VENGEANCE D'OUTRE-TOMBE
(J.D.'s REVENGE)
Réalisateur : Arthur Marks
Année : 1976
Scénariste : Jaison Starkes
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : Glynn Turman, Louis Gossett Jr., Joan Pringle, Fred Pinkard, David McKnight...
L'HISTOIRE : Dans les années 40, à la Nouvelle-Orléans, J.D. Walker est accusé à tort du meurtre de sa sœur et assassiné. 30 ans plus tard, Ike, un jeune noir qui travaille la nuit comme chauffeur de taxi pour payer ses études, participe, en compagnie de ses amis, à un numéro d'hypnose dans un night-club. Dès le lendemain, Ike se met à avoir des visions et semble sujet à des dédoublements de personnalité. Il semblerait que l'esprit de J.D. Walker, suite à la séance d'hypnose, soit entré en possession de Ike et parvienne à prendre le contrôle sur le jeune homme, lui faisant adopter un comportement violent. Sous l'influence de J.D. Walker, Ike va à la rencontre du révérend Isaac Bliss et de son frère Théotis, deux hommes qui ont un rapport avec la mort de J.D. Walker...
MON AVIS : Tiens, un film de Blaxploitation, cool. Mais qui est réalisé par un blanc, c'est rigolo. C'est donc Arthur Marks qui est derrière la caméra de Vengeance d'Outre-Tombe, qu'il met en scène en 1976, après Class of 74, Bonnie's Kids ou The Roommates. Arthur Marks a également d'autres Blaxploitation à son actif, comme Détroit 9000 (1973), Bucktown (1975), Friday Foster avec Pam Grier (1975) ou The Monkey Hu$tle (1976). Là où ces derniers sont des polars d'action, Vengeance d'Outre-Tombe est un film de genre fantastique qui va jouer sur la possession d'un jeune noir sympathique par l'esprit d'un caïd adepte du rasoir, mort il y a trente ans de ça, assassiné par balles comme on le découvrira lors de la séquence introductive. L'originalité du film, outre son casting composé quasi exclusivement de personnes de couleur, normal pour un Blaxploitation me direz-vous, provient justement du fait que la personne possédée est un homme, à contrario des tonnes de films de ce genre qui prennent une femme pour la faire devenir la victime possédée. Notre jeune héros est interprété par Glynn Turman, acteur / réalisateur qui fût marié durant six ans à Aretha Franklin et qui possède une belle filmographie, autant dans le cinéma que dans les séries-télévisées. Suite à une séance d'hypnose à laquelle il participe lors d'une soirée dans un club de strip-tease, cet étudiant fiancé à Christella (Joan Pringle) va devenir le vaisseau, le réceptacle de l'esprit d'un défunt qui réclame vengeance avant de trouver enfin le repos pour l'éternité. Pourquoi l'hypnose permet-elle à l'esprit de prendre possession du héros, alors que d'autres personnes sont également hypnotisées à côté de lui, mystère. Passons sur cet élément inexpliqué du scénario pour parler du défunt justement, à savoir J.D. Walker (David McKnight), un gangster des années 40 fringué avec classe jusqu'à ce que son costard trois pièces ne soit troué à différents endroits par des balles de pistolet. Une mort injuste, qui fait que notre macchabée ne daigne pas trouver le repos et désire se venger de son agresseur. Pourquoi attend-t-il plus de trente ans pour décider de se venger, encore un mystère insondable du scénario ! Toujours est-il que J.D. Walker va donc investir le corps de Ike et qu'il va influencer le comportement de ce dernier et pas dans le bon sens. Doux comme un agneau, serviable et attentionné, Ike va, durant ses phases de possession, changer du tout au tout et le doux agneau va devenir le vilain et méchant loup. Sa voix devient agressive, il fait preuve d'arrogance, commet même des agressions et, pire que tout, il va frapper et même violenter sa fiancée, qui aura bien du mal à comprendre ce qui se passe, tout comme Ike d'ailleurs, qui n'a absolument aucun souvenir de ses actes lorsqu'il est sous l'emprise de J.D. Walker. Le film se montre assez misogyne dans son approche, notamment lorsque l'ami de Ike lui dit carrément que s'il a frappé sa fiancée, c'est qu'elle le méritait sûrement et qu'il faut savoir remettre les femmes dans le droit chemin de temps en temps ! Pas sûr qu'à notre époque, ce type de discours passe encore bien ! Il est intéressant de noter que la possession de Ike par l'esprit revanchard s'effectue sans aucun maquillage ou trucage et que tout est dans l'interprétation de l'acteur Glynn Turman, qui doit donc jouer deux personnages différents uniquement en changeant sa voix et sa gestuelle, ainsi que les expressions de son visage. Pour renforcer le côté intrusif de la possession, le réalisateur fait également porter à Ike des vêtements typiques des années 40, comme ceux que portaient J.D. Walker quand il était vivant. Chapeau et costard de gangster vont donc faire partie de la garde-robe du héros qui pense qu'il est en train de devenir fou, n'ayant aucun souvenir des diverses exactions qu'il commet dans la journée. Petit à petit, il se rapproche du révérend prédicateur Isaac Bliss, interprété par un Lou Gosset Jr. assez bon dans ce rôle d'ailleurs. On comprend rapidement que le révérend et son entourage ont quelque chose à voir avec la mort de J.D. Walker et que la vengeance dont rêve l'esprit du défunt sera dirigée vers eux. Une vengeance qui aura pris son temps et qui ne sera pas très énergique, ce que ne manquera pas de constater le spectateur qui s'attendait à bien plus palpitant au final. Comme déjà dit, l'absence d'effets-spéciaux ne rend pas Vengeance d'Outre-Tombe bien captivant et le film ne provoque guère de remous ni beaucoup d'émotions et encore moins de frissons. L'intrigue se traîne en longueur et le final, qui nous donne des explications sur la séquence introductive qu'on avait déjà tous deviné, frise involontairement le ridicule lorsque Ike, possédé, se met à se dandiner comme un diablotin sorti d'une boîte à malice, pour un résultat hautement nanaresque, alors que le reste du film avait évité ce type d'extravagance gestuelle. Une petite curiosité donc que ce Blaxploitation à tendance fantastique mais qui ne vole pas bien haut en fin de compte et qui déçoit quelque peu. Un peu de nudité vient pimenter l'intrigue mais le rythme laborieux ne la tire pas vraiment à son avantage.
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