros suite au décès de sa fille est également bien mis en avant et on ressent vraiment son impuissance et son désespoir lors de certaines séquences, dont l'émotion est amplifiée par la musique encore une fois. Sans gros budget, mais avec des idées derrière la tête, Mikel Balerdi nous invite donc à un voyage inconfortable, extrêmement graphique, dont la vision ne procure pas de plaisir. Larva Mental nous place dans une position incommodante, que les images scabreuses accentuent pleinement. C'est en tout cas une expérience insolite, que seuls les amateurs de films déviants et expérimentaux pourront apprécier, ainsi que les spectateurs ouverts d'esprit qui voudront découvrir un autre univers cinématographique, bien éloigné des standards classiques.
* Disponible en 2021 chez TETRO VIDEO
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