HORRIFICIA
(Horrificia)
Réalisateur : Antoine Pellissier
Année : 2021
Scénariste : Antoine Pellissier, Gerard Mazagan
Pays : France
Genre : Gore, Horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Elisabeth Pellissier, Theo Trifard, Joel Thibaudeau, Gaelle Chichignoud, Eva Nyls...
L'HISTOIRE : Au moyen-âge : le chevalier Thibault de Malmort rapporte d'une croisade un ancien grimoire maudit, qui appartenait à un culte adorateur de Satan. En ne respectant pas la règle de lecture du grimoire, le chevalier, sa femme Adeline et son serviteur Ugatorus furent maudits à travers les siècles. De nos jours : l'un des descendants du chevalier organise dans le château de Malmort une fête d'Halloween. Les invités découvrent par inadvertance le vieux grimoire et parviennent à l'ouvrir. Ils ignorent que les deux gardiens du château sont Adeline et Ugatorus. Ces derniers doivent accomplir un rituel et offrir huit cœurs en sacrifice afin de faire réapparaître le chevalier de Malmort et se libérer de la malédiction ancestrale, tout en offrant à Satan un fils afin que son règne sur Terre soit total. Les invités vont devenir des proies pour Adeline et Ugatorus, bien décidés à obtenir les huit cœurs...
MON AVIS : On sait tous que la France n'est pas un territoire fertile pour le cinéma fantastique et horrifique. Même si notre beau pays est à l'origine du cinéma de science-fiction et des effets-spéciaux grâce à George Méliès, il n'y eut jamais d'âge d'or du genre, comme ce fût le cas aux USA ou en Angleterre par exemple, malgré une bonne poignée de films poétiques sortis durant les années 40/50. Les tentatives de cinéma horrifique n'ont jamais provoquer un raz de marée par chez nous et même si certains réalisateurs tentent d'offrir au public un cinéma de genre de qualité, l'engouement n'est pas proportionnel aux efforts fournis. Dans les années 70, un réalisateur français s'est donné corps et âme au cinéma fantastique, luttant contre vents et marées pour mettre en scène des films appartenant à ce genre longtemps conspué par la presse bien pensante : Jean Rollin. Avec peu de moyens, mais beaucoup de passion, Rollin a contribué à sa manière à offrir du fantastique à notre pays trop cartésien. Avec encore moins de moyens mais tout autant de passion et de système-D, un autre réalisateur se bât pour faire vivre sa passion, celle du cinéma gore. Son nom : Antoine Pellissier ou le Docteur Gore pour les intimes. Un surnom qui vient de sa profession même, puisqu'il est médecin. Médecin le jour, réalisateur gore la nuit, voilà comment il aime être décrit. Sa passion pour le gore, les tripes et le sang l'a toujours habité et entre deux consultations médicales, il réalise des films amateurs sans beaucoup de budget mais avec une sincérité touchante et un amour pour le gore qui fait plaisir à voir. Ses premiers méfaits datent de 1977 et sont des courts-métrages. En 1982, il s'attaque au long-métrage avec Les Proies du Mal, film-fleuve de 172 minutes ! Suivront, avec une durée plus respectable, Folies Meurtrières, L'élue des Enfers et enfin Maleficia en 1998, ce dernier étant son oeuvre la plus célèbre et la plus connue et devant être le premier film d'une trilogie gore. Le second volet est annoncé dès 2010 sous le titre de Horrificia. Un véritable parcours du combattant attendait Antoine Pellissier avec ce second chapitre de sa trilogie puisque le film ne sera disponible qu'en 2021 ! Mais ça y est enfin, Horrificia est disponible sur support DVD et va pouvoir ravir les fans de cinéma gore et de cinéma Z. Le Docteur Gore ne s'en est jamais caché : il fait des films amateurs, avec des acteurs amateurs ou semi-professionnels qui ne gagneront jamais un César ou un Oscar, quasiment sans budget, dans des décors naturels et avec une très grosse dose de système-D. Antoine Pellissier, c'est le Herschell Gordon Lewis made in France pour faire simple, mais avec encore moins d'argent. On le sait, regarder un film du Docteur Gore, c'est comme regarder vos potes en train de jouer devant une caméra. Maintenant, ce genre de films ultra Z possèdent ses fans et ses détracteurs. On peut y trouver à redire d'un point de vue purement cinématographique mais on sait déjà qu'on ne va pas assister à un film de Kubrick. Ce qui fait la différence entre des productions ultra low cost comme celle que j'ai regardé récemment, Sharks of the Corn, et les films d'Antoine Pellissier ? La passion et surtout le fait que le Docteur Gore ne prend pas le public-cible pour un con. Ce n'est pas parce que vous n'avez pas d'argent qu'il faut mettre de côté votre passion. Vous avez envie de faire un film amateur parce que c'est votre truc ? Foncez. Si la sincérité et la passion sont le moteur de votre projet, malgré tous les défauts qu'on pourra trouver, votre film finira par toucher et plaire aux personnes pour qui ça a été fait. Et avec Antoine Pellissier, on est exactement dans ce cas de figure. Sharks of the Corn nous balance une superbe affiche avec un requin blanc dans un champ de maïs. On se dit que ça va être fun et bien délirant. Tout faux. On s'y ennuie à mourir et le concept n'est quasiment jamais mis en avant. Antoine Pellissier nous annonce qu'on va voir un vrai film gore ? Tout faux ? Bah non, là pour le coup, il est impossible de dire qu'on nous a menti sur la marchandise. Et ça fait une sacrée différence. Parce que oui, fans de barbaques et de tripailles, tu vas en avoir pour ton argent niveau gore avec Horrificia ! Sur un scénario pas toujours très clair ou qui s'éparpille un peu, à base de chevalier maudit, de secte satanique, de grimoire magique, de fête d'Halloween, de passage d'une comète, de malédiction ancestrale, de rituel sanglant, de moines morts-vivants et de Satan lui-même, Horrificia va accumuler durant ses 110 minutes des scènes gores de haute qualité, qui iront crescendo tout au long du film. On félicitera les deux responsables des effets de maquillages, David Scherer et Gregory Beauvais, parce qu'ils ont accompli un travail remarquable ici, que ne renierait certainement pas Olaf Ittenbach lui-même, le roi du gore made in Germany ! Inventivité, créativité, système-D, et hop, emballé c'est pesé, le mot d'ordre étant : faut que ça saigne ! Et les deux compères ont donné entière satisfaction au réalisateur parce que c'est un véritable carnage qui nous est proposé ici, avec, entre autres joyeusetés, décapitation, arrachage d'ongles, mains sectionnées à coup de hachoir, chaux vive déversé dans la bouche, bague en forme de griffe s'enfonçant dans un œil, balai enfoncé dans le vagin, corps coupé en deux dans le sens horizontal, corps coupé en deux dans le sens vertical (plus gore !!!) à l'aide d'une grande scie à bois, tripes et boyaux fraîchement extirpés des corps mutilés, moult cœurs humains retirés de leur cavité, langue arrachée, crucifixion, énucléation, broyage de crâne à coup de pierre et même un prélèvement de scalp façon Maniac puis ouverture de la boite crânienne avec cerveau apparent et palpitant ! Et ce n'est qu'un petit panel de ce qui vous attend ! On a même une tête brûlée superbement réalisée ou une scène dégoûtante avec une actrice qui a des vers de terre vivants dans la bouche. Beurk !! Alors oui, le côté amateur est bel et bien présent, notamment au niveau du jeu des acteurs qui surjouent à mort, avec un côté théâtral très prononcé, mais ça, on était au courant donc il suffit d'adhérer au concept et de se laisser porter par les images. Le rythme est assez énergique, et les scènes gores tellement nombreuses qu'on n'a pas le temps de s'ennuyer. Niveau mise en scène, Antoine Pellissier s'essaye parfois à des mouvements de caméras façon Evil Dead de Sam Raimi, comme lors de la séquence de la voiture en panne dans la forêt par exemple et on sent que le réalisateur a mis toute son énergie pour donner le meilleur de lui-même dans ce nouveau film. Un film qui mêle époque moyenâgeuse et époque contemporaine, le décor naturel du château et de ses alentours permettant ces flashbakcs dans le passé, où une secte satanique se la joue inquisition mais de manière inversée cette fois, puisqu'ici, ce sont les chrétiens et ceux qui s'adonnent à la Foi en Dieu qui sont torturés et mis à mort. On s'amusera à voir dans le rôle du Grand Prêtre le célèbre Lloyd Kaufman lui-même ! Le patron de Troma Films se devait d'apparaître dans un film du Docteur Gore et celui-ci pousse même l'hommage en faisant se déguiser un membre du groupe en Toxie pour la fête d'Halloween, avec tutu et masque du célèbre super-héros toxique au menu ! Niveau nudité, les films de Pellissier ont toujours été très soft en la matière et on n'aura droit qu'à une paire de seins dénudés à se mettre sous les yeux. Pas très grave en soi, vu que la générosité du film en matière d'atrocités sanglantes vient combler sans souci le manque d'érotisme. Générosité, voilà bien le mot qui définit Horrificia, véritable orgie sanguinolente qui donnera le sourire à ceux qui savent s'amuser et prendre du plaisir avec ce type de production ultra fauchée mais dont la passion transpire dans chaque pores de pellicule. Si vous savez prendre votre pied autrement qu'en regardant des films d'auteurs, si vous êtes ouverts d'esprit et si vous appréciez un tant soit peu le pur cinéma amateur qui ne se fout pas de votre gueule et balance à l'écran toutes les promesses de son titre, ce qui n'est pas toujours le cas malheureusement, alors Horrificia est pour vous ! Il ne reste plus qu'à attendre le troisième volet de cette trilogie gore, en espérant que le Docteur Gore ne nous fasse pas languir dix ans de plus !
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