THE BABY
(The Baby)
Réalisateur : Ted Post
Année : 1973
Scénariste : Abe Polsky
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame
Interdiction : -12 ans
Avec : Anjanette Comer, Ruth Roman, Marianna Hill, Susanne Zenor, David Mooney...
L'HISTOIRE : Assistante sociale qui a perdu son mari suite à un accident, Ann Gentry décide de s'occuper de la famille Wadsworth. Mme Wadsworth vit seule avec ses deux filles, Germaine et Alba, ainsi qu'avec Baby, un jeune homme qui n'a jamais évolué et en est resté au stade infantile. Il ne sait ni marcher, ni se mettre debout, ni parler, ni manger tout seul et porte encore des couches. Prise d'affection pour Baby, Ann tente de raisonner Mme Wadsworth en lui faisant comprendre que des instituts spécialisés peuvent venir en aide à Baby. Plus Ann passe du temps chez les Wadsworth, plus elle s'aperçoit que le comportement de la mère et de deux sœurs de Baby est étrange et pourrait être la cause de la non-évolution du jeune homme...
MON AVIS : Je l'ai déjà dit, les années 70 possèdent son lot de films étranges, obscurs, radicaux, incisifs, dérangeants. Je viens encore de vous dégoter une perle dans ce domaine, avec The Baby de Ted Post ! Ce nom ne vous semblera sûrement pas inconnu et pour cause, on doit à ce réalisateur qui a débuté sa carrière dans la série-télévisée dans les années 50 des films tels Pendez-les haut et court (1968), Le Secret de la Planète des Singes (1970), Magnum Force (1973), Le Commando des Tigres Noirs (1978) ou Nightkill (1980) entre autres. La même année que le polar burné avec Clint Eastwood, Ted Post réalise donc The Baby, assurément l'un des films les plus bizarres et déconcertant que j'ai jamais vu. Ne vous fiez pas à l'affiche du film, qui ferait passer cet ovni pour ce qu'il n'est pas, mais alors pas du tout, à savoir une comédie polissonne. The Baby n'est en rien une gaudriole sexy, c'est le moins que l'on puisse dire. C'est un drame insolite, inclassable, dont certaines situations pourraient prêter à rire mais dont l'ambiance, l'atmosphère malsaine qui se dégage des images, annihile tous sourire de notre visage. On félicitera le scénariste Abe Polsky d'avoir rédigé une telle histoire, originale dans sa construction et son développement, nous proposant des événements que je pense pas avoir déjà vu auparavant, et qui nous réserve, qui plus est, un final totalement apocalyptique, qui ferait presque bifurquer The Baby dans le film d'horreur psychotique, et une ultime séquence totalement incroyable et azimutée, qui remet presque en cause tout ce qui a précédé ou, tout du moins, va nous faire bien réfléchir sur ce qu'on a vu et qu'on pensait acquis. The Baby est donc l'histoire d'une assistante sociale, Ann Gentry (Anjanette Comer) qui va rencontrer une famille très spéciale, composée d'une mère, Mme Wadsworth (Ruth Roman), de ses deux filles Germaine (Marianna Hill) et Alba (Susanne Zenor) et de son fils, surnommé Baby (David Mooney). Ce dernier nécessite une attention toute particulière puisque malgré son âge (une bonne trentaine passée je dirais), Baby est toujours resté à l'état de bébé, ne marchant pas, ne parlant pas, dormant avec ses doudous dans un lit de bois à barreau, malgré sa taille, et devant encore porter des couches. Un sérieux handicap pour ce jeune homme, autant physique que mental. L'acteur donnant vie à Baby est assez remarquable, car si ses crises et ses pleurnicheries, telles qu'un vrai bébé pourrait en avoir, font sourire au départ, l'ambiance qui va s'immiscer dans le récit peu à peu va rapidement devenir oppressante, et on ne sourira plus vraiment devant ses mimiques, qui passeraient pour être un sommet de ridicule dans un film. Car Ted Post traite cette histoire avec un sérieux à toute épreuve, et son casting est parfaitement en place pour nous faire ressentir tout le caractère malsain de ce qui se trame devant nos yeux. Car la question que le spectateur en vient à se poser, celle-là même que se pose l'assistante sociale Ann Gentry d'ailleurs, n'est autre que : Baby a-t-il un réel handicap mental et moteur OU est-ce sa famille, qui semble un brin dérangée, qui l'a forcé depuis des années à ne pas grandir et l’a infantilisé de la sorte ? On imagine alors les sévices et les épreuves que cet enfant a du subir dans sa jeunesse si tel est bel et bien le cas ! Les trois membres de la famille Wodsworth sont parfaitement interprétés et on n’hésitera pas à classer cette famille parmi les plus tordues qu'on ait vu. Mme Wodsworth a le visage de Ruth Roman et semble être une sorte de calque de Bette Davis dans Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? ou de Shelley Winters dans Black Journal. On sent qu'elle porte un amour infini à son fils Baby mais que tout ne tourne pas rond non plus dans sa tête. Il en va de même pour ses filles, que ce soit Germaine, qui nous offrira une séquence à la limite du glauque quand elle se rendra la nuit dans la chambre de Baby, ou Alba, charmante blondinette qui s'avérera des plus sadiques envers son frère. Un trio diabolique, qui ne va pas apprécier l'intrusion de l'assistante sociale et qui va tout faire pour que cette dernière les laisse en paix. Anjanette Comer, dans le rôle d'Ann Gentry, est elle aussi particulièrement à l'aise et livre une solide composition. Ce ne doit pas être facile de rester sérieuse et de se montrer attendrie devant un acteur qui mine des comportements de bébé. Pourtant, on ressent totalement l'empathie qu'elle éprouve pour ce cas déroutant. Comme dit plus haut, certaines séquences du film sont d'un mauvais goût assumé et provoque un réel mal-être chez le spectateur, à l'image de la séquence avec la baby-sitter, qui se laissera téter un sein par Baby. Très honnêtement, je ne savais pas à quoi m'attendre quand j'ai débuté la vision de The Baby et le résultat est au-dessus de mes attentes. Le film est en plus bien filmé, Ted Post ne l'a pas du tout bâclé et a apporté un soin particulier à sa mise en scène et à sa direction d'acteurs. Amateurs de bizarreries sur pellicule, je ne peux donc que vous conseiller de vous jeter séance tenante sur The Baby, une véritable curiosité au scénario improbable mais qui fonctionne pourtant bel et bien. Et cette fin ! Insolite, quand tu nous tiens !
* Disponible en BR chez -> ARROW VIDEO <-
Attention à cette bande-annonce, qui en dévoile peut-être un peu trop...
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