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lundi 18 novembre 2019

CUL-DE-SAC

CUL-DE-SAC
(Cul-de-Sac)

Réalisateur : Roman Polanski
Année : 1966
Scénariste : Roman Polanski, Gérard Brach
Pays : Angleterre
Genre : Comédie, Drame
Interdiction : /
Avec : Donald Pleasence, Françoise Dorléac, Lionel Stander, Jack MacGowran...


L'HISTOIRE : Deux braqueurs en fuite, Richard et Albie, tous deux blessés, tentent de trouver un échappatoire en attendant que leur patron ne leur vienne en aide. Ils se réfugient dans une grande demeure ancienne appartenant à George et Teresa, un couple déjà sous tension après seulement dix mois de mariage. L'intrusion des braqueurs va troubler encore plus la vie du couple...

MON AVIS : Après Le Couteau dans l'Eau réalisé en 1962, Roman Polanski désire mettre en scène Cul-de Sac mais le sujet ne plait pas vraiment aux producteurs et le réalisateur polonais ne parvient pas à financer ce projet. Pour patienter, il met en scène en 1965, avec l'aide du scénariste Gérard Brach avec qui il se lie d'amitié, le film Répulsion, qui obtiendra l'Ours d'Argent au festival de Berlin. Fort de ce prix, les producteurs changent leur fusil d'épaule et accepte de financer ce qui deviendra Cul-de-Sac, toujours avec Gérard Brach au scénario. Exit Catherine Deneuve, star de Répulsion, et place à sa sœur aînée Françoise Dorléac ! Cette dernière va interpréter Teresa, une jeune femme séduisante de 23 ans qui est mariée à un homme qui a le double de son âge, George, joué quant à lui par le talentueux Donald Pleasence  qu'on ne présente plus. Le couple vit dans une demeure très ancienne, située sur une île abandonnée (Holy Island, en Angleterre) et bercée par la fluctuation des marées. On découvrira en peu de temps que des tensions existent déjà au sein de ce jeune couple (dix mois de mariage seulement), que la solitude a tôt fait de mettre en danger sûrement, avec un rapport de force qui ne correspond apparemment pas à celui souhaité. Au fur et à mesure de l'avancée du film, on s'aperçoit que Teresa reproche continuellement à son mari son manque d'assurance, son manque de prise d'initiative, son manque de témérité. Et le pauvre homme nous en fera l'amère démonstration quand Richard, surnommé Dickie, un braqueur blessé, va faire irruption au sein du couple. Il faut dire que George n'est pas aidé car lors de sa première rencontre avec Richard, il est affublé d'une chemise de nuit féminine, de rouge à lèvres et de fard à paupière, suite à une envie curieuse de Teresa, qui trouve ce déguisement très drôle et qui, en fait, veut déjà dire beaucoup sur la couardise de son mari. Contrairement à ses deux premiers films, qui reposaient sur une ambiance moite, dérangeante, Roman Polanski, avec Cul-de-Sac, ne reproduit pas le même schéma et verse beaucoup plus dans l'humour noir à travers ce type de situations, qui font certes sourires mais dont on devine l'aspect plus sombre et dramatique derrière cette façade humoristique. Rien que la séquence où le second braqueur, mortellement blessé, attend dans sa voiture alors que la marée ne cesse de monter, fait preuve de cet humour noir qui traversera tout le film jusqu'au drame final. Rapidement, le film devient à nouveau un huis-clos avec des rapports dissonants entre trois personnages principaux, George, Teresa et Richard. Mais point de tension ou de stress dans cette cohabitation non désirée ici, Teresa et George ne cherchant jamais à s'enfuir ou à provoquer la colère du bandit, comme si la présence de cet inconnu leur permettait de pimenter leur vie monotone. Question piment, Teresa n'est pas une débutante puisque Richard la surprend à moitié nue dans les bras d'un bellâtre sur la plage avant de s'incruster dans l'ancienne demeure. La jeune femme semble vouloir prendre du bon temps, quitte à ce que ce soit avec d'autres hommes que son mari. Cette nymphomane qui se cache derrière les apparences réitérera d'ailleurs son petit jeu de séduction avec Richard mais ce dernier restera totalement insensible à ses charmes. On le voit, depuis ses débuts, Polanski aime les personnages ambigus, qui ne sont ni noir, ni blanc, ni ange, ni démon mais un peu des deux. Cul-de-Sac nous en offre donc trois, qui sont justement tous désabusés, tous dans un cul-de-sac, que ce soit sentimentalement pour George et Teresa ou physiquement pour Richard, qui attend l'aide de son patron, monsieur Katelbach, pour le sortir de là, aide qui ne semble pas vouloir arriver, peut-être à cause de la marée qui bloque toutes les routes menant à la maison. A l'origine, le projet s'appelait d'ailleurs Si Katelbach arrive ! Si le tournage du film a été assez chaotique, avec les caprices de l'acteur Lionel Stander, l'arrivée de Pleasence le crâne rasé sans le dire avant au réalisateur, la noyade évitée de justesse de Françoise Dorléac ou les conditions météorologiques compliquées, Roman Polanski signe toutefois un troisième film très réussi, à la mise en scène qui fait toujours des merveilles, aux plans travaillés (le réalisateur passera toute une journée à préparer une scène dans laquelle un avion est censé passer dans le champ de la caméra à un instant T) et au casting sans fausse note. Au final, Cul-de-Sac nous présente un ménage à trois déroutant, sardonique, parfois tordu ou loufoque, pourvu d'une certaine théâtralité, bénéficiant également d'une belle inventivité. La vision du film m'a fait pensez à celle du récent Laissez Bronzer les Cadavres, dans lequel j'ai retrouvé la bizarrerie des situations proposées par Polanski. Ce petit jeu de pouvoir entre les trois héros du film est en tout cas bien plaisant et lui a profité puisque Cul-de-Sac a remporté l'Ours d'Or au festival de Berlin 1966 !



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