WE HAVE ALWAYS LIVED IN THE CASTLE
(We have always Lived in the Castle)
Réalisateur : Stacie Passon
Année : 2018
Scénariste : Mark Kruger
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame
Interdiction : /
Avec : Taissa Farmiga, Alexandra Daddario, Crispin Glover, Sebastian Stan...
L'HISTOIRE : Après un drame dans lequel plusieurs membres de sa famille ont trouvé la mort par empoisonnement à l'arsenic, Merricat Blackwood vit recluse dans l'imposante demeure familiale, en compagnie de sa grande sœur Constance, accusée d'être l'auteure du drame mais dont aucune preuve n'a pas établir la responsabilité, et de son oncle Julian, qui passe ses journées dans un fauteuil roulant et qui écrit un livre sur les tragiques événements ayant endeuillé sa lignée. Seule Merricat sort de la maison pour aller faire les courses au village, se confrontant au regard et à la haine des villageois. L'arrivée de Charles, un cousin de la famille, va perturber encore plus l'existence déjà fragile des Blackwood. Ce dernier va devenir l'ennemi de Merricat, qui voit en lui un simple profiteur cherchant à s'accaparer la fortune familiale...
MON AVIS : Ce film, réalisé en 2018 par Stacie Passon, est l'adaptation d'un roman de Shirley Jackson, célèbre romancière spécialisée dans le fantastique et l'horreur, dont le livre Maison Hantée (The Haunting of Hill House) est considéré par Stephen King lui-même comme étant l'un des meilleurs romans fantastiques du XXème siècle. Il a été lui aussi adapté avec brio par Robert Wise en 1963 (La Maison du Diable) puis par Jan de Bont en 1999 (Hantise) et enfin par Mike Flanagan dans la première saison de la série The House on Haunted Hill. Avec We Always Lived in the Castle, Shirley Jackson s'amuse avec les codes de la littérature gothique et les faux semblants pour induire le lecteur en erreur avec cette histoire qui n'est, au final, qu'un drame sans aucune notion de fantastique. L'adaptation de Stacie Passon se montre très fidèle au roman et le film s'amuse, lui aussi, à brouiller les pistes et à nous faire croire des choses qui n'existent pas du tout, comme les possibles pouvoirs de sorcière de Merricat Blackwood, la jeune fille passant son temps à pratiquer d'étranges rituels, enterrant dans le jardin divers objets par exemple, ce qui est censé protéger sa grande sœur Constance pour qui elle voue une affection indéfectible. Le titre même du roman et du film, Nous avons toujours habité dans le château peut également nous mener sur une fausse piste et nous faire croire que Merricat, Constance ou l'oncle Julian sont bel et bien morts également, empoissonnés comme le reste de la famille, et qu'on assiste à des flashbacks vécus par leurs fantômes. Le film distille son aura mystérieuse avec subtilité et le comportement des personnages principaux fait partie prenante de cette ambiance énigmatique. Merricat est interprétée par Taissa Farmiga, vue dans La Nonne et La Mule entre autres. La jeune actrice délivre une solide composition, son personnage, qui est aussi la narratrice de l'histoire, semblant un brin dérangé psychologiquement, avec tous ces curieux rituels qu'elle accomplit, et qui semble vouloir vivre dans un passé, dans une enfance dont elle ne désire pas sortir. Seule personne qui ose s'aventurer hors de la demeure familiale, Merricat est également celle qui doit faire face à l'hostilité des villageois, qui semble vouer une haine farouche aux survivants des Blackwood depuis le drame qui a eu lieu il y a quelques années. Elle-même semble asociale et a des sautes d'humour assez intrigantes. Constance est merveilleusement jouée par Alexandra Daddario, que je ne présente plus ici, et qui, elle, refuse de sortir suite aux accusations concernant le drame familial qui en font la responsable. Elle s'évertue à être une femme de maison parfaite, étant aux petits soins pour Merricat et l'oncle Julian, endossant à la fois le rôle de mère de substitution, de cuisinière, d'infirmière, de femme de ménage et j'en passe. Elle apparaît toujours souriante, rassurante, ce qui semble cacher un traumatisme plus profond. L'oncle Julian (Crispin Glover) n'est pas plus net, ayant apparemment réchappé à la tentative d’empoissonnement, ce qui la laissé cloué dans un fauteuil roulant. Il a décidé de rédiger un livre pour exorciser le drame qui l'a frappé de plein fouet. On a donc un trio de personnages affecté psychologiquement et physiquement par cette tragédie dont on ne connaît pas le véritable auteur, même si on s'en doute un peu. Néanmoins, ces trois là semblent vivre normalement et la haine des villageois n'empêchent pas certaines femmes à venir leur rendre visite, plus par défi que par compassion d'ailleurs. Une vie millimétrée, qui va voir un rouage se gripper avec l'apparition d'un quatrième larron, le cousin Charles (Sebastian Stan) qui va se heurter à l'hostilité de Merricat tout en recevant la bienveillance de Constance. Quelles sont les réelles intentions de Charles, classé dans la catégorie indésirable cupide par Merricat ? On ne le saura pas vraiment mais la propension de cette dernière à croire à ses fantasmes et autres affabulations va conduire à un nouveau drame. En fait, We have always Lived in the Castle est avant tout un récit sur la folie de ses personnages, folie induite par un drame passé et une vie d'ermite. C'est aussi une histoire d'amour forte entre deux sœurs, un peu à la manière de la relation fusionnelle des deux copines du film Créatures Celestes de Peter Jackson. Sous ses aspects de conte gothique, We have always Lived in the Castle se veut plus drame familial et ceux qui s'attendaient à un film de genre en seront au final pour leur frais. Reste un casting bien en place, des décors naturels parfaitement mis en images, de jolis costumes et un mystère qui prend son temps, se distille lentement, avec un certain raffinement. Le rythme est très lent, on a souvent l'impression qu'il ne se passe pas grand chose à l'écran en fait mais le comportement de Merricat est tellement étrange qu'on en vient presque à se demander si tout ne se passe pas dans sa tête. A vous de voir, mais si vous aimez les ambiances feutrées, les non-dits, les rythmes contemplatifs, ça pourrait vous plaire. Typiquement le style de film qui passerait très bien sur M6 en début d'après-midi. Attention à la bande-annonce, qui survend le film en tant que film quasi d'épouvante, avec une musique qu'on n'entend jamais en plus...
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