LE BEAU-PÈRE
(The Stepfather)
Réalisateur : Joseph Ruben
Année : 1987
Scénariste : Donald E. Westlake
Pays : Etats-Unis, Angleterre, Canada
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Terry O'Quinn, Jill Schoelen, Shelley Hack, Charles Lanyer, Stephen Shellen...
L'HISTOIRE : Jerry Blake est un homme en apparence tout à fait normal, courtois, sympathique et qui a une véritable obsession en ce qui concerne les liens familiaux; Pour lui, avoir une famille heureuse et soudée représente tout ce qui compte dans la vie. A tel point que lorsqu'un grain de sable vient enrayer sa vision de la vie de famille, il massacre femme et enfants et s'en va retrouver une nouvelle famille. Son dévolu se jette sur Susan Maine, qui vit seule avec sa fille Stéphanie, suite au décès de son mari. Si tout se passe bien entre Jerry et Susan, la jeune Stéphanie n'apprécie pas beaucoup son beau-père, ce qui va créer quelques tensions...
MON AVIS : Après avoir réalisé Dreamscape en 1984, Joseph Ruben change de voie et passe du film fantastique au thriller violent avec Le Beau-Père, très bon film mettant en scène un tueur psychotique qui change de famille comme de chemise, en ne manquant pas d'assassiner femme et enfants sans la moindre émotion. Tout ça parce que notre serial-killer a eu une enfance difficile, dont on ne saura pas grand chose d'ailleurs, ce qui est dommage, et que pour lui, la vie de famille est la chose la plus importante au monde. Ultra méticuleux, il veut tout gérer, être un père parfait, avoir une femme aimante et des enfants obéissants. Pour se recaser après ses sordides méfaits, il change d'apparence (un coup barbu, un coup rasé de près, utilise des postiches et autres accessoires comme des lunettes...) et séduit des femmes célibataires, divorcées ou veuves, afin de recomposer avec elles une cellule familiale qui correspond à ses critères. Et quand il y a un couac dans sa vision de la famille, c'est le pétage de plomb et le massacre assuré. Pour interpréter ce type fort sympathique, sorte de Ted Bundy à qui on donnerait le bon Dieu sans hésitation, c'est l'acteur Terry O'Quinn qui s'y colle et il se révèle fort à son aise ici, jouant les charmeurs avec élégance et raffinement, et se laissant aller à des accès de colère très violents qui font froid dans le dos, notamment quand il se questionne lui-même pour savoir "qui suis-je ?", sa folie ne parvenant plus à le faire distinguer quel personnage il joue à l'instant T, étant donné qu'il endosse une nouvelle identité à chaque changement de famille ! Ce qui a de quoi le perturber encore plus le pauvre homme ! La scène du pétage de câble dans le garage est efficace et ses monologues nous font bien prendre conscience du degré élevé de folie du personnage. On le savait déjà vous me direz, puisque la séquence introductive nous plonge directement dans cette folie meurtrière qui rythme sa vie. L'intérêt du spectateur est donc de voir comment il va vivre avec sa nouvelle famille et quel sera le grain de sable qui va tout faire basculer. En l’occurrence, ce sera la jeune Stéphanie, 16 ans, jouée par l'actrice Jill Schoelen, qui avait en fait 24 ans à l'époque, ce qui explique qu'on la verra entièrement nue dans le film, à l'occasion d'une petite scène de couche bien agréable pour les yeux. Enfant rebelle, n'ayant pas réussi à faire le deuil de son véritable père, Stéphanie ne supporte pas son nouveau beau-père et ne lui facilite pas la tâche, surtout quand elle se fait renvoyer du lycée ! On se dit que la colère de Jerry va exploser suite à cet incident mais il parvient à maîtriser ses nerfs, du moins en apparence. Peu à peu, la jeune fille, qui a assisté à la crise de nerfs dans le garage, va commencer à soupçonner ce curieux beau-père d'une psycho-rigidité totale. Coïncidence scénaristique, le frère d'une des victimes du tueur en série poursuit ses recherches et refait publier un article sur le drame récent, et l'article tombe entre les mains de Stéphanie qui fait de suite le rapprochement. On se dit que c'est cuit pour Jerry Blake mais non, il est bien trop malin pour se laisser prendre comme ça. Le suspense orchestré par Joseph Ruben est franchement solide et le réalisateur parvient à mettre en scènes des situations anodines qui font néanmoins monter une certaine tension, grâce à des jeux de regards, des dialogues, des allusions ou des comportements adéquats. La violence est bien présente dans le film également, avec un meurtre assez brutal à coup de planche de bois et surtout, un coup au visage asséné à l'aide d'un téléphone qui est assez hallucinant, le montage extrêmement précis de cette scène nous faisant vraiment croire que le combiné a réellement percuté le visage de l'actrice. Une scène toujours aussi réussie et impressionnante. Le final versera un peu plus dans l'horreur visuelle sanguinolente et viendra clôturer le film, qui aura pourtant une suite en 1989, toujours avec Terry O'Quinn. Un troisième volet a également vu le jour, avec un autre acteur cette fois, ainsi qu'un remake. Le Beau-Père version 1987 reste, encore de nos jours, un film assez efficace, et même si on aurait aimé en savoir plus sur l'enfance de Jerry Blake, c'est un thriller qui tient la route et qui est très plaisant à revoir.
* Disponible en combo DVD + BR chez ELEPHANT FILMS
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