WONDER WOMAN 84
(Wonder Woman 84)
Réalisateur : Patty Jenkins
Année : 2020
Scénariste : Patty Jenkins, Geoff Johns, Dave Callaham
Pays : Etats-Unis, Angleterre, Espagne
Genre : Action, Fantastique
Interdiction : /
Avec : Gal Gadot, Chris Pine, Kristen Wiig, Pedro Pascal, Robin Wright...
L'HISTOIRE : La découverte d'un antique artefact permettant d'exaucer les souhaits va faire basculer la destinée de ses possesseurs et en premier lieu, celle de Barbara Minerva, professeur dans diverses spécialités archéologiques que tout le monde ignore comme si elle était invisible puis celle de Max Lord, un loser qui s'est lancé dans le business du pétrole et qui sombre vers la faillite. Leur souhait de ne plus rester dans l'anonymat et de devenir des personnes importantes, qu'on remarque, va avoir des répercussions désastreuses sur la Terre, ainsi que sur eux-mêmes, un souhait exaucé entraînant toujours une contre-partie plus malicieuse. Même Diana Prince va se laisser séduire par l'artefact, souhaitant retrouver son amour de toujours, le pilote Steve Trevor. La mégalomanie de Max Lord, qui a souhaité devenir l'artefact lui-même pour ne plus avoir de limites de pouvoir, va proposer à Wonder Woman un défi de taille, impliquant la survie de tous les habitants de la Terre...
MON AVIS : Victime d'un bashing exacerbé, je ne savais pas trop à quoi m'attendre à la vision de ce Wonder Woman 84, qui fait suite au film de 2017 qui mettait en vedette la superbe actrice israélienne Gal Gadot dans la peau de cette super-héroïne, jadis incarnée à l'écran par Lynda Carter. Comme je dis souvent : toujours se faire son propre avis personnel et ne jamais se laisser influencer par les haters de tout bord, qui assènent leur vérité en la faisant passer pour une vérité universelle. Bien m'en a donc pris puisque Wonder Woman 84 est film hautement appréciable, supérieur au premier chapitre pour ma part, même si il m'a assez surpris de par la direction choisie par sa réalisatrice, Patty Jenkins. Dans la grande majorité des cas, faire une suite à un film de super-héros équivaut à proposer au public toujours plus d'action, de scènes de batailles titanesques et à tout miser sur les effets-spéciaux, pour en mettre plein la vue aux spectateurs, qui ne demandent que ça en fait. Avec Wonder Woman 84, Patty Jenkins prend le contre-pied de cette affirmation, déjouant les attentes du public dans ces domaines justement, et c'est certainement cette prise de risque et ce choix qui ont déplu. Les dix premières minutes nous rappellent la scène d'introduction du film de 2017 puisqu'on se retrouve à nouveau sur l'île des amazones, avec une Diana Prince encore enfant qui va tenter de remporter une compétition face à des concurrentes plus matures. Alors que tout se passe bien pour la jeune fille, une erreur d'inattention la fait trébucher et elle se fait dépasser par ses concurrentes. Maligne, elle emprunte un passage secret qui lui permet de rattraper son retard et d'entrer la première dans l'arène. La victoire n'est plus qu'à un tir de javelot. Mais Antiope (Robin Wright) l'empêche de lancer le javelot car elle sait que Diana a triché. Et de lui faire un joli discours sur la notion du mensonge, de la vérité et de la vraie grandeur. Une séquence introductive qui nous envoie en pleine face la morale du film, morale qui viendra s'imposer lors du final quelques deux heures plus tard. Passée cette première séquence, on se retrouve dans les années 80, en 1984 pour être précis, et nous allons pouvoir admirer Wonder Woman en costume et en action, dans une séquence diablement jouissive, avec serre-tête boomerang, lancer du fouet de la vérité, saut prodigieux, sauvetage d'enfant et tout le toutim. Gal Gadot porte toujours aussi bien le fameux costume de justicière rouge et bleu et on prend un vrai plaisir à la retrouver dans ce rôle. Et puis, vient la suite. Surprenante. Inattendue. Déstabilisante. Car point de Wonder Woman à l'écran. Il faudra arriver à la durée d'1h22 de film pour la revoir dans son costume. Pas étonnant que le public de bourrin, qui ne jure que par l'action, se soit exprimé haineusement sur les réseaux sociaux. On leur a volé le film dynamique et percutant qu'ils étaient venus voir. Mince alors. Plus grave encore, le méchant dans Wonder Woman 84 n'a rien d'un super-méchant à l'image d'Arès le dieu de la guerre du précédent film. Ici, on a une sorte de clone de Donald Trump, un homme sans renommée, sans classe, qui veut juste exister et avoir du pouvoir pour se sortir de sa situation de loser. Quitte à faire courir le plus grand danger sur le reste de l'humanité pour y parvenir et faire briller les yeux de son jeune fils, afin que ce dernier soit fier de la réussite sociale de son papa. Vlan, encore un partie-pris radical de Patty Jenkins, dont on peut se demander si elle n'a pas tout fait sciemment pour se faire rejeter, elle et son film. Pourtant, ce refus du formatage, ce refus d'aller toujours plus haut, toujours plus loin dans la surenchère est des plus respectables. Et des plus courageux. Car Wonder Woman 84 est avant tout un film sur des personnages avant d'être un film de super-héros. Un trio de personnages même. Diana Prince / Barbara Minerva / Max Lord. Leur destin va être scellé par l'utilisation d'un artefact que personne, à part Max Lord, ne pensait magique. Une vulgaire pierre, qui possède pourtant le don d'exaucer les souhaits, comme la lampe magique d'Aladdin ou la patte de singe. Si Max Lord recherche cette pierre depuis des années, conscient de son pouvoir, c'est sans aucune arrière-pensée que Diana et Barbara vont exprimer un souhait. Pour la première, revoir son amour perdu, Steve Trevor. Pour la seconde, être comme Diana, avoir du charisme, de la prestance, de la classe. Deux vœux à priori anodin mais qui vont se concrétiser. L'âme de Steve Trevor va se réincarner dans le corps d'un inconnu mais Diana verra bien l'acteur Chris Pine à travers ses yeux, aveuglée par son amour pour lui. La scène du miroir est à ce titre excellente. Quant à Barbara, elle va effectivement sortir de l'anonymat le plus total, devenant une séduisante jeune femme, sexy, charismatique. Mais sans le vouloir, elle acquière également la force et la puissance de Wonder Woman. Max Lord, lui, en veut toujours plus et, bien malin, a pour souhait de devenir l'artefact lui-même, pouvant alors démultiplier les souhaits à loisir. Pas de super-méchant donc, juste une homme et une femme malheureux de n'être que des inconnus se fondant dans la masse. La convoitise, le désir de posséder, d'avoir du pouvoir, tel est le véritable ennemi dans le film. Et bien sûr, quand on commence à avoir du pouvoir, on en veut toujours plus. Quitte a refuser de voir la vérité en face, quitte a renier ses idéaux. Dans tout conte, il y a un prix à payer quand un souhait se réalise. La saga horrifique Wishmaster est d'ailleurs clair avec ce point. Max Lord devient de plus en plus malade au fur et à mesure que sa puissance et sa médiatisation évolue ; Barbara perd sa gentillesse, son côté profondément humain ; quant à Diana, elle perd tout simplement une partie de ses pouvoirs, devenant plus faibles et pouvant même être blessée. Avoir ce qu'on désire le plus est-il la solution à ses problèmes ? Le final du film, remarquable et émouvant, viendra répondre à cette question. La destinée des trois personnages prend donc une grande partie du film, le privant d'action pour se concentrer sur un aspect plus romantique pour Diana Prince, plus calculateur pour Max Lord et plus joyeux pour Barbara. Avec en contre-partie, des émeutes, des conflits mondiaux qui viennent perturber le monde tel qu'on le connaît, à l'équilibre déjà bien fragile. Oui, on est très loin de films comme ceux de la saga Avengers en terme de spectaculaire. Même la dernière-heure, qui voit le retour de Wonder Woman, ne propose pas de scènes dantesques qui en mettent plein la vue. Il y a plus d'action bien sûr, mais on reste à échelle quasi humaine en fait. Car c'est bien de ses personnages humains auxquels s'intéresse Patty Jenkins. Et c'est pour moi la grande réussite du film. J'ai vraiment apprécié le développement des personnages, la mise en scène qui leur permet d'exister au-delà de ce qu'ils représentent, notamment pour Diana Prince. Plus d'émotion, moins d'action. Le tout porté par une très belle partition de Hans Zimmer. La scène de l'avion invisible qui passe au milieu des feux d'artifices est magnifique pour ce qu'elle représente pour le personnage de Diana. Wonder Woman 84 est au final une joli fable, jamais niaise, bien moins kitsch que ce que laissait suggérer la bande-annonce. Un beau spectacle, qui bouscule les conventions et les attentes mais qui en ressort gagnant pour ma part. La dernière scène, sous une pluie de neige, associée aux paroles de Diana quelques instants plus tôt, m'a fait penser à La Vie est Belle de Frank Capra. Le monde offre parfois une seconde chance, il faut savoir la saisir sans vouloir la provoquer par des mensonges. A noter une petite séquence post-générique, avec la charmante Lynda Carter qui fait un caméo très sympathique et appréciable.
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