LES ANGES DE LA NUIT
(State of Grace)
Réalisateur : Phil Joanou
Année : 1990
Scénariste : Dennis McIntyre
Pays : Etats-Unis, Angleterre
Genre : Policier, Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Sean Penn, Ed Harris, Gary Oldman, Robin Wright, Joe Viterelli...
L'HISTOIRE : Après avoir abattu deux dealers, Terry Noonan s'est exilé durant douze ans. Après cette longue absence, il revient à Hell's Kitchen, le quartier de sa jeunesse, devenu le fief d'un gang irlandais composé de ses anciens amis d'enfance, dont Jackie, le frère du patron de ce petit gang mafieux. La rivalité entre la mafia irlandaise et italienne se fait ressentir dans les rues mais l'entente est préservée grâce à la relation entre les deux chefs de gangs. Terry Noonan retrouve également Kathleen, sœur de Jackie, qui était son amour de jeunesse et dont il est toujours amoureux. Lorsqu'un des membres du gang irlandais est retrouvé égorgé, la tension avec les Italiens augmente de manière significative. Terry retrouve vite ses marques au contact de Jackie. Mais il cache à ce dernier un lourd secret qui pourrait faire basculer leur solide amitié...
MON AVIS : Totalement passé inaperçu lors de sa sortie au cinéma, pour cause de concurrence déloyale avec Les Affranchis de Scorsese, Les Anges de la Nuit de Phil Joanou a été un énorme flop, ce qui, au vu de ses qualités, est franchement dommage. Malgré une seconde vie lors de sa diffusion en VHS puis DVD, le film est néanmoins tombé dans un certain oubli, très peu cité par les fans de films de mafia. Sa sortie française en Blu-Ray (et DVD) grâce à l'éditeur Rimini Editions est donc une aubaine pour contrecarrer le triste sort de cet excellent film, servi par un casting cinq étoiles, une mise en scène classique mais raffinée, une musique efficace d'Ennio Morricone, de superbes images de New York et un scénario qui tient plus de la dramaturgie que du polar au final. Sombre, désespéré, nihiliste, Les Anges de la Nuit réussi haut la main tout ce qu'il entreprend et plonge le public dans une histoire implacable, dans laquelle règne violence, trahison, amitié, sens du devoir et de l'honneur, tous ces éléments s'entrechoquant dans une maestria cinématographique qui ne verse pas dans l’esbroufe mais tend plus vers la pureté du langage cinématographique justement. Sans aucun effet de style grandiloquent, Phil Joanou met en scène avec une sobriété épatante cette histoire de guerre des gangs mafieux et verse dans le réalisme et l'ambiance des films américains 70's, nous plongeant au cœur de l'action, des gunfights sanglants, mais aussi au côté des personnages superbement écrits. L'histoire de ce gang irlandais puise ses racines dans celui d'un véritable gang irlandais sévissant à New York, principalement à Hell's Kitchen, les Westies. Selon les autorités locales, les Westies sont responsables de nombreux meurtres, dont le chiffre est compris entre 60 et 100, entre 1968 et 1986, en plus du trafic de drogue et autres rackets. Leur relation extrêmement tendue avec les gangs italo-américains, ainsi que leurs méthodes ultra-violentes (ils découpaient leurs victimes à la scie bien souvent) ont fait leur notoriété. C'est donc ce gang, même s'il n'est jamais cité, qui est mis en avant dans Les Anges de la Nuit. L'excellent Ed Harris en interprète le boss Frankie Flannery avec une prestance, une retenue mais aussi des accès de colère qui font honneur à ce type de personnage. Son frère Jackie Flannery, véritable chien fou incontrôlable, est quant à lui joué par un Gary Oldman absolument magistral, psychotique, excentrique, et sa prestation mérite à elle seule la vision du film. Car malgré ses frasques et ses gesticulations effrénées, ce personnage apporte énormément au film et à l'histoire. Il en va de même pour le héros anti-héros, Terry Noonan, interprété par le charismatique Sean Penn qui sortait tout juste du tournage d'Outrages de Brian de Palma et de la comédie Nous ne sommes pas des anges de Neil Jordan. L'acteur, après avoir été fortement remarqué pour sa prestation dans A Bout Portant de James Foley en 1986, est en passe de devenir une véritable star, malgré sa réputation d'être difficile à gérer sur les tournages. Son rôle dans Les Anges de la Nuit est intéressant à plus d'un titre, notamment quand il dévoile une information capitale au bout d'une heure de film, qui fait basculer ce dernier dans une tragédie grecque dont on ne voit aucun échappatoire pour les personnages principaux. Sa relation avec Kathleen, soeur de Frankie et de Jackie, est touchante et dramatique à la fois. La jeune femme est magnifiquement interprétée par la très belle Robin Wright, qui prouve ici qu'elle est une actrice sur laquelle on peut compter et pas seulement la Kelly du soap Santa Barbara ou la jolie princesse de Princess Bride. Le reste du casting est composé de gueules tout à fait à leur place dans ce type de films, que ce soit le méthodique homme de main de Frankie Flannery, joué par Apple RD, ou le boss de la mafia italienne, interprété par un Joe Viterelli qui a tout de la tête de l'emploi. Les dialogues sont très bien écrits, les discussions entre les deux chefs de gangs sont par exemple d'une efficacité redoutable car sous leur aspect un peu humoristique parfois, on sent très bien que la finalité n'est pas de discuter mais d'obéir et de faire respecter la loi mafieuse sous peine de déclencher une guerre sans fin où tout le monde sera perdant. Perdant, cela pourrait d'ailleurs être le terme qui désigne le mieux Les Anges de la Nuit. Il n'y a aucun héros à proprement parlé dans ce film, tous les personnages sont frappés par le sort de la fatalité, aucun ne retire une quelconque gloire de ses actes au final et on assiste, impuissant, à l'errance de ces paumés dont la route et la destination finale semblent être déjà tracées, menant à l'inéluctable. D'un durée de 124 minutes, Les Anges de la Nuit n'ennuie jamais, propose des scènes tendues qui s'entremêlent avec d'autres plus posées mais qui participent toutes à créer cette ambiance qui vous prend par la main pour ne plus vous lâcher avant que le générique de fin ne démarre. On est vraiment en présence d'un film de haut niveau, qui mérite vraiment d'être réévalué et remis au goût du jour. Et puis, un film qui possède une séquence de bagarre ultra-violente dans un bar, au son de Sweet Child O'Mine des Guns N'Roses peut-il être un mauvais film, sérieusement ? Une plongée dans l'enfer New-Yorkais qui peut aisément se ranger à côté du Parrain et des Affranchis dans toute bonne vidéothèque.
* Disponible en DVD et BR chez RIMINI EDITIONS
LE BR :
Rien à redire sur la qualité d'image de ce BR, qui satisfera tous les fans du film et ceux qui veulent le découvrir dans d'excellentes conditions. Niveau bonus, on trouve un entretien avec Samuel Blumenfeld, journaliste, intitulé "Les Anges de la Nuit, New York portée disparue" et qui revient sur la transformation de New York et sur la réalisation du film. Second bonus, un interview du réalisateur Phil Joanou, qui contredit parfois les paroles de Samuel Blumenfeld, notamment sur le fait que le réalisateur du film aurait été le dernier a être choisi selon lui, la dernière pièce ajouté au puzzle, alors que Joanou dit qu'il a pu choisir les membres du casting par exemple et qu'il était présent dès le début du projet. Deux bonus très intéressants en tout cas.
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