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dimanche 16 janvier 2022

LE VOYEUR

 

LE VOYEUR
(Peeping Tom)

Réalisateur : Michael Powell
Année : 1960
Scénariste : Leo Marks
Pays : Angleterre
Genre : Thriller, Drame
Interdiction : /
Avec : Karlheinz Böhm, Anna Massey, Moira Shearer, Maxine Audley, Brenda Bruce...


L'HISTOIRE : Mark Lewis est un jeune homme énigmatique et solitaire, passionné d'image jusqu'à l'obsession. Opérateur-caméra dans un studio de cinéma, il fait aussi des extras comme photographe de charme dans la boutique d'un marchand de journaux. Son appartement est un immense laboratoire rempli de matériels, d'appareils, de chimie. Là, il développe et visionne seul ses propres films à longueur de temps. La caméra toujours à portée de main, Mark Lewis dit tourner un documentaire mais il s'emploie en réalité à une démarche bien plus morbide: il traque la peur de la mort dans le visage de jeunes femmes…

MON AVIS : Dans l'évolution du cinéma de terreur, il y a plusieurs années marquantes et 1960 en est assurément une. Bien sûr, c'est en 1960 qu'un certain Norman Bates fait entrer la terreur dans le monde réel pourrait-on dire, puisque dans Psychose, il n'y a ni vampire, ni créature de Frankenstein ni autres monstres du bestiaire du fantastique, ni château inquiétant ou cimetière hanté. Seulement un homme d'apparence normale, qui pourrait être votre voisin, qui travaille dans un simple motel et qui est en réalité un dangereux psychopathe. Alfred Hitchcock a marqué de manière indélébile l'histoire du cinéma de terreur avec son chef-d'oeuvre. Mais on oublie très souvent que 1960 n'est pas seulement l'année de Norman Bates ! C'est aussi celle d'un certain Mark Lewis, anti-héros du film Le Voyeur de Michael Powell ! Un autre film qui nous fait prendre conscience que l'horreur et la terreur peuvent être juste situées à la porte d'à côté. Psychose et Le Voyeur sont deux films très importants pour toute la vague à venir du film dit de serial-killer. Il est assez surprenant de trouver le nom de Michael Powell à la réalisation, le film de terreur n'étant pas du tout l'apanage de ce grand metteur en scène à qui l'on doit les superbes Le Voleur de Badgad en 1940, Le Narcisse Noir en 1947 ou Les Chaussons Rouges en 1948 entre autres. Avec Le Voyeur, il prend un gros risque qui ne sera guère payant pour lui, le film connaissant les foudres du public et des critiques. Retiré des salles après seulement une semaine d'exploitation, son sujet malsain a provoqué un vrai scandale et ce n'est que bien plus tard, lors d'une ressortie en 1979 due à Martin Scorsese que Le Voyeur acquit sa réputation d'oeuvre culte et majeure du genre. Evidemment, revu en 2022, il n'y a a plus rien de choquant mais le film conserve une patine assez remarquable qui fait que sa vision en devient presque hypnotique. Bourré d'idées complètement folles, le scénario est l'objet d'un certain Leo Marks, qui proposa à Powell de le mettre en scène. Subjugué par le récit, ce dernier accepta, allant même jusqu'à interpréter lui-même le père de Mark Lewis dans les séquences de flashback, à faire jouer son propre fils dans lesdites séquences ou Mark Lewis n'est qu'un enfant et à se servir de la maison dans laquelle il a été élevé à Londres pour les tourner. Pour interpréter son tueur scoptophile, il choisit le comédien d'origine autrichienne Karlheinz Böhm, célèbre pour son rôle dans la saga des Sissi. L'acteur, blond comme les blés, casse donc radicalement son image avec Le Voyeur, dans lequel il joue un détraqué obnubilé par sa caméra, par l'image et qui désire immortaliser sur pellicule la notion de peur. Il faut dire que sa condition de tueur n'est pas vraiment de sa faute puisque depuis son plus jeune âge, il a été le cobaye des études scientifiques de son père, sur la peur justement. La où Norman Bates était une victime de l'amour maternel, Mark Lewis peut rejeter la faute sur la figure paternel, ce qui sera assez rare dans les films de serial-killer à venir. Le film possède un rythme assez particulier, assez posé, ne cédant jamais à l'action. On suit les méfaits de Mark Lewis, on entre dans sa psyché destructrice, on entre dans sa vie, comme on le fera avec Henry, Portrait d'un tueur en série en 1986. La violence dans Le Voyeur n'est jamais graphique, elle est toujours hors-champ, n'est jamais filmée de manière frontale, à la différence du terrible meurtre sous la douche de Psychose. Il n'en reste que cet aspect suggestif reste efficace et que notre esprit compose lui-même les images non vues lors des agressions des pauvres victimes féminines. La méthode de mise à mort, entraperçue dans la quasi totalité du film avant d'être explicitement montrée lors du final, est des plus originales, avec cette petite caméra montée sur un trépied dont l'un des embouts peut se détacher pour laisser apparaître une lame aiguisée. Un trompe-l’œil, tout comme le film d'ailleurs, puisque le spectateur doit creuser la fausseté des apparence pour mettre en lumière la vérité. La mise en scène de Powell est superbe, avec des techniques innovantes, qui en feront l'un des films de chevet d'un certain Brian de Palma. Par bien des aspects, Le Voyeur préfigure le giallo, avec son utilisation des couleurs, ses mouvements de caméra, sa façon de filmer les victimes et j'en passe. On note par contre que Powell ne prend jamais partie, ni pour, ni contre, son anti-héros. Certes, les flashback et son passé tendent à nous le faire prendre en empathie mais ce n'est jamais explicite. La relation amoureuse entre ce drôle de personnage et la jeune Helen (Anna Massey) met par contre bien en évidence la psychose de Mark Lewis et son incapacité à vivre hors de son propre univers. Le Voyeur est un objet filmique qui n'aura de cesse d'intriguer et de passionner. Tout cinéphile qui se respecte se doit de l'avoir vu. 


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