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LES RESCAPÉS

LES RESCAPÉS
(Wilkolak / Werewolf)

Réalisateur : Adrian Panek
Année : 2018
Scénariste : Adrian Panek
Pays : Pologne, Pays-Bas, Allemagne
Interdiction : -12 ans
Genre : Drame, Thriller, Horreur
Avec : Kamil Polnisiak, Nicolas Przygoda, Sonia Mietielica, Danuta Stenka...


L'HISTOIRE : Un groupe d'enfants, venant d'être libérés d'un camp de concentration, trouve refuge dans un vieux manoir, abandonné en pleine forêt. Aidé d'une adulte et d'Hanka, l'adolescente la plus âgée, le groupe tente de survivre face à la faim, au manque d'eau et au manque d'hygiène. Des rivalités et des tensions naissent au sein des adolescents qui doivent réapprendre à vivre. Leur monde va être ébranlé à nouveau lorsque les chiens-loups des nazis, laissés à l'abandon après la libération du camp, débarquent dans les environs, plus affamés que jamais...

MON AVIS : Avec Les Rescapés, le réalisateur polonais Adrian Panek nous livre un mélange assez original entre drame, suspense et horreur. Pas original sur la nature même de l'événement principal (des chiens affamés s'attaquent à un groupe d'individus, ce qui a déjà été vu plusieurs fois évidemment) mais sur d'autres points, à commencer par l'identité des protagonistes, à savoir des enfants venant d'être libérés d'un camp de concentration. Les horreurs de la guerre et de la barbarie nazie en toile de fond de ce survival brillamment mis en scène, voilà qui n'est pas commun. On le sait, il est toujours difficile d'utiliser cette thématique pour en faire un divertissement, hormis pour des films de guerre. Adrian Panek y est pourtant parvenu car son film parle avant tout de la déshumanisation de ces enfants et adolescents qui vont devoir se reconstruire. Le cas le plus significatif est celui du jeune garçon Wladek, joué par l'inquiétant Kamil Polnisiak, qui semble totalement hors du temps (normal après avoir vécu l'Enfer me direz-vous) et dont le comportement étrange et intrigant permet au réalisateur de créer un certain malaise quand il est à l'écran. Il semble attiré par Hanka et ne supporte pas que d'autres garçons lui tournent autour. On ne sait jamais ce qu'il a l'intention de faire et cela est parfois déstabilisant, comme lorsqu'il s'approche d'un "rival" assis au bord d'une fenêtre ou qu'il regarde, sans appeler à l'aide, Hanka se faire violer par un soldat russe. Le côté dramatique du film met en avant ce groupe d'enfants devant tout réapprendre du début : manger avec des couverts, partager la nourriture, s'entraider mutuellement. Le traumatisme vécu dans le camp de la mort est encore bien présent et leur a laissé des marques indélébiles, et pas seulement le numéro de prisonnier tatoué sur leur avant-bras. La scène dans laquelle les enfants jouent dehors et en viennent à piétiner un pauvre rat nous éclaire sur le fait que le notion de bien et de mal doit leur être inculqué à nouveau car ils n'ont plus conscience de leur acte. En fait, on peut voir dans Les Rescapés une inversion de la thématique du célèbre roman et film Sa Majesté des Mouches, qui voyait de gentils enfants se laissaient aller à la cruauté. Ici, c'est dans le sens inverse qu'ils vont devoir évoluer, qu'ils vont devoir, de bêtes, redevenir humains. Le titre original du film, Wilkolak, ou Werewolf, est donc une véritable métaphore car s'il n'y a point de loups-garous dans le film en tant que tel, l'idée de la bête caché dans l'homme est largement mise en avant. On notera également que ce terme peut s'appliquer aux féroces chiens-loups qui vont venir perturber notre petit groupe puisqu'à un moment, l'un des enfants se demandera si les chiens ne seraient pas les nazis devenus animaux féroces. Il faut d'ailleurs signaler aux futurs spectateurs que c'est bien l’aspect drame humain qui intéresse avant tout Adrian Panek, bien plus que l'affrontement du groupe avec les chiens. Il faut dire que les jeunes acteurs, quasiment tous débutants, sont franchement bons et le réalisateur les dirige particulièrement bien. La mise en scène de ce dernier, ainsi que le travail sur la photographie, sont également à mettre en avant car visuellement, le film est des plus convaincants et certaines scènes sont fort belles à regarder, mettant en valeur le décor, que ce soit la forêt ou ce vieux manoir assez lugubre. Par de nombreux aspects, Les Rescapés s'apparente à une sorte de conte de fée sombre, macabre et désenchanté. Très clairement, le film d'Adrian Panek peut se voir comme étant quasiment un film d'auteur avant d'être un survival et en cela, il pourra décontenancer le public qui s'attendait à voir un pur film d'agressions animales à l'image de Wilderness (2007) ou The Pack (2015) par exemple. Des chiens méchants, il y en a pourtant bien dans Les Rescapés. Extrêmement bien dressés, les chiens-loups du film sont à l'origine de certaines images marquantes et provoquent bien des montées de tension quand ils tentent de pénétrer dans le manoir ou qu'ils s'attaquent aux survivants. Les gorges déchiquetées sont filmées en gros plan et la brutalité des morsures est assez déplaisante à regarder. Outre l'aspect brutal, les chiens participent, à leur manière, à la ré-humanisation du petit groupe. En effet, après avoir capturé l'un des chiens, les enfants semblent bien décider à le tuer, étant tous armés de bâtons et autres armes. Mais devant le spectacle de ce chien affamé et assoiffé, une petite fille lui offre un bol d'eau, pourtant chèrement récoltée. La part de bestialité présente dans cette petite fille a réussi à être contenu et en cela, une notion d'espoir survient. Si dans pareille situation, une petite fille trouve la force et le courage de ne pas tuer et d'offrir même son bien le plus précieux à un animal qui a tenté de la mettre en pièce, alors tout n'est peut-être pas perdu pour l'Humanité. Un beau message pour un film qui ne l'est pas moins. Certes, tout n'est pas parfait dans Les Rescapés, certaines situations tournent un peu en rond, le rythme se veut souvent contemplatif bien qu'il soit dynamisé par les attaques des chiens. Je conseille en tout cas à tous les curieux de visionner ce film en version originale sous-titrée, afin de profiter pleinement de l'ambiance, la version française n'étant pas idéale à mon avis pour découvrir ce film d'Adrian Panek, qui a récolté de nombreux prix à travers les festivals où il a été projeté, dont le prix 7e ORBIT au BIFFF 2019 !

* Disponible en DVD chez RIMINI EDITIONS


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