KANDISHA
(Kandisha)
Réalisateur : Alexandre Bustillo, Julien Maury
Année : 2020
Scénariste : Alexandre Bustillo, Julien Maury
Pays : France
Genre : Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Mathilde Lamusse, Suzy Bemba, Samarcande Saadi, Mériem Sarolie...
L'HISTOIRE : Dans une cité de banlieue, trois copines d'enfance, Amélie, Bintou et Morjana, adeptes de Street Art, se rendent dans un immeuble abandonné pour terminer leur fresque. En découvrant derrière un mur l'inscription "Kandisha", Morjana explique à ses amies cette légende marocaine datant de la colonisation du pays par les Portugais. En rentrant chez elle, Amélie croise Farid, son ex. Celui-ci provoque une dispute et tente de violer la jeune fille. Parvenant à s'échapper, Amélie bouillonne de colère : dans sa salle de bain, elle repense à la légende contée par Morjana, dessine un pentacle avec son sang sur le miroir et invoque l'esprit de Kandisha pour se venger de Farid. Elle ignore que son acte va réellement réveiller Kandisha, un djinn puissant qui à l'apparence d'une très belle femme marocaine, aux pieds en forme de sabots de chèvre. Quand les morts suspectes commencent à s'accumuler dans l'entourage des trois amies, ces dernières comprennent qu'Amélie est victime de la malédiction de Kandisha et n'ont comme solution que de se tourner vers le recteur de la mosquée du quartier pour demander conseil...
MON AVIS : Après la malheureuse expérience Leatherface tourné aux Etats-Unis en 2017, les frenchy Alexandre Bustillo et Julien Maury, auteurs de A L'intérieur (2007), Livide (2011) et Aux Yeux des Vivants (2014) reviennent en France et tournent durant la pandémie Kandisha (2020), qui n'a pas eu les honneurs d'une sortie en salle, et vient d’atterrir un an après sa réalisation sur une plateforme de V.O.D. Un sort moins malencontreux a été réservé à leur dernier film en date, The Deep House (2021), qui s'est taillé un très joli succès niveau fréquentation au cinéma. Ce qui est bien avec ce duo de réalisateurs, ce qu'ils sont éminemment sympathiques, qu'ils vouent un amour sincère au cinéma fantastique et horrifique, qu'ils savent tenir une caméra, sont bourrés d'idées ingénieuses pour contourner les petits budgets qu'ils ont à disposition et qu'ils ne nous resservent pas la même soupe à chaque nouveau film. Une bouffé d'air frais dans le paysage du cinéma horrifique français. Avec Kandisha, ils détournent la légende marocaine d'Aïcha Kandisha, superbe femme qui utilisait sa beauté pour amener dans ses filets des soldats portugais afin de les tuer lors de l'occupation Portugaise au Maroc. Capturée, torturée et mise à mort par six soldats, Kandisah est devenue un djinn, un démon qu'on peut invoquer pour se venger. On ne la rencontre que la nuit et elle ne disparaît qu'après avoir tué six personnes. Plaçant l'action de leur film dans une cité de banlieue, les deux réalisateurs décrivent le quotidien de trois amies d'enfance, la blanche Amélie (Mathilde Lamusse), la noire Bintou (Suzy Bemba) et l'arabe Morjana (Samarcande Saadi). Un trio coloré, interprété par des actrices débutantes qui s'en sortent plutôt bien et qui vont voir une légende urbaine venir transformer leur vie en cauchemar. A bien des égards, on peut dire qu'Alexandre et Julien ont réalisé, avec Kandisha, une sorte de Candyman à la française. Décor urbain, invocation d'un esprit vengeur, apparition spectrale, morts violentes, tentative de survie, le tout basé sur une légende antique. Le compte est bon. Avec une belle mise en scène et de beaux mouvements de caméra, les deux réalisateurs nous emmènent dans cette cité, au plus près des trois protagonistes principaux, nous dépeignant leur quotidien avec justesse, sans toutefois vouloir transformer leur film en documentaire ultra-réaliste sur la vie en banlieue. Non, ce qui les intéresse, c'est de faire intervenir le fantastique dans ce cadre réaliste, à la manière de Stephen King. Quand Morjana raconte l'histoire d'Aïcha Kandisha à ses deux amies, personne ne voit dans cette légende une part de réalité ou de possible. Pour les trois adolescentes, ça ne reste qu'une histoire à faire peur, racontée pour impressionner les enfants ou faire perdurer la légende à travers le temps. Quand Amélie évoque l'esprit de Kandisha, elle vient de subir une tentative de viol et c'est uniquement sous le coup de la colère qu'elle fait le rituel, sans y croire vraiment au fond d'elle-même. Mais parfois, les choses mortes reviennent bel et bien à la vie, comme dit dans les paroles de Pet Sematary des Ramones qu'on entend au début du film. Un petit clin d'oeil bien placé au célèbre film du même nom bien sûr ! Une fois Kandisha libérée, le film va petit à petit installer son ambiance horrifique, jouer plus sur le suspense, et nous dévoiler par petites touches son séduisant croquemitaine. D'abord montrée sous la simple apparence d'une femme portant une burqua la dissimulant entièrement, Aïcha Kandisha va prendre de plus en plus d'ampleur, nous montrer son ravissant visage (celui de l'actrice Mériem Sarolie en particulier) mais aussi ses pieds en forme de sabots de chèvre ! C'est tout de suite moins entraînant. Qui plus est, son attitude spectrale fait un peu flipper et en fin de compte, on n'a plus trop envie d'aller à sa rencontre malgré son physique attrayant. Il est également très intéressant de voir que le look même de Kandisha change au fil du temps, étant interprété par divers acteurs et actrices, avec des disparités au niveau du physique, ce qui est une bonne idée puisque cela permet de nous montrer que le djinn peut revêtir différentes formes en fonction des personnes ou des menaces qu'il a en face de lui. De plus, tout comme dans La Malédiction de Richard Donner, les morts violentes pourraient très bien n'être que de simples faits divers aux yeux des autorités, de simples accidents ou suicides. Pour Amélie, qui a réveillé l'entité maléfique, il en est tout autre puisqu'elle peut voir à travers les yeux de Kandisha le sort que cette dernière réserve à son entourage. Le gore s'invite de temps à autre à l'action et plus on avance dans le film, plus il est présent et plus les meurtres sont empreint de violence graphique, bénéficiant d'effets de maquillage réussis et parfois impressionnants : corps déchiré en deux, sabots écrasant des parties du corps, chute de plusieurs étages se terminant avec fracas et gerbe de sang, ça envoi du lourd sans occuper trop de place et de n'être qu'un étalage de scènes sanguinolentes. Car ce qui fait le charme de Kandisha, outre sa créature, c'est avant tout ses personnages, qui ont une vraie relation d'amitié, relation que les trois actrices parviennent sans difficulté à nous faire ressentir. Une relation qui va être mise à mal, qui pourrait exploser même, la pauvre Amélie étant considéré comme celle par qui est arrivé le malheur, mais l'amitié reste plus fort que tout et c'est ensemble qu'elles vont affronter la démoniaque Kandisha, aidé par le recteur d'une mosquée de quartier et un Iman ayant des connaissances en démonologie maghrébine et en exorcisme. La séquence dans l'appartement du sorcier est franchement bien foutue et remplit sa fonction : apporter de la tension et du stress au sein du film et faire grandir la menace. On appréciera également l'ultime séquence du film, bien dans l'esprit du final de certains films d'horreur 80's. Bref, encore un film intéressant de la part du duo français, qui, décidément, aime explorer diverses contrées du genre. Avec Kandisha, c'est un peu La Haine qui croise Candyman et le résultat n'est pas déplaisant, bien au contraire.
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