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POSSESSOR

 

POSSESSOR
(Possessor)

Réalisateur : Brandon Cronenberg
Année : 2020
Scénariste : Brandon Cronenberg
Pays : Canada, Angleterre
Genre : Science-fiction, Horreur, Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec Andrea Riseborough, Christopher Abbott, Jennifer Jason Leigh, Daniel Park...

L'HISTOIRE Tasya Vos travaille au sein d’une organisation secrète qui utilise une technologie neurologique de pointe à des fins criminelles : habiter le corps d’une personne dans le but de la pousser à tuer aux profits de clients très riches. Tout se complique pour Tasya lorsqu’elle se retrouve dans le corps d’un homme dont l’appétit pour le meurtre et la violence dépasse de très loin le sien… Au point de la déposséder de sa propre identité ?

MON AVIS : Tel père, tel fils. C'est l'adage bien connu, qu'on pourrait appliqué au cas Cronenberg. A ma droite, David, le père, qu'on ne présente plus tant sa filmographie est parsemée de purs classiques qui ont façonné une partie du cinéma fantastique et horrifique, à travers sa recherche sur la chair elle-même, sa dégradation, sa mutation. A ma gauche, Brandon. Le fils. Deux films seulement à son actif : Antiviral en 2012 et Possessor en 2020. Si le cinéma de Brandon Cronenberg ne ressemble pas totalement à celui de son père, et c'est tant mieux, on ne peut nier une certaine corrélation entre les deux hommes, qui signent des œuvres complexes, bien éloignées des standards du cinéma d'horreur de divertissement. Organiques, recherchés, cliniques, les films de la famille Cronenberg n'égayeront pas vos soirées pop-corn du samedi soir. Trop glauques, trop malsains. Antiviral avait déjà prouvé que Brandon Cronenberg était méticuleux dans sa mise en scène, et qu'il n'était pas du genre à céder à l'entertainment, avec cette histoire de vente de virus ayant contaminés des célébrités et que le personnage principal s'auto-injecte pour en vendre sous le manteau. Âpre, glacial, presque expérimental, Antiviral avait désarçonné le public venu chercher de simples frissons. Il en sera assurément de même avec Possessor, qui joue dans la même cour et ne cherche jamais à contenter le plus grand nombre, à rassembler un public diversifié autour d'un spectacle facile d'accès. Tout ce que n'est pas Possessor. Exigeant, toujours aussi froid, n'ayant aucun personnage auquel on va s'identifier ou prendre en empathie en son sein, le second film de Brandon Cronenberg ne plaira pas à tout le monde, c'est le moins que l'on puisse dire. Sur la base d'une histoire science-fictionnelle, dans laquelle une organisation loue ses services pour assassiner des personnalités importantes grâce à un concept novateur, à savoir prendre le contrôle mental et physique d'une personne par un de leur employé à l'aide de puce implantée dans le cerveau de l'hôte, et le faire agir en toute impunité, sans risquer de se faire démasquer par la police ou autres, le réalisateur nous plonge dans une étude psychologique dans laquelle les personnalités s'imbriquent, interfèrent, se dissocient, créant des lésions autant chez l'hôte que chez le parasite. Ce parasite, c'est Tasya Vos (Andrea Riseborough), une mère de famille à la vie de couple compliquée, n'étant pas souvent à la maison, ne s'occupant pas assez de son fils ou de son mari. Son travail consiste à s'introduire dans le corps d'un hôte et de le faire agir en fonction des missions et des contrats finalisés par l'organisation qui l'emploie. Un peu comme dans The Cell, avec qui Possessor entretient quelques points communs, Tasya est allongée et à la tête recouverte d'un casque étrange, lui permettant de s'associer avec l'hôte désigné. Ce dernier, peu à peu, n'est plus maître de son mental ni de son physique et obéit aveuglément à la volonté de Tasya. Pour réintégrer son propre corps, pour être "ramener en elle", Tasya doit éliminer l'hôte, par un suicide. La scène d'introduction, faisant déjà preuve d'une violence généreuse qui ne quittera pas le film, nous fait faire connaissance avec ce procédé très high-tech. Le décor de la salle de transfert est épuré, froid, blanc, très clinique. Pas de décor tape-à-l’œil ou de laboratoire Frankenstenien moderne. La sobriété était déjà de mise dans Antiviral, elle l'est encore plus dans Possessor. Le rythme du film est également très posé, contemplatif, et il ne s'accorde que très peu de moment plus énergique. Bien sûr, le film n'aurait pas lieu d'exister si cette belle machine ne venait à s'enrayer. Quand un nouvel hôte réussi à reprendre le contrôle, à passer au-dessus de la volonté de son parasite, le film devient plus complexe, plus prenant, plus violent également, traitant de la perte d'identité, voire même de la perte de son humanité. Tasya manque de repère, le flou de sa propre existence est remis en question lorsqu'elle incorpore un hôte et vit une autre vie. Cette dualité entre elle et son hôte est parfaitement retranscrite à l'écran par les nombreux procédés et travaux remarquables sur l'image que Brandon Cronenberg et Karim Hussain ont apporté au film, ainsi que par la bande-sonore, très travaillée et qui nous immerge dans cet univers atypique, déconcertant et surtout très nihiliste. Possessor ne respire jamais la joie de vivre, c'est certain. Ce thriller mêlant S-F, horreur et drame demandera un certain investissement de la part du spectateur, qui devra faire l'effort de rentrer dans le film et de ne pas s'en détacher. Une mission pas si facile que ça pour ce film pointilleux et difficile, qui porte assurément la marque de son auteur et qui possède une imagerie assez marquante lors de certaines séquences. Encore un film atypique de la part de Brandon Cronenberg, décidément un réalisateur attachant et qui a des choses à proposer. Grand Prix au festival de Gerardmer 2021.

     

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