THE DARKER SIDE OF TERROR

THE DARKER SIDE OF TERROR

(The Darker Side of Terror)

Réalisateur : Gus Trikonis

Année : 1979

Scénariste : Al Ramrus, John Herman Shaner

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-fiction

Interdiction : /

Avec : Robert Forster, Adrienne Barbeau, Ray Milland, David Sheiner...

L'HISTOIRE : Le vieux professeur Meredith demande l'aide de Paul Corwin, chercheur spécialisé dans la biologie moléculaire, pour l'aider à mener à bien sa dernière expérience : une tentative de clonage humain. Devant le foetus créé par Meredith, Corwin refuse mais quand il apprend que ce clone naissant est issu de ses propres cellules, il ne peut que se résigner. Arrivé à maturité, le clone de Paul Corwin subit un apprentissage intensif de la vie. Peu à peu, il développe sa propre personnalité et prend ses distances vis à vis de son double original...

MON AVIS : Le réalisateur américain Gus Trikonis a débuté sa carrière au cinéma en tant qu'acteur. On a pu le voir dans de petits rôles dans West Side Story en 1961, Pajama Party en 64, The St. Valentine's Day Massacre en 67 ou dans The Hellcats en 68, ainsi que dans quelques séries télévisées. Il décide de passer derrière la caméra dès 1969 et réalise quelques films d'exploitation, comme Five the Hard Way, Supercock, Nashville Girl ou Moonshine County Express par exemple. En 1978, il met en scène un film assez prisé des amateurs de film fantastique, Le Couloir de la Mort, dont la sublime affiche donne irrémédiablement envie de le regarder. Dès l'année suivante, il se tournera quasi exclusivement dans la réalisation de téléfilms et d'épisodes de séries et ce, jusqu'en 2001, année où sa filmographie prend fin. The Darker Side of Terror, réalisé en 1979, est donc un simple téléfilm, distribué par CBS pour la télévision américaine. Mais un téléfilm de grande qualité, qui mériterait d'être redécouvert par le plus grand nombre. Sur la thématique bien connue du savant fou et des dangers de la science, Gus Trikonis et ses deux scénaristes, Al Ramrus et John Herman Shaner pour les nommer, nous livrent un dérivé des expériences du célèbre docteur Frankenstein, mais revu de manière nettement plus moderne. Si le but ultime reste le même chez Frankenstein et chez le professeur Meredith, à savoir créer la vie, la méthode en est radicalement différente. A la confection d'un corps à partir de morceaux de cadavres à qui on insuffle la vie à l'aide de l'électricité, The Darker Side of Terror préfère recourir à la science du clonage, terme qui fût utilisé pour la première fois en 1902 mais dont la technique, notamment sur les animaux, ne se développa qu'à partir de 1952. Au sens scientifique, le clonage est l'obtention d'un être vivant génétiquement identique à l'original qui a fourni son génome. Dans le film de Gus Trikonis, le savant fou est interprété par Ray Milland, acteur bien connu des amateurs du genre pour sa participation à deux films de Roger Corman, L'enterré vivant en 1962 et L'Homme aux rayons X en 1963 mais aussi pour ses rôles dans Frogs ou La Chose à deux Têtes par exemple. Scientifique étant proche de la retraite, notre vieux savant veut terminer sa carrière sur un fait notoire : être le premier à réussir un clonage humain. Une étape déjà bien avancée puisqu'il a dans son laboratoire un fœtus, isolé dans un caisson contenant du liquide amniotique. Seulement, le fœtus a des problèmes et le savant doit faire appel à l'un de ses brillants élèves, le scientifique Paul Corwin, expert en biologie moléculaire, pour le maintenir en vie. Ce dernier est admirablement joué par un Robert Forster totalement investit et qui aura le privilège d'interpréter deux rôles dans ce film, puisque son mentor lui a réservé une petite surprise à laquelle il ne s'attendait pas du tout : le fœtus, c'est lui ! Eh oui, sans son accord, le vieux professeur a utilisé une goutte de sang de son élève pour concevoir ce clone humain. La découverte du fœtus est digne d'une scène de X Files, les amateurs de l'épisode 24 de la saison 1, Les Hybrides, apprécieront à n'en point douter. S'il se montre réticent de prime abord, Paul Corwin va vite se prendre de passion pour le projet, suite au vol de ses recherches par un confrère sans scrupule qui lui a, en plus, piquer sa promotion. S'il parvient à faire survivre et à amener à maturité son clone, à lui la gloire et au revoir au confrère voleur de travaux ! The Darker Side of Terror va se montrer assez passionnant dans la suite des événements, surtout lorsque le clone va avoir les mêmes traits et caractéristiques que son homologue original. Avec des effets de montage efficaces et des utilisations de doublures qui fonctionnent parfaitement, et qui donnent l'illusion parfaite d'avoir le même acteur à deux endroits différents dans le même plan ou la même scène, le film de Trikonis marque des points et se savoure sans ennui aucun. Bien sûr, on le sait tous, ce type d'expérience ne se solde jamais sur un véritable succès et The Darker Side of Terror ne déroge pas à la règle. Le clone, devenant de plus en plus indépendant, et acquérant de plus en plus de savoir, va vouloir prendre son envol et vivre sa vie. Il va commettre quelques erreurs, comme étrangler une jolie blonde, élève de Paul Corwin et amoureuse de ce dernier, croyant se retrouver dans les bras de son beau professeur de science sans se douter que ce n'est pas réellement lui qu'elle est en train d’embrasser. Telle la créature de Frankenstein, le clone va se retourner contre l'original, allant même jusqu'à désirer Margaret Corwin, la femme de Paul Corwin, interprétée par la toute aussi connue Adrienne Barbeau (Fog, New York 1997) qui, elle non plus, ne fait pas la différence entre son mari et son clone. Encore plus machiavélique, le scénario fait du clone un être presque parfait, qui répond au désir d'affection de Margaret quand Paul n'y parvient pas, trop préoccupé par ses travaux et ses recherches. Le clone possède pourtant un point faible, car il subit des crises passagères, caractérisées à l'écran par le fait qu'un de ses yeux deviennent tout blanc. Fort ingénieuse, la scène finale nous fait assister à un affrontement entre Paul Corwin et son clone. Malin et habile, le réalisateur les a fait s'habiller de manière identique pour cette séquence, et lorsqu'il n'en reste qu'un, le spectateur ne sait pas qui a gagné le combat. Est-ce l'original ou le clone qui se glisse dans les draps du lit où l'attend Margaret Corwin ? Mystère ! A chacun de donner sa réponse. Malgré son statut de téléfilm, The Darker Side of Terror est vraiment réussi, le casting et l'interprétation est bonne, la mise en scène correcte et ce précurseur de Faux Semblants (pour la thématique du double et l'intelligence de la double interprétation de Robert Forster) mérite vraiment mieux que l'oubli dans lequel il est confiné. Hautement recommandable...