APOCALYPSE 2024
(A Boy and his Dog)
Réalisateur : L.Q. Jones
Année : 1975
Scénariste : L.Q. Jones
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-fiction
Interdiction : /
Avec : Don Johnson, Jason Robards, Susanne Benton, Alvy Moore, Hal Baylor...
L'HISTOIRE : Après la quatrième Guerre mondiale, qui n'a duré que cinq jours avant l'envoi de bombes atomiques pour régler le conflit, la Terre n'est plus qu'une vaste plaine désertique dépeuplée, où règne la loi du plus fort. La survie et la recherche de nourriture sont le lot quotidien de Vic, un jeune homme pas très futé mais qui a la chance d'avoir pour compagnon de route Blood, un chien télépathe très intelligent, qui le renseigne sur les diverses menaces qu'ils peuvent rencontrer lors de leur expédition...
MON AVIS : Adaptation du roman A Boy and his Dog de Harlan Ellison, Apocalypse 2024 est un film d'anticipation réalisé et scénarisé par L.Q. Jones, qui n'a que deux films à son actif, celui-ci et un western réalisé en 1964, The Devil's Bedroom. Il a également mis en scène un épisode de la série télévisée L'Incroyable Hulk. Il est par contre bien plus connu en tant qu'acteur, avec une filmographie comprenant plus de 160 entrée à ce poste ! C'est une fois qu'il a lu le roman d'Ellison que L.Q. Jones décide de l'adapter au cinéma, subjugué par l'intelligence et l'originalité du récit. Il demande à l'auteur de scénariser son livre mais Ellison subit un violent burn-out et il est incapable d'écrire une ligne. Le temps passe et devant la non-productivité de l'écrivain, L.Q. Jones décide de s'atteler lui-même à la tâche. Bénéficiant d'un budget assez restreint, le réalisateur va pourtant livrer un film des plus originaux et intéressants, souvent classé parmi les meilleurs films de science-fiction dits intelligents, un courant débuté en 1968 avec 2001 l'Odyssée de l'Espace et La Planète des Singes, et dans lequel les œuvres proposent une vraie réflexion sur notre monde, sur l'écologie, sur la place de l'humain dans le monde et j'en passe. Des œuvres quasi philosophiques, des dystopies pour la plupart, qui révèlent un avenir des plus sombres et nihilistes pour l'humanité et qui s'éloignent des films de S-F d'antan, qui avait pour but principal le divertissement du public. Apocalypse 2024 est donc à ranger dans la catégorie post-nuke, ces films se déroulant après une Guerre nucléaire le plus souvent. On y retrouve toutes les caractéristiques de ce sous-genre de la S-F : plaine désertique à perte de vue, bande de pillards sans foi ni loi, une violence exacerbée, le manque de nourriture ou la sensation de solitude ressentie par le héros entre autres. Le budget du film n'étant pas très élevé comme déjà dit, on n'aura pas de course-poursuite en véhicules customisés par contre. Apocalypse 2024 est plus un film de S-F intimiste, avec peu de personnages, peu de décors mais ces derniers sont très bien utilisés et servent pleinement le récit. Vic, le héros du film, est interprété par un tout jeune Don Johnson et ce dernier s'en sort plutôt bien ici. Pas très futé mais assez débrouillard, Vic réussi à survivre dans ce monde cruel grâce à Blood, le chien qui l'accompagne partout. Il faut dire que Blood est un chien assez particulier puisqu'il est télépathe et peut donc communiquer par la pensée avec Vic, via une voix-off dans le film. C'est un chien qui ne mâche pas ses mots, qui est très intelligent, et qui se veut même être une métaphore de l'Histoire de l'humanité, puisqu'il enseigne à Vic les grands moments de l'Histoire du monde, comme les guerres ou les Présidents américains, à travers des dates précises. On se rend rapidement compte que c'est Blood qui assure la survie de Vic mais que leur relation est basé sur le donnant-donnant : Blood renseigne Vic sur la présence d'ennemis ou de femmes et Vic lui trouve de la nourriture. La présence de femmes ? Oui, car elles sont peu nombreuses dorénavant et Vic a un appétit sexuel dévorant et il n'hésite pas à mettre sa vie en danger pour aller tirer un coup, ce qui a le don d'énerver Blood au plus haut point. On le voit, même si le film décrit un univers nihiliste, l'humour noir n'est jamais loin et sert à détendre l'atmosphère. Les bonnes idées se cumulent en pagaille, comme ce lieu situé en plein désert et qui s'avère être un cinéma, le prix de la place étant un conserve de nourriture. On y trouve même du pop-corn ! Les films projetés sont le plus souvent des films pornographiques, présentés dans une qualité déplorable, mais dans ce monde apocalyptique, tout est bon pour passer le temps. Apocalypse 2024 peut être découpé en trois parties : la première nous présente donc les deux héros du film ainsi que les dangers et l'univers dans lequel ils vont évoluer. La seconde partie est plus soutenu niveau rythme puisqu'elle s'attache à nous présenter une séquence d'action qui dure assez longtemps, avec Vic qui va devoir lutter pour résister à l'attaque d'une bande de rôdeurs armés jusqu'au dent et ce, à cause de son appétit sexuel encore une fois ! Ce qui est intéressant ici, ce que sous cette étendue de sable se trouve d'anciennes habitations dans lesquelles on peut encore accéder, comme si un second monde s'ouvrait sous nos pieds. Cette seconde partie nous fait également faire connaissance avec une femme, Quilla June Holmes (Susanne Benton), qui va finir dans le lit de Vic et convaincre ce dernier de la rejoindre dans le monde souterrain. Un monde où Vic ne souhaitait pas aller mais son instinct et le manque de sexe vont avoir raison de lui. Ce sera la troisième et dernière partie du film, qui prend une tournure radicalement précédente avec tout ce qui a précédé. En effet, une fois avoir passé la porte menant au gigantesque monde souterrain, le film se pare de couleurs vives, les étendues désertiques disparaissent, et on se retrouve dans un nouveau monde, avec des centaines d'habitants vivant ici, dont de nombreuses jeunes filles et femmes. Cette rupture de ton étonne de prime abord, déconcerte même, jusqu'à ce qu'on découvre que l'ambiance du village du Prisonnier n'est pas loin en fait et que toute cette impression de liberté n'est qu'illusoire ici. Certaines révélations sont vraiment bien pensées et, tout comme Vic, le spectateur va aller de surprise en surprise. On se demande alors si ce monde souterrain vaut mieux que le monde du dessus ? C'est d'ailleurs l'un des points forts d'Apocalypse 2024 : il n'y a aucun personnage qui est bon ou mauvais. Seule la survie compte ici et même Vic n'est pas un vrai héros de film, puisque pour satisfaire ses besoins sexuels, il n'hésiterait pas à violer les femmes qu'il peut rencontrer. Blood n'est pas en reste puisque, pour de la nourriture, il trouve des femmes pour Vic, sachant très bien le sort que ce dernier leur réserve, sans aucun consentement. Le final du film, non désiré par l'auteur du roman, est franchement incroyable et on félicitera L.Q. Jones d'avoir conclut son film sur cette touche d'humour noir, qui prouve que le chien est le meilleur ami de l'homme, mais je vous laisse la surprise. Apocalypse 2024 prouve à nouveau que même sans un gros budget, si les bonnes idées sont là, on peut réaliser un véritable ovni cinématographique, original et intéressant. A découvrir !
* Disponible en combo DVD + BR chez -> ARTUS FILMS <-
Belle copie, avec un grain bien présent, présenté dans un joli digipack deux volets sous fourreau. Niveau bonus, on a un très bon entretien entre le réalisateur et le romancier, ainsi qu'une présentation du film par Christian Lucas et Stéphane Derderian. Petit bémol pour ce module, si les informations données sont très instructives, le montage est par contre assez pénible. Un diaporama d'affiches et de photos ainsi que la bande-annonce viennent compléter le tout. Une édition propice à la bonne découverte de cet ovni.
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