NUITS D'AMOUR ET D’ÉPOUVANTE
(La morte cammina con i tacchi alti / Death walks on High Heels)
Réalisateur : Luciano Ercoli
Année : 1971
Scénariste : Ernesto Gastaldi, Mahnahén Velasco
Pays : Italie, Espagne, Angleterre, France
Genre : Giallo, Policier
Interdiction : -12 ans
Avec : Frank Wolff, Nieves Navarro, Simón Andreu, Carlo Gentili, George Rigaud...
L'HISTOIRE : Un homme se fait assassiner dans un train. Le meurtrier semble chercher quelque chose qu'il ne trouve pas. La victime est Ernest Rochard, un cambrioleur qui a volé une importante collection de diamants. A Paris, sa fille, Nicole, sans nouvelle de son père depuis des mois, apprend son décès par la police. Les inspecteurs pensent que Nicole est peut-être en possession des diamants, ce qu'elle réfute. Strip-teaseuse de renom qui danse au Crazy Horse, Nicole passe du temps avec Michel Aumont, un garçon qui se montre un peu désagréable quand il cède à la tentation de l'alcool. Après avoir reçu un appel menaçant, Nicole se fait agresser par le mystérieux tueur du train, reconnaissable à ses yeux bleus. Celui-ci la laisse en vie à condition qu'elle coopère. Nicole s'en va trouver de l'aide auprès de Michel mais découvre dans sa pharmacie une paire de lentilles bleus. Après une représentation, Nicole fait la connaissance du chirurgien-ophtalmologiste Robert Matthews, qui est tombé amoureux d'elle. Se sentant menacée, Nicole accepte de partir à la périphérie de Londres, dans la demeure côtière de Robert Matthews. Leur liaison devient passionnée et Robert propose à Nicole de se marier, bien qu'il n'ait pas encore divorcé d'avec sa femme Vanessa. Tout se passe bien pour Nicole, jusqu'au jour où elle disparaît et que Robert Matthews soit victime d'une agression au pistolet, commise par un agresseur portant des bottes à talons hauts...
MON AVIS : C'est par le giallo que Luciano Ercoli a débuté sa carrière de metteur en scène. En 1970, il tourne Photo interdite d'une bourgeoise puis Nuits d'amour et d'épouvante en 1971 et enfin La Mort caresse à Minuit en 1972, film que je vous ai chroniqué juste avant celui-ci. Si La Mort caresse à Minuit possède une intrigue bien plus policière que giallesque, il en va de même pour Nuits d'amour et d'épouvante, film au très joli titre français, qui joue aussi avec les codes du giallo mais se pare d'un aspect plus classique d'intrigue policière et de film de machination. Même si, contrairement à La Mort caresse à Minuit, on est bien en présence ici d'un assassin dont on ne connaît pas l'identité, dont on nous montre seulement les yeux, qui sont d'un bleu troublant. Si on découvre assez rapidement ses motivations, à savoir récupérer un précieux butin de diamants, volé par le père de l'héroïne, il faudra s'armer de patience avant de connaître son identité, le film s'amusant à nous proposer divers suspects possibles et à nous mettre sur de fausses pistes par quelques détails qui pourraient nous faire penser qu'on a trouvé la solution. La construction du film peut s'appréhender en deux parties assez distinctes. La première partie, d'une durée d'un peu moins d'une heure, va nous mettre en présence de l'héroïne du film, à savoir la belle Nicole, interprétée par l'épouse du réalisateur, Nieves Navarro, qui utilise, comme bien souvent, son pseudonyme américain de Susan Scott. On la retrouvera au générique de La Mort caresse à Minuit d'ailleurs, tout comme Simón Andreu, qui joue ici le français Michel Aumont, Carlo Gentili, décidément abonné au rôle d'inspecteur de police, ou Luciano Rossi, qui joue ici le majordome un peu bizarre à la main en bois. L'actrice secondaire Claudie Lange est également au casting des deux films. Dans cette première partie, Nicole est le personnage central de l'histoire, devenant la cible potentielle de l'assassin de son père. Après avoir échappée à une agression dans son appartement, elle croise la route du docteur Matthews, qui s'éprend d'elle après l'avoir vu dans un numéro de cabaret. Contrairement à La Mort caresse à Minuit, Susan Scott se dévoile nettement plus dans Nuits d'amour et d'épouvante, et nous fais régulièrement profiter de sa très jolie plastique, se dénudant sans que cela semble lui poser de souci, de manière très naturelle. Son mari s'attarde sur ses courbes et son physique à travers l'objectif et la met pleinement en valeur, lui faisant enfiler diverses tenues glamour ou sexy. Lorsque Nicole se retrouve dans la maison du chirurgien près de Londres, on assiste à la naissance d'une vraie romance et le suspense passe presque au second plan, même si les scénaristes utilisent de nombreux artifices pour faire avancer l'intrigue. Les habitants de ce petit village côtier ont l'air tous louches, et par bien des aspects, le film m'a rappelé l'épisode de la saison 4 de Chapeau Melon et Bottes de Cuir baptisé Voyage sans Retour. Même ambiance étrange et des personnages inquiétants ou troublants, qui semblent tous avoir un petit truc qui cloche et qui en font des menaces probables. Ou pas. Tout l'art de la mise en scène et de la manipulation est au rendez-vous dans le film de Luciano Ercoli. Si cette première partie est intrigante, elle manque tout de même d'un peu de rythme mais elle met en place les divers éléments qui feront qu'on aura un intérêt croisant lors de la seconde partie. Cette deuxième partie du film fait place à l'enquête policière elle-même, menée par l'inspecteur Baxter et son associé, le jeune débutant Bergson. Un élément assez improbable se produit et on a du mal à le croire car c'est assez surprenant et surtout inattendu. C'est cet événement qui va lancer véritablement l'enquête policière. Durant plus de 45 minutes, on va donc assister aux interrogatoires et aux recherches menées par l'inspecteur Baxter, et tenter de démêler le vrai du faux avec eux, le tout sur une bien agréable bande originale composée par Stelvio Cipriani. L'intrigue se complique pas mal, plusieurs twists et flashback viennent remettre en question nos suppositions diverses, comme celle qu'on peut se faire sur Vanessa, la vraie femme du chirurgien et qui ressemble beaucoup à Nicole. Même le gentil mais alcoolique Michel Aumont devient un personnage plus trouble dans cette seconde partie et honnêtement, on ne sait plus trop à quel saint se vouer, ce qui est aussi le cas de l'inspecteur Baxter, qui devra mettre toute son intuition en action pour faire la lumière sur l'affaire. Le film nous propose pas mal de rebondissements, et même un twist final qu'on a pas vu venir. Même si j'ai préféré La Mort caresse à Minuit, j'ai bien aimé l'ambiance proposée ici et le fait que Luciano Ercoli tente toujours de proposer quelque chose d'un peu différent d'un giallo classique. Ses deux films ne ressemblent qu'à eux-mêmes et il ne s'est pas contenté de reproduire le schéma classique et ça, c'est plutôt pas mal. Après, je comprends que les fans préfèrent les gialli plus nerveux, plus violents, plus rentre-dedans et qui misent plus sur le suspense et les meurtres sauvages.
* Disponible en BR chez -> ARROW VIDEO <-
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