TRAÎNÉ SUR LE BITUME
(Dragged Across Concrete)
Réalisateur : S. Craig Zahler
Année : 2018
Scénariste : S. Craig Zahler
Pays : Canada, Etats-Unis
Genre : Policier
Interdiction : -12 ans
Avec : Mel Gibson, Vince Vaughn, Tory Kittles, Jennifer Carpenter, Laurie Holden...
L'HISTOIRE : Deux policiers, Brett Ridgeman et Anthony Lurasetti, sont suspendus pour usage abusif de la force et caractère raciste après une arrestation musclée qui a été filmée au téléphone portable. A court d’argent, ces deux représentants de l’ordre basculent de l’autre côté de la loi pour s’arroger une compensation. Ils prennent en filature de dangereux braqueurs de banque afin de s’emparer de leur futur butin...
MON AVIS : Après Bone Tomahawk en 2015 (qui reçut le Grand Prix du festival de Gerardmer) puis Brawl in Cell Block 99 en 2017, le réalisateur S. Craig Zahler retrouve la star de son second film, Vince Vaughn, pour Traîné sur le Bitume, qu'il réalise en 2018 et dont peu de personne ont entendu parler, moi le premier. Pourtant, ce film policier réunit quelques stars bien connues, comme Mel Gibson, Vince Vaughn donc, Udo Kier, Thomas Kretschmann, Don Johnson, Laurie Holden, Tory Kittles, Michael Jai White ou Jennifer Carpenter entre autres ! On a déjà vu casting moins prestigieux ! Cette sortie quasi anonyme en juillet 2019 sur support DVD, BR et VOD chez l'éditeur Metropolitan Filmexport, va lui donner une chance d'être découvert et apprécié. Est-ce sa durée (excessive) de 2h40 qui a empêché une sortie en salle ? Mystère. Avec un sujet très contemporain (une arrestation musclée est filmée au téléphone portable, diffusée sur les réseaux sociaux et le buzz provoque la suspension des deux policiers, les citoyens ne retenant que le caractère violent et "supposé" raciste de l'interpellation sans se soucier que le dealer vendait de la drogue dans les écoles), S. Craig Zahler nous invite dans une longue filature qui débouchera sur un drame dans lequel quasiment personne ne sortira gagnant. Le duo de policiers est interprété par Mel Gibson et Vince Vaughn. Les deux acteurs s'en sortent très bien et Mel Gibson trouve là un rôle à la hauteur de son talent. Ayant besoin d'argent pour emmener sa famille loin de ce quartier mal famé, dans lequel sa fille a déjà subit cinq agressions, sa suspension n'arrive pas au bon moment. Flic intègre et ayant arrêté de nombreux criminels au cours de sa longue carrière, cette situation est inacceptable pour lui et il décide de mener une affaire par ses propres moyens, quitte à passer dans le côté obscur. Son plan est simple : surveiller et arrêter des voyous qui semblent préparer un braquage de banque et leur soutirer l'argent du cambriolage, ni vu, ni connu. Il embarque avec lui son coéquipier (Vince Vaughn), qui a, lui aussi, besoin d'argent car il compte demander sa fiancée en mariage. Le faible salaire des policiers et les conditions de travail qui malmènent leur vie familiale sont évoqués de manière juste et on prend rapidement en empathie ces deux personnages, qui sont plus victimes que coupables. Si le jeu des acteurs est franchement bon, que ce soit les protagonistes principaux comme les secondaires, le rythme du film et sa durée lui font toutefois perdre un peu de points. En effet, le réalisateur, comme s'il avait voulu nous impliquer réellement dans le processus de filature, fait durer les scènes d'observation, de surveillance, dans lesquelles il ne se passent pas grand chose. Certes, on est presque face à du cinéma-vérité, à l'image de French Connection par exemple, et on se doute que ces phases de filature peuvent être effectivement aussi ennuyeuses dans la réalité. En parallèle, on assiste également à la préparation du braquage tout en faisant connaissance avec un autre personnage principal, Henry Jones, joué par Tory Kittles. Comme dans un film de Tarantino, les trois arcs narratifs du film vont finir par se télescoper et tout ce petit monde va se retrouver ensemble une fois le braquage débuté. Le rythme du film s'intensifie alors, la violence augmente (les membres du gang de braqueurs n'étant pas des enfants de chœur et ayant la main leste sur leurs fusils d'assaut) et cette course-poursuite devient diablement existante. Quelques rebondissements viennent encore dynamiser l'action, le gore s'invite même à la fête avec une ignoble éviscération faite au couteau et l'aspect assez nihiliste du final laisse un arrière goût amer dans la bouche. Alors oui, Traîné sur le bitume ne cède pas à la facilité dans sa première partie, qui s'avère, il est vrai, assez molle du genou et qui peut décourager les spectateurs de poursuivre la vision du film. Ce serait dommage de ne pas persévérer car le film de S. Craig Zahler a des qualités certaines, amoindries par ce rythme lent, parfois léthargique, mais voulu par le réalisateur. J'ai trouvé les personnages bien écrits, l'ambiance est froide, il n'y a pas d'humour balourd, pas de scènes d'action surréalistes. Juste un récit dans lequel des personnages abîmés, désabusés, tentent de s'en sortir, pas forcément par le bon moyen. Un polar solide au final, assez éloigné des productions actuelles, et qui mérite d'être découvert.
* Disponible en DVD et BR chez Metropolitan Filmexport
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