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dimanche 17 novembre 2019

LE COUTEAU DANS L'EAU

LE COUTEAU DANS L'EAU
(Nóz w wodzie)

Réalisateur : Roman Polanski
Année : 1962
Scénariste : Roman Polanski, Jakub Goldberg, Jerzy Skolimowski
Pays : Pologne
Genre : Drame
Interdiction : /
Avec : Leon Niemczyk, Jolanta Umecka, Zygmunt Malanowicz


L'HISTOIRE : Andrzej et Krystyna, couple au bord de la rupture, décident tout de même de partir en week-end à bord d'un voilier. Sur la route, ils prennent en stop un jeune homme qu'Andrzej a failli renverser. Ce dernier propose au jeune homme de l'accompagner lui et Krystyna en mer. Très vite, un antagonisme oppose les deux hommes, qui agissent tous les deux en macho devant la jeune femme qui s'amuse de la situation...

MON AVIS : Pour son premier long-métrage, le cinéaste polonais Roman Polanski signe avec Le Couteau dans l'Eau un drame extrêmement maîtrisé en forme de huis-clos, avec trois personnages en tout et pour tout, deux hommes et une femme, réunis sur un voilier voguant au gré du vent. Il semblerait que ce film ait fait l'effet d'une bombe au sein d'un paysage cinématographique polonais formaté, le pays communiste étant sous tension au début des années 60, le pouvoir en place refusant le mouvement de libéralisation dans de nombreux domaines débuté en 1956 et fermement réprimé en mars 1968. Avec une intrigue se déroulant quasi majoritairement sur le voilier, à la manière du Lifeboat d'Alfred Hitchcock, Roman Polanski va réussir à embarquer sa caméra dans ce lieu exiguë pour suivre au plus près ses trois acteurs, accentuant ainsi la sensation d'oppression qui va créer ce climat trouble et dérangeant dans lequel vont justement évoluer les personnages du film, et principalement les deux héros masculins. Dès la scène d'introduction, on sent qu'il y a un problème de couple entre Andrzej et Krystyna (la charmante Jolanta Umecka), problème qui va évoluer au fil du temps et notamment avec l'intrusion du jeune auto-stoppeur dont on ne connaîtra jamais le nom ou le prénom. Avec subtilité, Polanski glisse des regards qui ont un sens entre Krystyna et ce blondinet qui représente l'exact opposé de son mari. En effet, le jeune homme est une sorte de vagabond libre de tous mouvements, qui marche au gré de ses envies, s'arrête là où il le désire, qui est libre, tout simplement, n'a aucune contrainte, aucune obligation envers quiconque. C'est exactement ce qui va agacer Andrzej, qui, lui, veut tout contrôler, tel le capitaine du voilier qu'il est. Face à l'insouciance et la naïveté du jeune homme, associés à ses problèmes de couple avec Krystyna, Andrzej va débuter, une fois en mer, un petit jeu du chat et de la souris avec le jeune homme, et se livrer à un affrontement psychologique avec lui, affrontement dans lequel la virilité des deux hommes va être mise à l'épreuve, Krystyna devenant malgré elle une sorte de juge neutre, du moins en apparence. Les dialogues sont précis, souvent percutants et certaines situations participent pleinement à instiller le malaise recherché par le réalisateur, à l'image de la partie de Mikado ou de la scène du repas avec la soupe entre autres. Le jeune homme, troublé par le charme de Krystyna même s'il fait mine de rien, va tomber dans le piège tendu par Andrzej et va réagir lui aussi avec machisme et insolence, et son attitude va elle aussi augmenter la tension au sein du trio, ce qui maintient l'intérêt du spectateur, qui se demande bien quel rôle va jouer le fameux couteau du titre, objet possédé par le jeune homme et qui est souvent présent à l'écran pour diverses raisons, et dont la forme phallique n'est évidemment pas anodine. Avec seulement trois acteurs et un voilier, Le Couteau dans l'Eau aurait pu se montrer ennuyeux, mais la réalisation virtuose de Polanski, le jeu des trois acteurs et le scénario, bien plus malin qu'il ne semble l'être, font que ce huis-clos fonctionne très bien et que cette compétition virile et malsaine procure bien du plaisir. En fin de compte, le côté minimaliste, épuré du film, est justement ce qui fait sa grande force. Les assagissements irraisonnés du jeune homme, qui veut faire aussi bien que son rival pour les beaux yeux de Krystyna (il essaye de barrer le voilier sans aucune connaissance des techniques de voile, monte tout en haut du mat en réaction à une parole d'Andrzej alors qu'il a dit qu'il ne savait pas nager et qu'une chute de cette hauteur peut s'avérer des plus dangereuses pour lui...), les provocations répétées d'Andrzej qui veut avilir la liberté du jeune homme en l'obligeant à lui obéir, pensant obtenir un regain d'intérêt de la part de sa femme, le comportement manipulateur de cette dernière, qui se révèle être en fait le personnage le plus malin et le plus fort des trois, alors qu'on pensait qu'elle n'était qu'une simple potiche au début du film, les dualités mises en avant par l'histoire (le bourgeois contre le prolétaire, le vieux contre le jeune, l'impuissant contre le fougueux...) et la beauté des plans proposés par le réalisateur font du Couteau dans l'Eau une première oeuvre intrigante, d'une réelle beauté formelle, qui distille son ambiance avec efficacité et inventivité. Un premier film vraiment réussi, qui fût d'ailleurs nominé pour l'Oscar du meilleur film étranger en 1963, faisant déjà entrer Roman Polanski parmi les réalisateurs sur qui il faudra compter par la suite.


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