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THE NIGHTINGALE

 

THE NIGHTINGALE
(The Nightingale)

Réalisateur Jennifer Kent
Année : 2018
Scénariste Jennifer Kent
Pays : Australie
Genre : Drame
Interdiction : -16 ans
Avec Aisling Franciosi, Baykali Ganambarr, Sam Claflin, Damon Herriman, Harry Greenwood...

L'HISTOIRE 1825, dans l’Australie sous domination anglaise. Après avoir purgé sa peine, Clare, une jeune bagnarde irlandaise, va bientôt pouvoir vivre librement auprès de son mari et de son bébé. Mais son officier de tutelle n'en a pas fini avec elle: rossée et laissée pour morte, Clare assiste impuissante au massacre de sa famille par des soldats britanniques. A son réveil, au bord de la folie, elle se lance à leur poursuite au travers des terres vierges de Tasmanie. Dans cette région sauvage et isolée, où les lois des hommes ne s'appliquent plus, elle ne reculera devant rien pour se faire justice, aidé par Billy, un noir, lui aussi seul au monde...

MON AVIS : La réalisatrice australienne Jennifer Kent a fait son entrée dans le monde du cinéma en 2014, avec le film de terreur Mister Babadook, dans lequel elle faisait déjà preuve d'une belle maîtrise de la caméra. Quatre ans plus tard, en 2018 donc, elle revient sur le devant de la scène avec The Nightingale, un drame puissant à la réalisation exemplaire qui saura marquer les esprits. Brutal, âpre et très réaliste dans la façon de filmer la violence, The Nightingale est un film radicalement différent de Mister Babadook, puisque ici, point de démon ou autre créature maléfique. Pour les remplacer, Jennifer Kent n'a pas eu à chercher bien loin puisqu'elle s'est contentée d'utiliser le plus ignoble des prédateurs, à savoir l'homme lui-même. La première demi-heure du film est d'une grande radicalité et choquera sans peine les spectateurs, les images montrées n'étant guère plaisante à regarder. Le calvaire que va vivre la jeune héroïne du récit, Clare, superbement interprétée par Aisling Franciosi, comporte en effet des images chocs qui provoquent un réel malaise. Etant sous la tutelle d'Hawkins, un jeune lieutenant arriviste, qui dirige un contingent de soldats anglais qui passent leur temps à boire, Clare est marié à un irlandais et de cette union est né un charmant bébé. Mais Hawkins a des vues sur la jeune femme, qui possède la voix d'un rossignol quand elle chante pour les troupes. Il n'hésite pas à faire valoir son grade et sa position pour domestiquer Clare et lui faire subir une pression sexuelle. Lorsque son mari décide d'aller parler à Hawkins pour qu'il affranchisse Clare et lui laisse sa liberté, une violente altercation en découle, altercation qui se terminera dans un accès de violence insupportable, que ce soit pour Clare, son mari et malheureusement, pour son bébé également. L'aspect hautement réaliste des actes présentés ici, que ce soit le viol, les coups portés et la mort du nourrisson, fait qu'on a la bouche sèche devant notre écran, abasourdi par cette brutalité dont sont capables les hommes entre-eux. The Nightingale peut alors être vu comme un rape & revenge pur et dur puisqu'une fois les sévices infligés et la mort de sa famille devenu réalité, Clare va s'engager dans une mission de vengeance, n'ayant plus pour unique but que de châtier Hawkins et les deux autres soldats qui étaient présents lors du drame. Meurtrie au plus profond de sa chair et de son âme, Clare va s'engager dans une voie qui ne peut que se montrer mortifère mais nous comprenons évidemment son désir de vengeance. A partir du moment où la jeune femme va débuter sa quête vengeresse, The Nightingale introduit un nouveau personnage, celui de Billy, un noir qui va lui servir de guide dans l'immense forêt inhospitalière de Tasmanie, et qui va permettre au film d'aborder d'autres thématiques graves et intéressantes, comme la Guerre noire, qui impliqua l'armée britannique et les aborigènes vivant dans la forêt et qui eut lieu au début du XIXème siècle, le racisme, la haine de l'étranger, l'appartenance à une terre ou bien encore la condition des femmes face aux hommes. La cohabitation d'abord houleuse puis apaisée entre Clare et Billy va être le moteur de ces diverses thématiques, qui vont faire bifurquer le film de rape & revenge à celui de survival naturaliste, le film nous faisant parfois penser au magnifique La Forêt d'Emeraude de John Boorman. Le rapport entre l'homme et la nature est en effet mis en exergue la plupart du temps et sert habilement le récit. La prestation du casting est louable à tous les niveaux, que ce soit Aisling Franciosi, déjà citée, mais aussi Baykali Ganambarr, exceptionnel en Billy, ou Sam Claflin, exécrable en lieutenant Hawkins, lui qui était si doux dans le très joli film Avant-toi avec Emilia Clarke. Ici, Claflin incarne la méchanceté brute, se montre impitoyable, même avec les enfants et on n'a qu'une envie, que Clare accomplisse sa vengeance et l'envoie ad-pâtres. Le parcours initiatique de la jeune femme, guidée par son boy, se montre rude, sauvage, et on ressent une vraie empathie pour ce personnage. Même si le film est un peut trop long (2h11), avec quelques légers passages qui traînent un peu en longueur, Jennifer Kent nous propose une oeuvre qui prend aux tripes, à la magnifique photographie, et qui se révèle maîtrisée et très aboutie. The Nightingale est un film qui possède une vraie puissance dramatique.

* Disponible en DVD, BR et VOD dès le 15 avril chez CONDOR DISTRIBUTION


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