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SAILOR ET LULA

 

SAILOR ET LULA
(Wild at Heart)

Réalisateur : David Lynch
Année : 1990
Scénariste : David Lynch
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Policier, Romance
Interdiction : -12 ans
Avec : Nicolas Cage, Laura Dern, Willem Dafoe, Isabella Rossellini, Diane Ladd... 

L'HISTOIRE :  Sailor et Lula, deux jeunes amoureux, fuient Marietta, la mère de la jeune fille qui s'oppose à leurs amours et qui a lancé à leur poursuite toute une série de personnages dangereux et mystérieux qui les menacent. L'amour triomphera-t-il de la violence qui les entoure ?

MON AVIS : Avec cette adaptation d'un roman de Barry Gifford, David Lynch signe une pure merveille, un film rock n' roll, un conte mi-féerique, mi-cauchemardesque, sur lequel l'empreinte du Magicien d'Oz ne cesse de planer. Avec son introduction totalement culte, qui voit le personnage de Sailor, magnifiquement interprété par un Nicolas Cage transcendé, littéralement défoncer la gueule d'un homme qui le menace, sous les yeux implorant et les cris stridents de sa fiancée Lula (l'ultra-sexy Laura Dern) et sur la musique du groupe de speed metal Powermad (avec leur titre surpuissant Slaughterhouse), on sait qu'on va assister à un spectacle à nul autre pareil, et que David Lynch va encore nous entraîner dans son monde si particulier, si mystérieux, si intrigant. Road movie violent, romance exacerbée et passionnée, personnages atypiques, prestations hallucinées (dont celle de William Dafoe) et chansons d'Elvis Presley se marient dans une totale alchimie qui ne peut que satisfaire le cinéphile adepte d'univers décalés, aux antipodes des productions mainstream qu'on lui sert à longueur d'année. Sailor et Lula ne ressemble à rien de connu et comme déjà dit, emprunte au conte de fée (la boule de cristal, les ongles de Marietta, typique des sorcières et l'apparition de la bonne fée, jouée par Sheryl Lee, la Laura Palmer de Twin Peaks) et au Magicien d'Oz particulièrement. Notre couple d'amoureux va devoir emprunter la route de brique jaune afin d'échapper à la méchante sorcière de l'Est, symbolisée ici par la mère de Lula, Marietta Fortune (Diane Ladd), qui ne supporte pas de voir sa fille avec Sailor, pour une raison bien précise qu'on découvrira dans le film. Le voyage ne sera pas de tout repos, le couple croisant sur son chemin des personnages torturés, psychotiques, inquiétants, à l'image de Perdita (Isabella Rosselini), Bobby Peru (William Dafoe) ou Juana & Reggie (Grace ZabriskieCalvin Lockhart) entre autres. Star de sa série Twin Peaks, Lynch offre un tout petit rôle, mais ô combien marquant, à la divine Sherilyn Fenn, qu'on n'oubliera pas de sitôt. Cette course-poursuite se pare d'images travaillées, colorées, merveilleusement agencées par un Lynch investit, qui nous propose un film plutôt compréhensible et assez facile d'accès, bien que métaphorique. Sa mise en scène est inspirée, parfois onirique, et il transcende un scénario relativement simpliste par celle-ci, nous prenant par la main pour nous emmener avec lui dans ce voyage sauvage, poétique, romantique et brutale. La musique d'Angelo Badalamenti, ainsi que les diverses chansons qui ponctuent la bande-originale (Powermad, Elvis Presley, Glenn Miller, Les Baxter, Chris Isaak et bien d'autres) participent pleinement à créer cette ambiance hors norme, comme si on était dans un rêve, sensuel, érotique et macabre à la fois. Romeo et Juliette des temps modernes, Sailor et Lula s'aiment d'un amour fou mais contrarié par d'autres qui ne veulent pas les voir s'aimer. Le film regorge de scènes culte, l'érotisme est sexy et jamais vulgaire, les fringues et les voitures ont de la classe (la fameuse veste en peau de serpent de Cage, désignée par Sailor comme étant le symbole de son individualité et de sa liberté personnelle) et quand le violence s'affirme, la couleur rouge envahit l'écran. Sous ses allures de banal road movie, Sailor et Lula se révèle bien plus malin que ça et nous offre 2H de spectacle d'une sublime étrangeté qui marque autant la rétine que l'esprit. Un Grand Prix mérité au festival de Cannes 1990.


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