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LA GORGONE

LA GORGONE
(The Gorgon)

Réalisateur : Terence Fisher
Année : 1964
Scénariste : John Gilling 
Pays : Angleterre
Genre : Epouvante
Interdiction : -12 ans
Avec : Christopher Lee, Peter Cushing, Richard Pasco, Barbara Shelley, Michael Goodliffe...


L'HISTOIRE : Depuis cinq ans, la mort frappe les habitants d'une petite région d'Europe centrale. Les meurtres, inexpliqués et non résolus par la police locale, présentent tous le même schéma : certains soirs de pleine lune, on retrouve une victime changée en pierre ! Le docteur du village falsifie le compte-rendu de ses autopsies afin de ne pas alerter la population. Le dernier meurtre en date voit un jeune homme accusé à tort. La police retrouve ce dernier pendu à un arbre. Le père du pendu débarque au village pour mener son enquête et rendre justice à la mémoire de son fils. Peu de temps après, il est retrouvé transformé en statue de pierre. Son second fils décide de démêler ce curieux mystère. Pour les villageois, ces morts seraient attribués à une créature mythologique, la Gorgone, qui vivrait dans le château abandonné des Borski...

MON AVIS : Le célèbre réalisateur Terence Fisher ne souhaite plus mettre en scène de films avec Dracula ou des vampires, malgré l'immense succès de ses deux films : Le Cauchemar de Dracula et Les Maîtresses de Dracula. Après avoir mis en vedette la momie (La Malédiction des Pharaons), le loup-garou (La Nuit du Loup-Garou), Jekyll et Hyde (Les Deux Visages du Dr. Jekyll), le fantôme de l'Opéra (Le Fantôme de l'Opéra) et bien sûr le baron Frankenstein (Frankenstein s'est échappé et La Revanche de Frankenstein), il va s'attaquer à une autre créature mythique, à savoir la terrible Gorgone, sur la base d'une idée du canadien John Llewellyn Devine, qui a carrément été sonné à la porte du créateur de la Hammer Films, James Carreras. Ce dernier est enthousiasmé par cette idée et demande à John Gilling de réécrire et d'adapter le simili-scénario de John Llewellyn Devine. Gilling est envisagé pour le mettre en image mais c'est donc Terence Fisher qui remporte la mise. Les spécialistes en mythologie grecque, dont Christopher Lee, qui fera partie du casting du film, auront remarqué une erreur au niveau du nom du monstre lui-même. En effet, Mégère est le nom d'une des Furies et n'est donc pas une Gorgone, ces dernières étant composées de Méduse bien sûr et de Euryale et Sthéno. Une erreur qui passe à la trappe malgré le signalement de Lee, ce qui ne manquera pas de hérisser le poil des connaisseurs. Une seule personne en tient compte, le traducteur responsable de la version française, qui rebaptise donc Mégère en Méduse. Toujours est-il que le film se tourne, et que Fisher rencontre des difficultés au niveau des effets-spéciaux censés donner vie à la Gorgone. Avec des moyens financiers trop faibles, la chevelure contenant de nombreux serpents a du mal à se montrer réaliste et les reptiles en plastique doivent être animés indépendamment les uns des autres, pour un résultat assez cheap au final. Le mystère entourant l'identité de la Gorgone quand elle revêt une forme humaine n'est pas non plus ce qui semble intéresser Fisher, et il faut vraiment être aveugle pour ne pas comprendre assez rapidement que la charmante Barbara Shelley, qui interprète une infirmière au service de Peter Cushing, représente cette menace capable de changer ceux qui croisent son regard en pierre. Mais si le pot-aux-roses est aussi visible qu'un nez au milieu d'un visage, si les effets mécaniques des serpents ne sont pas très bons, si cette erreur de nom dans la version originale peut faire sourire sur le manque de rigueur du scénariste qui n'a pas vérifié ou écouté l'information donné par Christopher Lee et si la pauvre Barbara Shelley n'a pas eu l'autorisation d'incarner la Gorgone sous son aspect monstrueux, étant remplacée par l'actrice Prudence Hyman qui ne lui ressemble pas vraiment, tous ces petits défauts ne font pas de La Gorgone un mauvais film pour autant. Bien au contraire même. Souvent considéré comme une oeuvre mineure dans la filmographie de Terence Fisher, La Gorgone ne mérite pas ce manque relatif d'intérêt du public, qui n'a pas non plus apprécié de voir Peter Cushing jouer un personnage assez antipathique (pour la bonne cause pourtant), tout comme il n'a pas apprécié de voir Christopher Lee affublé d'une moustache et d'une coupe de cheveux hirsutes qui lui font perdre un peu de sa superbe. Si l'aspect film d'épouvante est bien présent, notamment lors des deux premières apparitions de la Gorgone qui ne se dévoile pas trop, le film se veut avant tout une histoire d'amour impossible entre cette créature mythologique possédant une apparence humaine et les deux protagonistes principaux, ce qui n'est pas habituel dans les films de la Hammer de l'époque. Si le rôle tenu par Peter Cushing se montre antipathique comme déjà dit, c'est uniquement par amour, car il connaît la vérité et fait tout pour conserver le terrible secret, quitte à mentir sur les rapports médicaux des autopsies afin de ne pas mettre en danger sa dulcinée. Quant à Paul Heitz, joué par Richard Pasco, il tombera amoureux de la forme humaine de la Gorgone et, ne connaissant pas son secret, fera tout pour la protéger, sans se douter du grave danger qu'il court. La mise en scène de Terence Fisher fait encore des merveilles et sert habilement son propos. La scène dans laquelle une victime, dont on ne sait pas encore qu'elle est en pierre même si on le devine, est amenée sur un brancard par Barbara Shelley et que celle-ci heurte la main de pierre sans le faire exprès, entraînant la cassure d'un doigt, est remarquable. L'idée de l’amnésie est également très bonne car elle permet de faire de Shelley une victime plus qu'une menace, cette dernière n'ayant aucun souvenir de ses agissements sous sa forme monstrueuse. Malgré un déroulement assez classique, le film n'ennuie jamais, la confrontation entre Lee et Cushing fonctionne à plein régime, l'ambiance est savamment distillée et le film se pare de jolies couleurs qui renforcent l'impact des séquences d'épouvante, souvent originales, comme lors de l'utilisation d'un miroir ou d'un reflet dans l'eau pour nous signaler la présence de la Gorgone. Comme les autres films de la Hammer de cette décennie, La Gorgone propose un spectacle divertissant, correctement interprété et brillamment mis en scène. Son monstre est d'autant plus intrigant qu'il n'a été que rarement visible au cinéma, même s'il s'est rattrapé depuis. On notera qu'il apparaîtra deux fois en cette année 1964, dans La Gorgone bien sûr mais aussi dans Le Cirque du Docteur Lao. En 1962, on l'avait déjà vu dans le péplum Les Titans, ainsi qu'en 1963 dans Persée l'Invincible. On reverra la femme à la chevelure de serpents et au regard foudroyant dans Le Choc des Titans en 1981 et dans son remake (2010) ou dans Percy Jackson le voleur de Foudre en 2010 entre autres. Original, poétique et inventif, La Gorgone de Terence Fisher mérite assurément un petite réévaluation.

* Disponible en Mediabook chez ESC DISTRIBUTION

LE MEDIABOOK :
L'éditeur ESC poursuit sa collection British Horrors et nous offre une très belle copie de La Gorgone, présentée en VF ou VOSTF. L'image est précise, les couleurs flamboyantes, pas de défauts apparents. Le livret 16 pages de Marc Toullec contient bon nombre d'informations sur le film et sa réalisation. Niveau bonus, Nicolas Stanzick nous propose une présentation de la Hammer quand Noël Simsolo nous donne son avis éclairé sur le film. Une belle édition.






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