RUBY
(Ruby)
Réalisateur : Curtis Harrington
Année : 1977
Scénariste : George Edwards, Barry Schneider
Pays : Etats-Unis
Genre : Fantastique
Interdiction : -12 ans
Avec : Piper Laurie, Stuart Whitman, Roger Davis, Janit Baldwin...
L'HISTOIRE : En 1935, Ruby Claire est la petite amie de Nicky Rocco, un gangster dont elle est follement amoureuse. Enceinte de Nicky, elle assiste à son exécution dans les marécages par les hommes de Jack Harvey, le chef du gang, qui est aussi amoureux d'elle. Sa fille Leslie naît durant cette nuit dramatique. Seize ans plus tard, Ruby tient un drive-in et fait travailler tous les anciens membres du gang, dont Vince Kemper, qui s'occupe d'elle et de Leslie. Muette, la jeune fille a un comportement de plus en plus étrange, qui semble coïncider avec la mort curieuse de plusieurs membres du gang. Vince Kemper fait appel à un ami, le docteur Paul Keller, expert en para-psychologie. Celui-ci affirme qu'une force puissante émane des lieux. Ruby, quant à elle, ne cesse d'avoir des visions de son amoureux assassiné...
MON AVIS : Réalisateur assez méconnu, sauf d'une bonne poignée de cinéphiles curieux, Curtis Harrington possède une filmographie qu'il ne faut pas négliger car elle comporte des œuvres qui méritent d'être découvertes, à l'image de son premier film Night Tide, réalisé en 1961 et rebaptisée en France Marée Nocturne, avec Denis Hopper. Il enchaîne avec des films de science-fiction un peu moins bon, Voyage to the Prehistoric Planet en 1965 et Queen of Blood en 1966, avant de bifurquer vers le thriller avec trois titres hautement recommandables : Le Diable à Trois en 1967, Mais qui a tué tante Roo? et What's the Matter with Helen? en 1971. Grâce à l'éditeur Artus Films, nous avons pu découvrir le morbide The Killing Kind (1973) en DVD. Il tournera quelques téléfilms de genre avec The Cat Creature (1973), La révolte des abeilles (1974), The Dead Don't Die (1975) ou Les chiens de l'enfer (1978) avant de se consacrer à la réalisation d'épisodes de séries-télévisées. Il fera tout de même tourner la belle Sylvia Kristel dans Mata-Hari en 1985 pour le cinéma, film considéré comme très mauvais mais que je n'ai pas vu. C'est en 1977 qu'il réalise le film dont je vais vous parler, Ruby. Avec son affiche très curieuse, assez impressionnante avec ses deux énormes yeux en couleur qui dénote tout de même du visuel en noir et blanc, et sa tagline qui a le mérite d'être efficace (baptisée dans le sang, élevée dans le péché, elle vient d'avoir 16 ans), Ruby intrigue, c'est le moins que l'on puisse dire. La lecture du résumé nous aiguille un peu et on se doute qu'on va être en présence d'un film de possession ou d'un film de fantôme, celui du gangster assassiné revenu se venger de ses anciens compagnons d'arme. Ruby est en effet un peu des deux, les scénaristes George Edwards et Barry Schneider ne s’embarrassant guère de piocher de-ci de-là dans les quelques succès récents à l'image de L'Exorciste bien sûr. La présence de Piper Laurie, qui joue le personnage de Ruby, qui est donc la mère et non la fille de seize ans vantée sur l'affiche, a certainement contribué au succès du film à l'époque, puisque ce dernier a été le film indépendant le plus rentable avant d'être battue par Halloween la Nuit des Masques l'année suivante. Fraîchement échappée de Carrie au Bal du Diable, Piper Laurie joue une femme amoureuse qui ne s'est jamais véritablement remise du meurtre du père de sa fille. Même si elle a pardonné aux assassins en les engageant dans son drive-in, elle pense jour et nuit à son amoureux et c'est cet amour indéfectible qui va être la cause des curieux phénomènes qui vont avoir lieu dans le film. On pourra émettre quelques réserves sur le scénario lui-même car il faut bien admettre qu'il peine à tenir la route et qu'il est un peu tiré par les cheveux. Pourquoi l'esprit du défunt a attendu seize ans pour revenir se venger ? Pourquoi est-ce qu'il agit seul à certain moment pour commettre ses crimes et pourquoi a-t-il besoin de posséder sa fille à d'autres moments, sans que cela serve à grand chose en fait ? On le voit, l'histoire est un peu cousu de fil blanc et on sent l'envie des scénaristes d'utiliser les grosses ficelles de ce type d'intrigue et de mélanger le tout en espérant que le résultat soit à la hauteur. On assiste donc à des meurtres, très soft niveau violence, causées par une force surnaturelle invisible, puis à la possession de la jeune Leslie, très bien interprétée par Janit Baldwin, qu'on a vu dans le redneck movie Les Marais de la Haine en 1973. La jeune actrice, avec son regard imposant et son mutisme, se prend pour Linda Blair lorsqu'elle se met à parler avec la voix de son défunt papa ou qu'elle nous fait une position de "spider-walk" dans son lit, et ce, bien avant que William Friedkin ne réintègre cette fameuse séquence dans le montage de 2001 de L'Exorciste ! Outre l'efficacité de son interprétation, Janit Baldwin est un des éléments par lequel le fantastique s'exprime dans Ruby de manière convaincante. La présence du para-psychologue pouvait nous faire penser qu'on aurait droit à une scène d'exorcisme mais non. Pas besoin puisque l'esprit revanchard ne veut aucun mal à sa fille qui n'est pas, contrairement à ce que laisse penser la tagline, le personnage principal de l'histoire. Si le film s'appelle Ruby, ce n'est pas pour rien ! C'est bien Piper Laurie qui est au centre de toutes les attentions et la séquence finale viendra nous expliquer pourquoi, d'une manière poético-morbide. Plus que la tagline un peu mensongère, la phrase une histoire d'amour avec le surnaturel correspond bien mieux à l'esprit du film de Curtis Harrington. Un film dont la mise en scène assez classique et le rendu de la photographie m'a plus fait penser à un téléfilm d'ailleurs, ce qui n'est pas péjoratif. A noter que le producteur s'est autorisé à insérer de nouvelles scènes pour la diffusion télévisée justement, et ce, sans l'autorisation du réalisateur, qui ne veut pas entendre parler de ce montage TV de 96 minutes. Son nom n'apparaît d'ailleurs pas au générique du montage TV, remplacé par le pseudonyme Alan Smithee. Les séquences ajoutées semblent être uniquement des scènes de dialogues., rajoutées dans le seul but d'augmenter la durée du film diffusé au cinéma, qui, elle, est de 85 minutes. Sans avoir recours à des effets spéciaux chocs, Curtis Harrington a réalisé un film atmosphérique, parfois envoûtant, souvent intrigant, un peu biscornu la plupart du temps mais pas inintéressant en tout cas. Il y a de bonnes idées, même si ça reste assez anecdotique au final. Je n'ai toujours pas d'explication pour les deux gros yeux rajoutés sur les visuels français, que ce soit l'affiche cinéma ou la jaquette VHS, ces globes oculaires étant absent des affiches originales. Un vrai mystère qui donne envie de découvrir Ruby en tout cas. Ah oui, pour l'anecdote, le drive-in de Ruby Claire diffuse L'Attaque de la Femme de 50 Pieds de Nathan Juran. Un petit anachronisme puisque l'intrigue est censée avoir lieu en 1951 et que ce film ne sera réalisé qu'en 1958...
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