KING KONG
(King Kong)
Réalisateur : John Guillermin
Année : 1976
Scénariste : Lorenzo Semple Jr.
Pays : Etats-Unis
Genre : Aventure, Fantastique
Interdiction : /
Avec : Jeff Bridges, Charles Grodin, Jessica Lange, John Randolph, Ed Lauter...
L'HISTOIRE : Dans les années 70, la multinationale Petrox monte une expédition afin de trouver une île mystérieuse qui serait riche d'une formidable ressource en pétrole. Sous la direction de Fred Wilson, l'équipage tente de localiser l'île. Durant le voyage, le capitaine découvre un passager clandestin, le paléontologue Jack Prescott qui semble avoir des informations sur l'île. Peu de temps après, l'équipage récupère une petite embarcation à la dérive dans laquelle se trouve le corps d'une jeune femme, Dwan. Après avoir atteint l'île, cachée par un épais brouillard, Wilson, Prescott, Dwan et des membres de l'expédition découvrent que cette dernière est habitée par une tribu d'indigènes qui semblent vouer un culte au dieu Kong. Dans la nuit, les natifs capturent Dwan et l'offre en sacrifice à Kong, qui s'avère être un singe géant. Le primate prend en affection sa prisonnière. Wilson charge Jack Prescott de la retrouver et de capturer Kong afin de le ramener à New York...
MON AVIS : Il aura fallu 43 ans pour qu'un studio de cinéma décide de réaliser le remake de King Kong, chef-d'oeuvre de 1933 réalisé par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack. Alors que la Universal est pressentie, c'est finalement la Paramount qui hérite du projet. La première partie des 70's a vu le succès des films dits catastrophe, à l'image de Airport, L'Aventure du Poséidon, 747 en péril ou Tremblement de Terre par exemple. En 1975, c'est La Tour Infernale de John Guillermin qui bat des records d’affluence dans les salles et c'est logiquement à ce réalisateur que va échoir la lourde tâche de mettre en scène un remake des aventures du singe géant. La Paramount contacte le célèbre producteur italien Dino de Laurentiis pour mener à bien ce projet qui se veut pharaonique. Ce dernier ne souhaite pas reproduire à l'identique l'histoire du film de 1933, tout comme il ne désire pas utiliser le même procédé pour animer Kong. Il charge Carlo Rambaldi de construire un singe géant mécanique à taille réelle, qui se révélera être un véritable fiasco financier (plus d'un million de dollars pour cette construction grandeur nature!), cette réplique gigantesque ne s'avérant pas du tout pratique ni réussie. Elle n'apparaîtra d'ailleurs que quelques secondes vers la fin du film, et effectivement, ce n'est pas très beau à voir. Glen Robinson, autre spécialiste des effets mécaniques, construit de son côté les deux bras de Kong, qui seront actionnés par d'énormes vérins hydrauliques et qui serviront dans les séquences où Kong tient Jessica Lange dans ses mains. De Laurentiis se retrouve donc avec seulement deux bras opérationnels pour son Kong. Heureusement, un jeune homme qui s'est pris de passion pour les singes et les gorilles, et qui est extrêmement doué dans l'art de la création de masque et costumes simiesques réalistes, va venir sauver le projet. Son nom : Rick Baker, celui-là même qui nous offrira, entre autres, le superbe maquillage du Loup-Garou de Londres, maquillage qui lui vaudra d'ailleurs de remporter un Oscar en 1981. Baker montre ses masques au producteur italien et se propose même d'enfiler le costume pour interpréter Kong. De Laurentiis accepte. Aux équipes techniques de réussir à faire cohabiter Baker dans son costume et les bras mécaniques de Robinson, le tout supervisé par Rambaldi. On se doute que le tournage n'a pas du être simple, avec des conditions météos parfois peu clémentes et diverses techniques d'effets-spéciaux qu'il a donc fallu réunir pour tenter de créer une illusion parfaite. Malheureusement, l'illusion ne le sera pas, parfaite, et on distingue assez nettement les fonds verts, les décors en surimpression, la superposition de l'acteur avec les bras mécaniques et j'en passe. Du moins lorsqu'on revoit le film aujourd'hui. Sûrement qu'en 1970, l'illusion fonctionnait bien mieux, le spectateur n'ayant pas l’œil de lynx qui lui permet, de nos jours, de distinguer les effets spéciaux de ce type. Après, même si cette version 1976 n'atteint pas la perfection de celle de 1933 (qui le pourrait d'ailleurs ?), il faut tout de même admettre qu'il y a quand même pas mal de moments réussis dans le film de John Guillermin et que les masques de Rick Baker sont vraiment très réussis. La première partie du film, à savoir le début de l'expédition jusqu'à la première apparition de Kong, soit une bonne cinquantaine de minutes environ, est agréable à suivre et nous permet de faire amplement connaissance avec les trois personnages principaux, à savoir le paléontologue Jack Prescott (Jeff Bridges), le méchant exploitant pétrolier Fred Wilson (Charles Grodin) et l'ingénue Dwan, interprétée par la débutante Jessica Lange qui fait ici sa première apparition à l'écran, directement en rôle principale et ce, grâce à Dino de Laurentiis qui avait vu le potentiel chez la jeune femme de 27 ans. Le scénario et la nature même des personnages, différente du film de 1933 où on était en présence d'une équipe de cinéma, permet de mettre en avant un aspect écologique absent de ce dernier. La recherche de filon pétrolier par des multinationales peu soucieuses de s’accaparer la richesse d'autrui, quitte à s'imposer et à détruire la faune, la flore et même le lieu d'habitation des natifs, est un thème qui est, malheureusement, toujours d'actualité et qui est très présent dans le film de John Guillermin. Pour Fred Wilson, seul compte le profit, l'enrichissement personnel et celui de la compagnie Petrox. Capturer Kong et le soustraire aux indigènes ne représentent rien pour lui, il croit même faire une bonne action vis à vis de la population locale. Un jugement hâtif, superbement contrebalancé par un dialogue puissant de Jack Prescott, qui lui répond que bien au contraire, priver l'île de Kong va revenir à à priver les indigènes de leur Dieu, pour qui ils vouaient certes un culte de peur mais aussi d'admiration. Pour Prescott, sans Kong, les indigènes sont voués à la disparition ou à devenir alcooliques, leur île allant devenir le lieu de rendez-vous des touristes étrangers qui vont apporter et imposer leurs "coutumes" occidentales sans se soucier des dégâts qu'elles vont occasionner pour les locaux. On le voit, ce King Kong version 1976 colporte un beau message écologique qui, comme d'habitude, n'a pas plus été entendu dans les années 70 qu'à notre époque. Concernant la première apparition de Kong, elle est également réussie, tout comme la très jolie séquence où notre singe géant place Jessica Lange sous une cascade d'eau pour qu'elle enlève la boue sur ses vêtements et ses jambes avant de la laisser tomber dans un lac. Le masque crée par Rick Baker parvient à rendre crédible l'émotion que ressent Kong pour sa protégée. Les jolies décors naturels participent à la détente et au dépaysement et le film se laisse suivre sans ennui aucun. Les choses se gâtent un peu avec l'affrontement entre Kong et un anaconda géant, pas très bien réalisé et qui ne possède pas le charme des affrontements du film de 1933. Il est d'ailleurs dommage que le film de John Guillermin ait totalement mis de côté l'aspect monde perdu censé régner sur l'île. Là où de nombreux dinosaures vivaient dans Skull Island en 1933, l'île de 1976 semble avoir été dépouillée de toutes créatures antédiluviennes et c'est un gros point négatif. On pourra également trouver que certains dialogues frisent le ridicule, notamment quand Dwan balancent à Kong des répliques hallucinantes, lui demandant son signe astrologique par exemple !! Les séquences se déroulant à New York manquent d'émotions et de puissance, la faute à des effets spéciaux pas toujours au top et à des maquettes un peu trop voyantes. Certes, on me dira que les effets spéciaux de cette version 1976 sont plus modernes que ceux de 1933 mais honnêtement, je trouve que ces derniers sont bien plus cohérents au niveau de l'ensemble du film et, au final, se révèlent bien plus efficaces. Les fans purs et durs de la version 1933 crieront également à l'hérésie en voyant Kong délaissé l'Empire State Building pour aller se jucher en haut du World Trade Center (ce qui provoqua, à l'époque, la colère des employés de l'Empire State Building, qui firent grève tout en portant un masque de singe !). Je trouve pour ma part que l'idée n'est pas mauvaise en fait, surtout lorsqu'elle est mise en relation avec les images des deux montagnes existantes sur Skull Island, qui rappellent donc des souvenirs à Kong, d'où son désir de se rendre à cet endroit de New York. Le final est assez émouvant, les pleurs et les suppliques de Jessica Lange pour que Kong la prenne dans sa main afin que les militaires arrêtent de lui tirer dessus risquent de vous faire verser quelques larmes. Au final, cette superproduction 70's possède son charme, ses qualités mais aussi ses nombreux défauts. Était-il utile de faire ce remake d'un des plus grand film de l'histoire du cinéma ? Même s'il est très inférieur au film de 1933, ce King Kong de John Guillermin n'est pas non plus l'infâme navet que certains fans nous présentent et sa vision n'est pas déplaisante. Elle l'est certainement moins que King Kong 2, la suite mise en chantier par le même réalisateur en 1986 et dont je vous vous parler incessamment sous peu...
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