NEW YORK 2H00 DU MATIN
(Fear City)
Réalisateur : Abel Ferrara
Année : 1984
Scénariste : Nicholas St. John
Pays : Etats-Unis
Genre : Policier, Thriller
Interdiction : -16 ans
Avec : Tom Berenger, Billy Dee Williams, Jack Scalia, Mélanie Griffith, Janet Julian...
L'HISTOIRE : Ancien boxeur ayant arrêté suite au décès d'un adversaire, Matt Rossi s'est reconverti avec son meilleur ami Nicky Parzeno dans la gestion de strip-teaseuses et tous deux alimentent les night-clubs new-yorkais. Le commerce marche bien, la clientèle est au rendez-vous et les filles sont bien traitées. La police surveille leur activité mais ne leur pose plus de problème que ça. Matt tente de se rabibocher avec Loretta, l'effeuilleuse-vedette des clubs, avec qui il a eu une liaison qui s'est mal terminée. La situation va se compliquer pour les deux amis quand un tueur en série s'en prend aux filles de leur réseau, créant des tensions au sein des diverses mafias gérant ce business lucratif...
MON AVIS : Après l'expérimental Driller Killer en 1979 puis l'excellent rape & revenge L'Ange de la Vengeance en 1981, l'indépendant Abel Ferrara se voit solliciter par un grand studio, la Twentieth Century-Fox, qui lui propose un budget nettement plus élevé pour mettre en chantier son troisième film, New York 2h00 du Matin en 1984. Un thriller sordide mais tout de même plus grand public, avec un casting plus prestigieux, composé de Tom Berenger, Billy Dee Williams, Mélanie Griffith, Rae Down Chong ou Janet Julian entre autres. Si l'argent est au rendez-vous, ça n'empêche pas Abel Ferrara de composer avec ce qu'il aime ni de se montrer provocateur. La ville de New York est bien sûr au premier plan, de même que ses quartiers les moins fréquentables, avec ses boites de strip-teases et ses night-clubs qui attirent la faune nocturne en mal de sensation. Il semblerait pourtant que la majorité du tournage a eu lieu à Los Angeles mais on n'y voit que du feu. Ce décor urbain sert de trame à l'histoire, qui, par certain aspect, peut faire penser au film Le Justicier de Minuit réalisé en 1983 par J. Lee Thompson. Dans ce dernier, un serial-killer traquait et tuait des femmes en se baladant à poil. Dans New York 2h00 du Matin, on est également en présence d'un tueur en série qui s'en prend aux strip-teaseuses, pratique les arts-martiaux entièrement nu et connaît très bien l'anatomie humaine, frappant ses victimes à des endroits bien précis. On ne connaîtra jamais le nom de ce tueur dans le film, l'acteur n'étant même pas crédité au générique ! Plus embêtant, ses motivations ne sont pas explicitement exposées même s'il ne faut pas être né de la dernière pluie pour les comprendre à partir des indices entrevus : on est face à un rédempteur qui veut éradiquer la perversion, l'obscénité, la dépravation et qui s'en prend donc au commerce du sexe, en frappant celles qui usent de leur corps pour gagner de l'argent, ce qui met dans l'embarras, par la même occasion, ceux qui les gèrent et travaillent dans cette industrie. Plus étrange, notre mystérieux tueur, adepte des arts-martiaux et de l'anatomie humaine, semble écrire un livre s'intitulant Fear City, qui est le titre original du film en passant. On aurait aimé en savoir plus sur l'écriture de cet ouvrage, sur le pourquoi du comment des actes de notre tueur mais Ferrara ne donnera pas plus d'explications. Dommage. Toujours est-il que le film se suit sans aucun souci, avec ses personnages forts et bien écrits, à l'image du protagoniste principal joué par Tom Berenger. Un homme qui possède un passé peu glorieux, qu'il ne cesse de ressasser dans son esprit et qui donne une vraie épaisseur au personnage. Un anti-héros qui tente de se racheter malgré ses activités dans le monde de la nuit, et qu'on prend en empathie de par ses actes, notamment envers la belle Loretta, strip-teaseuse interprété par la non moins charmante Mélanie Grifith, qui allait devenir une star avec son film suivant, le Body Double de Brian de Palma. Nul doute que ce dernier a été subjugué par l'actrice grâce au film de Ferrara. Il faut dire que Mélanie Griffith n'a pas froid aux yeux ici, et s'investit à fond dans son rôle, se dénudant lors d'un strip-tease torride, sans aucune gène. Ses fans seront aux anges à n'en point douter. Avec New York 2h00 du Matin, Ferrara utilise les codes du film noir 50's et les modernise d'habile manière : on a en effet tous les éléments du genre : intrigue policière, ville aux multiples dangers, la mafia, les femmes fatales, une menace tangible, un inspecteur badass (l'excellent Billy Dee Williams), des flashbacks sur le passé du héros et j'en passe. On appréciera le thème de la dualité qui émane du héros et du tueur : le premier ne veut plus entendre parler de la violence quand le second utilise cette dernière pour mener à bien sa croisade. La confrontation entre les deux hommes restent inévitables et aura lieu lors de la séquence finale. La thématique de la rédemption et la Foi, à travers la scène de l'Eglise, est également au rendez-vous. Pour sa première réalisation pour un grand studio, Abel Ferrara livre un thriller solide, avec de la violence et de la nudité, ce qui n'a pas franchement plus à la Twentieth Century-Fox (il s'attendait à quoi ?) qui a exigé de nombreuses coupes avant de carrément vendre les droits à un petit studio indépendant pour assurer la sortie en salle. Ce qui a profondément perturbé le réalisateur qui attendra 1987 avant de refaire un film pour le cinéma. Ce sera China Girl...
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