CRAWL
(Crawl)
Réalisateur : Alexandre Aja
Année : 2019
Scénariste : Michael Rasmussen, Shawn Rasmussen
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller, Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Kaya Scodelario, Barry Pepper, Morfydd Clark, Ross Anderson...
L'HISTOIRE : Quand un violent ouragan s’abat sur sa ville natale de Floride, Hayley ignore les ordres d’évacuation pour partir à la recherche de son père porté disparu. Elle le retrouve grièvement blessé dans le sous-sol de la maison familiale et réalise qu’ils sont tous les deux menacés par une inondation progressant à une vitesse inquiétante. Alors que s’enclenche une course contre la montre pour fuir l’ouragan en marche, Haley et son père comprennent que l’inondation est loin d’être la plus terrifiante des menaces qui les attend…
MON AVIS : Dans la longue liste des animaux vedettes des films dits d'agressions animales, les crocodiliens n'arrivent pas en tête de liste. Largement moins représenté que les requins par exemple, nos amis les crocodiles et autres alligators ont toutefois le vent en poupe ces dernières années. Si l'un des premiers films les mettant en vedette est Le Crocodile de la Mort de Tobe Hooper (1977), le début des années 80 et 90 s'y intéresse un peu plus avec des titres comme Crocodile (1980), Alligator (1980), L'Incroyable Alligator (1982), Les Dents de la Mort (1987), Killer Crocodile (1989), Killer Crocodile 2 (1990) ou Alligator II : La Mutation (1991). Il faudra ensuite attendre l'année 1999 pour qu'ils reprennent du poil de la bête avec Lake Placid puis Crocodile (2000), Blood Surf (2001) et Crocodile 2 (2002). Nouvelle période de vaches maigres jusqu'en 2007 où plusieurs films les utilisent, comme dans Supercroc , Primeval, L'attaque du Crocodile Géant et surtout les deux excellents films que sont Black Water et Solitaire. La décennie 2010 n'est pas tendre avec nos crocodiliens puisque, hormis la saga Lake Placid (5 suites réalisées après le film de 1999), les autres films s'apparentent plus à des nanars qu'autre chose. Il faudra donc attendre l'année 2019 pour que ces animaux à la mâchoire ultra-puissante reviennent sous les feux de la rampe et brillent de mille feux. Sous la direction du talentueux Alexandre Aja (Haute Tension, La Colline à des Yeux, Piranha 3D, Horns...), ce sont les alligators qui vont avoir les honneurs d'être les grands méchants d'une série B de luxe : Crawl. Très franchement, ce nouveau film d'Alexandre Aja représente assurément ce qui se fait de mieux dans le genre. 85 minutes sans temps morts, avec certes une histoire assez classique (un père et sa fille, qui ont des relations assez tendues, se retrouvent coincés ensemble dans le sous-sol d'une maison et vont devoir mettre de côté leur rancœur et s'entraider afin de survivre face à un violent ouragan, à des litres et des litres d'eau et surtout à plusieurs alligators qui profitent de cette montée des eaux justement pour s'infiltrer dans le quartier résidentiel et les habitations...) mais qui permet de se concentrer sur l'essentiel : les attaques d'alligators. Une fois que l'actrice Kaya Scodelario est arrivée chez son père et le retrouve blessé dans les sous-sol de la maison, c'est parti pour un tour de grand huit qui ne prendra fin qu'avec l'apparition du générique final. Crawl prend rapidement des allures de huis-clos, mettant en avant ses deux acteurs principaux : Barry Pepper et l'efficace Kaya Scodelario déjà citée. Ce duo fonctionne parfaitement bien et les deux scénaristes Michael et Shawn Rasmussen leur ont réservé bien des péripéties pour leur pourrir la journée et surtout faire frissonner le spectateur. Avec ses alligators qui surgissent là où on ne les attend pas toujours, Alexandre Aja parvient à faire monter la tension et utilise les codes du film d'agression animale avec brio : vue suggestive, vue sous-marine, quelques jump-scars et surtout une mise en scène ciselée et efficace permettent au film d'être réellement angoissant. Le réalisateur avait d'ailleurs une idée clair de ce qu'il voulait voir à l'écran avec Crawl : l'anti-thèse de son Piranha 3D ! En clair, éliminez quasiment toute trace d'humour et faire un vrai film de terreur là où Piranha 3D relevait plus de la gaudriole gore et ultra-fun. Aja veut également que son nouveau film soit plus réaliste : même si les alligators sont tous réalisés en images de synthèse, ils font vraiment de l'effet une fois à l'écran et les blessures qu'ils infligent aux personnages sont crédibles. En effet, les alligators n'ont pas de dents aiguisées comme les requins et leurs mâchoires broient plutôt que tranchent, ce qui expliquent que l'héroïne parvient à extraire son bras sans que celui-ci ne soit déchiquetés ou en lambeaux par exemple. Un réalisme n'empêche pas d'avoir de jolies marques de morsures à l'écran tout de même, rassurez-vous ! Et parfois, Aja oublie ce réalisme et certains seconds rôles se font quand même bien mettre en charpie et ce, pour notre plus grand plaisir ! Le nombre d'attaques des alligators dans le film ne décevra pas les amateurs d'émotions fortes qui en auront pour leur argent ! En fin connaisseur du genre, Alexandre Aja a réalisé un véritable survival dépouillé de tous artifices et reste constamment concentré sur son sujet. C'est sûr qu'on aurait aimé voir les alligators s'en prendre à une colonie de vacances par exemple et bouffer des tas de gamins mais ce type de scènes, on les a déjà vu dans Piranha 3D et dans d'autres films du genre et c'était justement ce que voulait éviter le réalisateur, préférant miser sur l'ambiance anxiogène et le suspense à couper au couteau. Avec sa maison et ses sous-sols inondés, Aja transforme ce simple décor en labyrinthe de la mort, multiplie les attaques brutales et les plans qui font trembler. On sait que les tournages "dans l'eau" sont particulièrement complexes à mettre en scène. Alexandre Aja a parfaitement réussi le sien, faisant de Crawl une série B pleine de fureur, pleine d'énergie et qui ne ment pas sur la marchandise. Tendu, nerveux, généreux, efficace, tout en étant tout de même bien fun, Crawl rentre sans difficulté dans le haut du panier des films d'agressions animales les plus réussis et on lui pardonnera aisément certaines facilités scénaristiques et le fait que notre belle héroïne est quand même vachement résistante aux dents d'alligators !
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