LE CORPS ET LE FOUET
(La frusta e il corpo)
Réalisateur : Mario Bava
Année : 1963
Scénariste : Ernesto Gastaldi, Ugo Guerra, Luciano Martino
Pays : Italie
Genre : Epouvante
Interdiction : -16 ans
Avec : Daliah Lavi, Christopher Lee, Tony Kendall, Evelyn Stewart, Harriet Medin...
L'HISTOIRE : Après un exil forcé, le baron Kurt Menliff revient au château familial des Baltiques. Il y retrouve son père et son frère Cristiano, qui abhorrent tous deux sa barbarie et son esprit sadique. Kurt découvre que la nouvelle fiancée de son frère n’est autre que Nevenka, avec qui il a jadis entretenu une liaison passionnelle. La belle ne parvient pas à le repousser et tous deux retombent dans la relation sadomasochiste qu’ils entretenaient auparavant. Un jour, le baron est retrouvé mystérieusement assassiné. Au lieu de retrouver la paix, Nevenka est alors persécutée par son fantôme…
MON AVIS : Le producteur italien Luciano Martino aimerait bien égaler le succès du film américain La Chambre des Tortures de Roger Corman. Il demande donc au scénariste Ernesto Gastaldi d'écrire une histoire dans le même genre. Aidé par Ugo Guerra et Luciano Martino lui-même, Ernesto Gastaldi tire de sa plume et de son imagination le scénario du film présenté ici, à savoir Le Corps et le Fouet. Réalisé en 1963 par Mario Bava, qui a déjà tâté du cinéma d'épouvante gothique avec Le Masque du Démon en 1960, Hercule contre les Vampires en 1961 et Les Trois Visages de la Peur également en 1963, Le Corps et le Fouet s'avère un authentique chef-d'oeuvre du genre, d'une puissance picturale rare, un de ces films qui vous obsède après l'avoir visionné et qui marque durablement les esprits. Comme je viens de le dire, visuellement, c'est d'une beauté absolue, avec des contrastes et un travail sur la lumière et les couleurs absolument renversant. Bien sûr, dire ça d'un film de Mario Bava apparaît très cliché évidemment, cet ancien chef opérateur de génie étant connu pour cette facette de son talent, qu'il a sublimé dans nombre de ses films, à l'image de 6 Femmes pour l'Assassin qu'il tournera en 1964 entre autres. Mais dans Le Corps et le Fouet, c'est d'autant plus frappant, et sa recherche sur le contraste lumière/obscurité est assez hallucinante ici. Le film est dans la pure tradition de l'épouvante gothique, avec château lugubre, passage secret, déambulation dans de longs corridors éclairés à la bougie, semblant de machination, protagonistes inquiétants ou qui semblent cacher de lourds secrets, apparition spectrale, crypte, jeune femme en proie à la peur et j'en passe. Un véritable catalogue du genre, magnifié par un scénario habile et profondément pervers, faisant de Christopher Lee un maître en sadomasochisme ayant une emprise totale sur la belle Daliah Lavi, soumise à ce ténébreux personnage adepte des coups de fouet sanglant, qui leur font atteindre un quasi orgasme. Jamais Christopher Lee n'a paru aussi cruel et diabolique, sa coupe de cheveux et son regard, froid, glacial, sans une once d'humanité en lui, parachevant de faire de Kurt Menliff l'un des plus odieux personnages qu'il a joué au cours de sa carrière. Un être tellement abject que personne ne l'aime au château, que ce soit les membres de sa famille ou les serviteurs, et tous voudraient qu'il soit mort, même Nevenka (Daliah Lavi), l'ancienne compagne de ses jeux sadiques, promise désormais à son frère Cristiano (Tony Kendall). Comble de chance pour tous les résidents, Kurt Menliff se fait mortellement égorger lors d'une nuit noire et profonde. Une tragédie qui semble réjouir la majorité des personnes présentes. Reste à savoir qui a pu pu commettre ce crime et pour quelle raison ? Des mobiles, chaque personnage en a au moins un à faire valoir, en plus de la haine qu'ils ressentaient tous à son égard. En fan habitué du cinéma gothique, je tentais de faire la lumière sur cet événement, de chercher qui avait une vraie raison de le voir mourir, quelle machination se tramait derrière cette mort. D'ailleurs, est-il bien mort ? Car son spectre revient hanter la pauvre Nevenka, qui se croit victime d'hallucinations et sombre dans une peur effroyable, entendant le claquement du fouet résonner dans les couloirs vides du château. La mise en scène est alerte, maîtrisée, les mouvements de caméras, les travelling, les zooms, tout est millimétré pour créer une ambiance, une atmosphère macabre et poétique qui transcende l'histoire et ses péripéties. On a beau chercher, enquêter, on ne trouve pas la solution; On se laisse alors bercer par les images, on assiste, impuissant, à l’impressionnante scène de flagellation que le spectre (?) fait subir à Neveka dans son lit, scène qui valut au film l'ire de la censure de l'époque d'ailleurs ! La poésie macabre envahit tout le film, la passion, la jalousie, la haine, la cupidité, le désir de vengeance et la cruauté, autant de sentiments dont font preuve les divers personnages du film, s'imbriquent magnifiquement, et la partition musicale de Carlo Rustichelli vient sublimer le tout, élevant Le Corps et le Fouet à un niveau quasi divin. Les acteurs sont tous parfaits et la progression de la dramaturgie savamment gérée par Mario Bava et ses scénaristes. Très honnêtement, ce film peut s'apparenter à une oeuvre d'art tant sa réussite majeure est indéniable et ce, sur tous les domaines, de la mise en scène à la photographie, de l'éclairage au choix du casting, de la musique aux émotions proposées. Pour faire simple, Le Corps et le Fouet est un chef-d'oeuvre du cinéma gothique, une perle venimeuse qui surprend, subjugue, et nous réserve un final enflammé digne d'une tragédie grecque. Une merveille en somme.
* Disponible en DVD ET BR chez -> ESC DISTRIBUTION <-
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