MUTATIONS
(The Mutations / The Freakmaker)
Réalisateur : Jack Cardiff
Année : 1974
Scénariste : Edward Mann, Robert D. Weinbach
Pays : Angleterre, Etats-Unis
Genre : Science-Fiction, Horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Donald Pleasence, Tom Baker, Brad Harris, Julie Ege, Michael Dunn...
L'HISTOIRE : Le professeur Nolter est un brillant scientifique, expert en génétique. Conscient que le monde court à sa perte, il procède dans son laboratoire à des expérimentations visant à établir sa thèse comme quoi il serait possible de donner vie à de nouvelles créatures plus robustes que les humains, en mêlant l'ADN des animaux et des végétaux. Grâce à Lynch, personne difforme qui travaille en tant que monstre de foire dans le cirque avoisinant et qui lui procure des cobayes en kidnappant des étudiants, Nolter peut se livrer à ses expériences farfelues qui n'engendrent que des monstres au look étonnant...
MON AVIS : Totalement inédit sur les écrans français, Mutations a tout de même eu son heure de gloire durant l'époque bénie des vidéoclubs puisque ce drôle de film a été édité en VHS par American Vidéo en France. Il a été réalisé en 1974 par Jack Cardiff, qui est l'un des plus célèbres directeur de la photographie de l'Histoire du cinéma, mais aussi l'un des pionniers dans l'utilisation du Technicolor et qui a également à son actif une dizaine de films en tant que metteur en scène, comme Les Drakkars, Le Liquidateur ou La Motocyclette par exemple. C'est sous l'impulsion du producteur Robert D. Weinbach, qui souhaite produire un film hommage à Freaks la Monstrueuse Parade de Tod Browning, que Jack Cardiff se retrouve aux commandes de Mutations. Le scénario est écrit par Robert D. Weinbach mais également par Edward Mann. Un scénario assez farfelu pour cette histoire qui ne l'est pas moins comme vous avez pu le lire dans le résumé ci-dessus ! Avec un budget avoisinant les 400 000$, Jack Cardiff va donc mettre en image les idées de Weinbach et Mann, qui mélangent deux thématiques bien distinctes tout en essayant de les faire coïncider et cohabiter : celle du savant fou et celle des monstres de foire pour l'hommage au chef-d'oeuvre de Tod Browning évoqué plus haut. Pour interpréter notre savant fou, Cardiff envisage d'engager l'illustre Vincent Price mais aucun accord ne sera trouvé entre les deux hommes et c'est donc à Donald Pleasence, futur docteur Loomis de la saga Halloween, que va incomber la mission de devenir le Freakmaker, le créateur de monstres, de ce film à la fois classique et extravagant. En effet, Mutations, tout comme il va jouer avec deux thèmes différents, va également proposer aux spectateurs deux ambiances variées qui vont finir par s'interpénétrer lors du final. Lorsque Jack Cardiff s'intéresse au monde des freaks, le film se veut assez réaliste, sombre et parfois cruel, nous présentant divers nains, une femme à barbe, un homme qui ne ressent pas la douleur, une femme-crocodile, une femme-squelette, une femme obèse, une femme-singe, un homme pouvant exorbiter ses globes oculaires (Popeye, très impressionnant) et j'en passe, lors d'un freakshow à l'ancienne. Tout comme dans le film de Browning, les divers freaks de Mutations sont d'authentiques personnes atteintes de difformités physiques ou de maladie de peau. Seul le personnage de Lynch, joué par Tom Baker, est un acteur portant un maquillage sur le visage. Un monstre qui refuse sa condition de freak justement et qui va tout faire pour trouver un moyen de changer de visage, quitte à kidnapper et à envoyer à la mort de pauvres étudiants pour le solde de notre savant fou joué par Pleasence, qui, en échange, lui promet de l'opérer et lui rendre un beau visage ! La scène du repas d'anniversaire, pur clin d'oeil à la scène la plus cruelle de Freaks, est à ce titre représentative de ce refus de Lynch d'accepter sa condition de monstre de foire au look très Elephant Man. Au caractère réaliste de ces séquences mettant en vedette les freaks, Jack Cardiff oppose une ambiance totalement délirante lorsqu'il s'intéresse aux travaux du savant fou, pimentant l'action d'un peu d'érotisme, avec quelques plans fugaces sur de jolies poitrines dénudées, dont celle d'Olga Anthony, superbe rousse vue dans The Vampire Lovers, Les Cicatrices de Dracula ou Captain Kronos Tueur de Vampires entre autres, ou filmant le résultat des expérimentations ratés du docteur Nolter, à savoir des sortes de plantes carnivores en plastique (qu'il nourrit de pauvres petits lapins vivants !) ou bien une femme-lézard au visage étonnant. Si les effets-spéciaux de la plante carnivore apparaissent très sommaire, limite ridicule, les maquillages de la femme-lézard puis de l'étudiant devenu un homme-plante sont par contre franchement réussis, surtout si vous êtes fans des célèbres Craignos Monsters du papa de Mad Movies ! Le final du film est à ce titre totalement jouissif, le pauvre jeune homme étant devenu un monstre au look incroyable qui fit les beaux jours des fans de cinéma Bis ! S'il a un peu le cul entre deux chaises, Mutations s'avère néanmoins très recommandable, et ce mélange d'influences surprendra dans le bon sens l'amateur de curiosité filmique. On notera la présence au générique, dans le rôle du nain bonimenteur, de l'acteur Michael Dunn, célèbre docteur Loveless de la série Les Mystères de l'Ouest, ainsi que la jolie Julie Ege (Heidi) et l'acteur Brad Harris dans le rôle de Brian Redford. Insolite et bizarroïde, Mutations et son histoire tarabiscotée plaira certainement aux amateurs de film un peu inclassable et bien barré du ciboulot, à l'image de la séquence introductive nous présentant des images en accéléré de naissance et d'éclosion de plantes ou champignons étranges, filmées par le spécialiste Ken Middleham, qui nous avait déjà offert des séquences spectaculaires dans le Phase IV de Saul Bass. Ce sera le dernier film de Jack Cardiff en tant que réalisateur.
* Disponible en combo DVD + BR + LIVRET chez RIMINI EDITIONS
LE COMBO DVD + BR :
Le film de Jack Cardiff s'offre un bel écrin avec cette édition solide de chez Rimini Editions. Digipack trois volets sous fourreau, très belle qualité d'image HD permettant de (re)découvrir ce titre avec un gain de qualité par rapport à la VHS française incommensurable. Présence de la VF (qui démarre à environ un quart d'heure, le début du film n'ayant apparemment jamais été doublé en VF) et de la VOSTF. Niveau bonus, on trouve un excellent module baptisé Comment créer un monstre ? qui donne la parole à Jack Cardiff, à Robert D. Weinbach et à Brad Harris. Ces derniers reviennent sur le tournage du film, ses effets spéciaux, son histoire et sa naissance. Une bande annonce vient compléter cette très belle édition, ainsi qu'un livret très informatif de 20 pages rédigé par Marc Toullec.
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