VOYAGE TO AGATIS
(Reise nach Agatis)
Réalisateur : Marian Dora
Année : 2010
Scénario : Marian Dora, Adrian d'Angelo
Pays : Allemagne
Genre : Thriller, Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Thomas Goersch, Tatjana Lommel, Janna Lisa Dombrowsky
L'HISTOIRE : La relation de couple entre Rafael et Isabell bât de l'aile. Devant faire une croisière en amoureux sur un voilier, Isabell supporte très mal que Rafael se soit autorisé d'inviter Lisa, une jeune fille rencontrée lors d'une escale. Cette dernière assiste aux querelles du couple à bord du voilier, Rafael semblant prendre un malin plaisir à pousser sa femme dans ses retranchements, en draguant ouvertement Lisa devant elle. La jeune fille est souvent mal à l'aise lorsque le couple se dispute mais elle profite du voyage et du soleil à bord de l'embarcation. Le comportement de Rafael devient de plus en plus violent et Lisa se met elle aussi à subir la mauvaise humeur de ce dernier. L'agréable croisière va vite se transformer en cauchemar pour Lisa...
MON AVIS : Réalisateur très discret dont on ne connaît pas grand chose de sa vie, l'Allemand Marian Dora (qui est d'ailleurs un pseudonyme) est un artiste multi-tâche (metteur en scène, scénariste, acteur, producteur, compositeur et j'en passe) qui est devenu une véritable référence au sein de la communauté des amateurs de cinéma underground trash et déviant. Après avoir mis en scène de très nombreux courts-métrages extrêmes dès 2002, il réalise Cannibal en 2006, basé sur le fait divers réel choc dans lequel un homme a passé une annonce sur internet pour trouver un cannibale qui accepterait de le manger ! Sa renommée grandit encore avec son second long métrage Melancholie der Engel datant de 2009. L'année suivante, il réalise son troisième film avec Voyage to Agatis. Un huis clos dont l'action se déroule principalement sur un petit voilier de croisière, avec trois personnages seulement : Rafael (Thomas Goersch), sa femme Isabell (Tatjana Lommel) et Lisa (Janna Lisa Dombrowsky). Le film démarre assez brutalement, avec une femme nue apeurée qui courre sur une plage et qui se retourne sans cesse, ce qui nous indique qu'elle est vraisemblablement poursuivie. C'est effectivement le cas et la malheureuse se fait assassiner au bord de mer par quelqu'un dont on ne verra que la main qui tient un couteau, l'arme venant lacérer la bouche de la victime à plusieurs reprises. Une entrée en matière choc qui laisse place ensuite à nettement plus de retenue, le réalisateur préférant cette fois se concentrer sur l'histoire et la relation de ses trois personnages plutôt que de tout miser sur les scènes malsaines. Rassurez-vous, il y en aura tout de même à la fin du film. Mais très clairement, Voyage to Agatis est plus un thriller psychologique qu'on pourra aisément ranger à côté de La Dernière Maison sur la Gauche de Wes Craven. La présentation du couple Rafael / Isabell nous indique que ces derniers ont des soucis et que leur relation n'est pas au beau fixe. Un couple au bord de la rupture amoureuse, que le comportement de Rafael n'aide pas à surmonter cette épreuve. Plutôt que de dialoguer avec son épouse et de faire des efforts, ce dernier préfère boire plus que de raison et se permet même d'inviter une jolie inconnue, la charmante blondinette Lisa, à venir passer du temps à bord de leur voilier. Le voyage devait être romantique et permettre au couple de faire le point et de se rabibocher. L'intrusion de Lisa vient tout compromettre et on comprend très bien la vive réaction d'Isabell, qui refuse de parler, de manger ou de boire. La tension entre Rafael, véritable macho en herbe, et sa femme désabusée, ne cesse d'augmenter au fil de la croisière et notamment lors d'une scène de repas qui met mal à l'aise. Marian Dora met en exergue cette relation houleuse, tout en prenant le temps de filmer la mer et les beaux paysages qui s'offre à nos protagonistes. On se demande où il veut amener son film, et quel rôle Lisa va jouer dans tout ça, Rafael semblant clairement être très intéressé par le charme et le corps de sa toute mignonne invitée. Il ne s'en cache même pas, n'hésitant pas à passer de la crème solaire sur le corps de Lisa, allant jusqu'à mettre la main dans la culotte et sur les fesses de la jeune fille, le tout sous le regard déprimé d'Isabell. L'érotisme n'est pas absent du film et Marian Dora filme ses actrices sans tabou. Et puis, petit à petit, Voyage to Agatis devient de plus en plus malsain, Rafael dévoilant une nouvelle facette de sa personnalité, s'en prenant à Lisa de manière sadique, sous le regard cette fois amusé d'Isabell. La jeune fille va se retrouver entièrement nue et attachée sur la coque avant du voilier, laissée ainsi toute la journée sous un soleil de plomb et toute la nuit sous un froid qui se devine. Qu'est-ce qui se passe ? Clairement, l'évolution de l'intrigue questionne, surtout que je n'avais pas lu le résumé du film et que j'étais vierge de tous renseignements. Le sort de Lisa, qu'on pensait sous la protection de Rafael, va alors se rapprocher de celui de la pauvre Mari Collingwood du film précité de Wes Craven, avec humiliations, tortures psychologiques et un brin de sadisme. La véritable personnalité du couple Rafael / Isabell apparaît alors, les masques tombent et on comprend leur petit jeu. Le final versera dans l'abject, avec des scènes peu ragoutantes, qui bénéficient de très bons effets-spéciaux et de maquillages, qui feront détourner les yeux des personnes sensibles. On retrouve le Marian Dora qui n'a aucune limite et qui est très versé dans l'horreur graphique. D'une courte durée de 74 minutes, Voyage to Agatis est un peu à part dans la filmographie de Marian Dora mais les amateurs de ce cinéaste retrouveront son style cru, ses images froides et son esthétisme de la violence. Un voyage cauchemardesque au final, malgré le soleil omniprésent et la mer bleu azur, le tout sur une jolie musique guillerette...
* Disponible en DVD (vostf) chez TETRO VIDEO, avec 3 courts-métrages de Marian Dora en bonus et un interview de Thomas Goersch
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